VII

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J-703...

Ma nouvelle vie commence véritablement aujourd'hui.
Assise sur une chaise de la cuisine, je souffle sur mon thé pour pouvoir le boire. J'ai tenté de le goûter quelques minutes plus tôt, et comme une idiote, je me suis brûlée la langue. Maintenant, celle-ci me lance dès que j'ose boire quelques gouttes de mon breuvage fumant. La journée ne s'annonçait déjà pas assez compliqué comme cela, voilà que je dois en plus être tête en l'air.

Aujourd'hui, je dois me rendre à Versailles. Je commence ma formation. Je dois y passer la journée car je dois suivre plusieurs cours. J'espère que je vais bien m'en sortir. Telle une collégienne la veille de la rentrée, je stresse. La boule au ventre que je me traîne depuis ce matin ne veut plus me quitter, comme une amie fidèle, elle reste attachée à moi. Mais moi, je ne veux pas d'elle.

Laisse moi en paix !

Je sais que même si je souhaite du plus profond de mon être ne pas paniquer et ne pas stresser, je ne peux rien y faire. L'enjeu est trop important. Certaines personnes sont de de nature plus anxieuse que d'autres et je crois bien que je fais partie de la première catégorie.

Je souffle.

- Tu es bien matinale ce matin !

Ma petite sur me surprend en rentrant dans la pièce. Elle a la tête de celle qui vient de se réveiller : les cheveux en pagaille, les petits yeux plissés agressés par la luminosité, la bave séchée au coin de la lèvre et pour clôturer ce flatteur portrait, la trace de l'oreiller sur sa joue droite. J'en souris, elle est si mignonne, elle ressemble à un enfant. Pour dire vrai, à mes yeux, s'en est encore une ; elle restera mon petit bébé, ma petite sur chérie à vie. Je la protégerais coûte que coûte jusqu'à ma mort parce que les liens du sang sont les plus forts de tous.

- Je te le retourne.

- Ne m'en parle pas... soupire-t-elle. J'ai cours beaucoup trop tôt pour un lundi matin, ce n'est pas humain.

Elle continue encore un peu à se plaindre et passée pour une malheureuse, tout en se préparant un chocolat chaud avec de la brioche tartinée de Nutella. Moi, je reste pensive.

Margarette n'est encore au courant de rien. Je n'ose rien lui dire, même si j'aimerai beaucoup me confier à elle. Il est encore trop tôt, ma petite sur a complètement était bouleversée par la mort de Colette - elle n'est pas la seule - elle reste encore fragile. Lui annoncer que nos parents et notre grande sur nous ont menti pendant des années la détruirait.

Je suis heureuse de la voir retrouver sa joie de vivre et je n'ai pas envie de la refaire tomber dans la noirceur à laquelle elle vient tout juste de sortir. Elle avance et, moi aussi, il faut que je le fasse. Je ne peux continuellement ressasser le passé et me morfondre. J'en veux encore à mes parents et je leur en voudrais sûrement toute ma vie, mais les choses sont faites et je suis une battante, je me donnerai à fond pour arriver jusqu'au bout.

- Si je sèche, tu me couvres ? Margarette me scrute attendant une réponse favorable.

- Maggie ! Je la réprime.

- Tu n'es pas drôle, boude-t-elle.

- Tu veux que je demande à maman si tu peux ne pas aller en cours peut-être ? Mamaaaaaaan !

Ma sur se lève dans un bon de sa chaise pour venir placer sa main sur ma bouche afin de me faire taire.

- Tu veux me faire tuer ou quoi ? S'écrie-t-elle.

Elle finit par me lâcher, libérant mon fou rire.

- C'est bien ce que je disais, tu n'es pas drôle, maronne-t-elle en reprenant sa place.

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