Chapitre 8 - Si près du but

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Dans les jours qui suivirent, Duncan ne vit pratiquement pas la lumière de la lune. Chaque nuit, Viktor l'obligeait à combattre dans les sombres clubs de combats, certain que ce n'était que par ce moyen que le nouveau vampire réussirait à s'adapter à sa nouvelle condition.

Et même si cette méthode était des plus éprouvantes, l'ancien loup ne pouvait que difficilement le contredire.

Viktor ne l'autorisait à se nourrir qu'au terme d'un combat, ce qui encourageait le voleur à frapper sur ses adversaires avec une hargne qu'il ne se connaissait pas. C'est normal, puisque ce n'est pas vraiment toi, se répétait-il dans de rares moments de lucidité, pendant lesquels ses pensées n'étaient pas uniquement focalisées sur l'hémoglobine qu'il désirait. En effet, dès qu'il entrevoyait une fiole remplie du plus alléchant des liquides rouges, la bête sauvage en lui le possédait et lui faisait perdre toute raison.

Il ne réussissait à dompter ce dangereux animal que lorsque celui-ci avait étanché sa soif de sang, ce qui n'arrivait qu'au bout d'un très, très grand nombre de combats remportés.

Duncan se demandait parfois par quel miracle son crâne ne se fendait pas, tant ses opposants lui envoyaient des coups violents. Les affronts à mains nues n'étaient cependant pas les plus terribles, puisque ce sombre titre revenait sans doute à ceux qui se déroulaient au poignard ou à l'épée. Savoir utiliser ces armes était apparemment indispensable afin d'être admis au sein de la garde royale, alors il redoublait d'efforts pour y exceller. N'ayant toutefois jamais manipulé autre chose qu'un couteau mal aiguisé, il se prenait souvent de cruelles et violentes corrections de la part de ses adversaires, qui ne lui faisaient aucun cadeau.

Nul doute que s'il n'était pas un vampire, il serait mort dès sa première nuit passée dans l'un de ces horribles clubs. Il ne comprenait d'ailleurs pas comment des abrutis pouvaient prendre plaisir à parier sur sa victoire ou sa défaite, et à lui vociférer d'insupportables insultes et encouragements lorsqu'il flanchait. Malgré les jours qui s'écoulaient, il peinait à se faire à son audition surnaturelle, qui couplée à ses nombreux impacts à la tête, lui donnait d'atroces migraines.

La seule chose qui l'aidait à endurer ces tourments et ces nuits rythmées par le sang et la violence, c'était la raison pour laquelle il faisait tout cela.

Isabella.

Plus vite il apprendrait à devenir un parfait vampire, plus vite il la retrouverait. Il se répétait cela chaque fois qu'il descendait dans l'enfer des clubs, et Viktor ne manquait pas de le lui rappeler dès qu'il témoignait de signes de faiblesse.

— Sa Majesté ne tolère pas de lâches parmi ses soldats, affirmait-il quand en dépit de son désir de sang, Duncan n'arrivait pas à se remettre d'un coup l'ayant assommé. Tu ne pourras jamais faire partie de la garde du palais s'il voit que tu es aussi fragile qu'un louveteau. Qu'en penserait ta chère princesse, du reste ?

L'ancien loup n'était pas assez fou pour ignorer que Viktor n'en avait rien à faire de son sort et de celui d'Isabella. S'il le poussait dans ses retranchements et faisait tout et n'importe quoi pour qu'il maîtrise l'usage de ses capacités surnaturelles, c'était uniquement afin d'atteindre son propre objectif.

Même s'il ne connaissait rien à l'apprentissage subi par les espions et les illustres Chasseurs de vampires au service de la Grande Alpha, il était certain qu'ils ne subissaient pas un bourrage de crâne semblable au sien. Effectivement, dès que l'immortel et lui rentraient à leur misérable hôtel, Viktor ne ratait pas une occasion pour lui fournir mille et une informations au sujet du palais et de sa Cour.

— Une fois que tu seras admis comme garde royal, il est impératif que tu ne te laisses pas embobiner par les combines des courtisans, avançait-il lorsque le pauvre voleur réclamait un peu de repos. Tu dois tout savoir sur eux, de manière à ne t'attirer aucun problème. Comme ça, tu pourras tranquillement te lancer dans les recherches de la théière, sans que quiconque ne te suspecte.

Histoires de l'OmbreWhere stories live. Discover now