IV

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J-717...

Tout droit, à droite, à droite, à gauche, tout droit, non à droite... Je me faufile dans les allées tentant de me souvenir de l'emplacement exacte, mais, ma mémoire me fait défaut. J'ai l'impression de tourner en rond, comme un chien qui joue avec sa queue. Je suis complément perdue dans ce labyrinthe de marbre.

De plus, j'ai froid. Le ciel est gris maussade, tout comme mon humeur. Je suis de mauvaise humeur depuis plusieurs jours, depuis que mes parents m'ont balancé en pleine face la vérité. Une bonne gifle dans ma face qui m'a bien remise les idées en place. Et voilà que mon humeur en pâtit, sans doute accentué par le fait que j'ai les règles. Les joies d'être une femme.

Je marmonne seule lorsqu'une fine pluie se met à tomber m'obligeant à ouvrir mon parapluie. Par chance, j'ai anticipé que ce temps capricieux allait encore nous révéler des surprises, je me doutais bien qu'il n'avait pas fini de m'embêter et qu'il était fort probable qu'il pleuve.

- Bonjour, je la salue bêtement. Je viens enfin te voir, oui, j'ai mis du temps. Sans doute le temps nécessaire pour avoir le courage de me tenir devant toi. Je dois t'avouer que je n'en avais pas envie, et même en cet instant, l'envie n'est toujours pas présente.

Je resserre le col de mon manteau autour de mon cou, voulant me protéger du vent frais qui tente de pénétrer par tous les orifices possibles, dans le but de me frigorifier.

- L'ambiance est trop morbide ici, je lui chuchote comme une confidence, ne voulant pas que l'on me surprenne.

Je relève la tête. Mon regard scrute les alentours : des tombes, des tombes et encore des tombes.

- Colette, ma sur, je suis perdue. Je suis venue ici parce que j'ai besoin de conseils, j'ai besoin de toi.

Sa photo me regarde, j'ai l'impression que le sourire que j'y vois est moqueur comme si ma sur était en train de rire de moi. Colette - si elle était encore là - ne se priverait pas de me taquiner, moi, la pauvre idiote qui vient parler à un mort, à une tombe pour lui faire part de mes états d'âme.

- Papa et maman m'ont tout dit. Rah Colette, pourquoi ne m'as-tu rien dit ? Tu t'es bien foutu de moi ! Je m'emporte, mon ego encore blessé par cette récente nouvelle.

Je m'accroupis pour être encore plus près d'elle, et pour - je l'espère - que mes propos lui arrivent plus facilement jusqu'à ses oreilles.

- Je t'ai tout de suite raconté pour Matías et moi. Et toi de ton côté, non non madame garde un truc aussi énorme pour elle ! Ce n'est pas juste un petit truc de rien du tout, c'est un mariage, c'est Louis, c'est des années de mensonge. Tu me saoules !

Dans un geste brusque de la main, je fais chavirer un pot de fleurs. Fleurs qui commencent à faire la tête. Le pot en plastique est couché sur le côté, de la terre éparpillée tout autour.

- Et merde !

Je le remets en place. De ma main, je balaye la terre présente sur la tombe la faisant tomber à même le sol. Mais, avec l'humidité du temps pluvieux, une trace brunâtre persiste.

- Regarde, tu me fais faire des conneries ! Je m'exclame. Et non, je n'ai pas fait exprès de profaner ta tombe, je te vois venir. De toute façon, les fleurs sont à moitié fanées, ne commence pas à râler, je t'en rapporterai des nouvelles.

- Bonjour.

Je me relève d'un coup, presque dans un bon, prise sur le fait. Je ne bouge plus, droite comme un piquet tenant fermement mon parapluie dans ma main gauche. Je ne fais plus un geste, n'osant même pas respirer.

Royal WeddingWhere stories live. Discover now