Chapitre 26 - Piégé

434 98 394
                                    

Duncan guetta les bruits en provenance de la salle de bains. Une fois à peu près certain qu'Isabella était dans la baignoire, il sortit du lit et se dirigea vers la coiffeuse de la princesse. Il fouilla dans les tiroirs, à la recherche d'une bague. Les affaires de Son Altesse ne recelaient pas de mille bijoux, celle-ci n'en portant que rarement. Il réussit malgré tout à dénicher un anneau constellé de petits diamants, qu'il lui avait vu porter quelques jours plus tôt.

Il le rangea dans la poche de son pantalon, sous le regard inquisiteur de Jarah. C'est pour faire un cadeau à ta maîtresse, tenta-t-il de lui transmettre par télépathie. L'animal se contenta de se rouler en boule dans son panier.

Une envie était récemment née dans le coeur de l'ancien loup : celle d'offrir quelque chose à Isabella. Une bague n'était pas une offrande des plus originales, mais son idée l'était davantage. Il comptait demander à un bijoutier de fondre la broche qu'elle lui avait offerte, afin de récupérer la turquoise qui l'ornait et la monter sur un anneau. Certes, la princesse lui avait donné ce bijou, or il espérait que la symbolique la toucherait.

Grâce au salaire qu'il avait reçu et à l'or qu'il lui restait, il pourrait payer le joailler. Il faudrait juste qu'il trouve un prétexte pour se rendre discrètement à la capitale...

Il enfila sa chemise qui traînait au bout du lit, ainsi que sa veste noire. Il mit ses chaussures, puis alla frapper à la porte de la salle de bains.

— Je pars me préparer pour tout à l'heure, lança-t-il sans ouvrir le battant.

Les Dorémi Horizons devaient donner leur premier spectacle dans la salle d'opéra et toute la Cour était invitée.

— Sans me dire bonsoir ? s'offusqua-t-elle.

— Tu sais très bien ce qui va se passer si je rentre...

— C'est exactement pour ça que je veux que tu le fasses.

Il sourit comme un idiot, mais résista à la tentation de tourner la poignée.

— Tu vas finir par te lasser de moi si je t'accorde tout le temps ce que tu veux, la taquina-t-il.

La malice de Son Altesse commençait à déteindre sur lui...

— Oh ! C'est que monsieur a de la repartie !

Le sourire du jeune vampire s'agrandit un peu plus, puis il trouva le courage de s'en aller. Isabella s'était arrangée pour que plus aucun garde ne surveille sa porte pendant qu'elle dormait. Toutefois, un ou deux soldats prenaient toujours leur poste en début de soirée, ce qui obligeait souvent Duncan à emprunter la sortie secrète. Il ne pouvait passer la nuit avec la princesse que quand il était de service. Daniel n'avait pas encore été mis au courant de leur relation, mais il devait certainement se douter de quelque chose.

Lorsque l'ancien loup arriva aux abords de sa chambre, il espéra ne croiser aucun autre garde. Hélas, ses prières ne furent pas entendues, puisque Millie apparut dans les escaliers.

— Tu n'as toujours pas changé d'avis ? lui demanda-t-elle, sans préambule.

La réponse de Duncan fut tout aussi directe :

— Non. Je suis désolé pour Viktor, mais je ne volerai pas cette théière.

Une nuit plus tôt, il avait déjà croisé la soldate et lui avait fait part de sa décision. Pendant quasiment trois semaines, il n'avait cessé de peser le pour et le contre : donner la théière à celui qui l'avait aidé, ou accepter le risque que Millie révèle tout à Isabella ? Au final, il avait compris qu'il ne pouvait pas trahir la princesse. En lui volant cet objet, il ruinerait tout ce qu'ils avaient vécu et vivaient ensemble. Il refusait d'agir dans son dos, quitte à ce qu'elle apprenne la vérité.

Histoires de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant