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Deux ans plutôt ...

La clé dans la serrure, je ferme mon petit appartement. Je remet la lanière de mon sac qui a glissé le long de mon épaule et me dirige, d'un pas décidé, quelques rues plus loin. Ce soir, je sors retrouver deux de mes amis ainsi que mon petit copain Matías. Je m'arrête un instant lorsque je croise une amie de la fac. Quelques paroles échangées, quelques rires échappés et je la salue déjà, pressée de retrouver mes proches.

Trois ans que je vis en Argentine, et pourtant, je ne m'en lasse pas. J'ai tout plaqué en France pour venir ici. Bien évidement, mes parents étaient contre cette idée, mais, mon désir d'indépendance et de liberté était plus fort que tout comme un besoin vital. Je pense que ce choix a été l'une des meilleures décisions de toute ma vie. Je suis épanouie, heureuse et amoureuse. Je ne me suis jamais sentie autant moi même que dans ce pays, dans cette ville.

L'enseigne du bar dans lequel je suis censée être depuis vingt minutes clignote devant moi. Je passe la porte, m'engouffre dans la chaleur étouffante et me faufile à travers le monde déjà présent pour retrouver Javier, Penelope et Matías au fond du bar. Je m'assoie au côté de Matías qui m'a gardé une place sur la banquette, pendant que Penelope ne cesse de me répéter que je ne sais jamais être à l'heure. Elle n'a pas vraiment tort, je ne sais pas vraiment gérer mon temps. J'ai commencé une nouvelle série en fin d'après-midi, et je n'ai pas vu le temps passé.

Javier nous commande à boire. Boissons alcoolisées qui me permettent de me mettre dans l'ambiance. Les rires vont et viennent entre nous. Matías ne peut s'empêcher de me faire des rafales de bisous dans le cou. Je lui demande d'arrêter un grand sourire niais scotché sur mon visage. Mon téléphone me tire vers la réalité, et, je sors de cette petite bulle enchantée en réalisant qu'il ne cesse de vibrer dans la poche avant de mon pantalon. Je l'extirpe rapidement et reste bouche bée en voyant le nom qui s'affiche sur l'écran. Je me lève précipitamment et cours presque pour sortir du bar. À peine ai-je mis un pied dehors que je m'empresse de décrocher.

- Maman ?

- Hari, chérie, il faut que tu rentres en France, m'annonce-t-elle sans plus de circonstance.

J'éloigne mon téléphone de mon oreille pour être bien sûr que je ne rêve pas. Non, non, l'heure qu'il affiche est bel et bien réel.

- Maman tu m'appelles à cette heure là pour me dire ça, je souffle, dépitée de la situation. Nous en avons déjà mûrement parler, je ne changerais pas d'avis, je-

- Hariette, c'est ta sœur, me coupe-t-elle.

- Qu'est-ce qu'elle a ma sœur ?

Le ton hausse sans que je ne le veuille vraiment, conséquence de mon impatience grandissante.

- Colette a... ma mère marque un temps de pause inquiétant, elle a eu un accident, s'il te plaît rentre au plus vite, finit-elle par me supplier.

Je balbutie un petit oui pas très audible et raccroche. Ma mère vient de lâcher une bombe sur ma petite existence.

Je n'en reviens pas...

Ma grande sœur, mon modèle avoir un accident, c'est juste inconcevable. Savoir qu'il lui est arrivé quelque chose de grave me tord l'estomac, car oui, j'en suis certaine, il s'est passé quelque chose de grave, ma mère ne me demanderait pas d'être à ses côtés si c'était un simple bras cassé. Et je pense à ma petite sœur, je suis sûr qu'elle est en pleure. Nous trois, nous sommes très proches, plus que des sœurs, des confidentes. Nos âges approchés et le fait que nous soyons trois filles ont été des facteurs importants dans la création de notre lien puissant et ce malgré nos différences.

Royal WeddingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant