Chapitre 1

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12 Novembre 2021, 18h - Ambre

- AMBRE !! Bouges-toi un peu on va être en retard !

Je grogne à l'entente de mon prénom et j'enfonce ma tête dans mon oreiller. Je n'ai pas envie de sortir et elle le sait. Je préfère rester seule dans ma chambre. Enfin dans sa chambre en l'occurrence puisque je squatte chez Romane depuis plusieurs jours maintenant.

- AMBRE DUBARRY !

- Quoi ?

Elle débarque dans ma chambre en ouvrant brusquement la porte, ce qui me fait sursauter. J'opte pour la technique qui consiste à ne plus bouger et ne surtout pas la regarder, qui sait, peut être qu'elle ne verra pas le corps étalé sur le lit ?

- Putain mais Ambre, t'es pas prête ?? Et ça fait combien de temps que t'as pas aéré cette chambre ?

Elle s'empresse d'aller ouvrir la fenêtre, ok ça fait un moment que de l'air frais n'est pas entré dans cette pièce mais bon sang, il est 20h, on est en plein mois de novembre c'est vraiment pas sympa. Je vais lui faire savoir que je n'apprécie pas cette initiative, je marmonne de manière peu audible :

- Il fait froid ferme cette fenêtre.

- C'est bon tu as gagné !

Je l'entend claquer la fenêtre après avoir lâché un soupir à en éteindre un incendie. Je souris contre l'oreiller, satisfaite d'avoir remporté cette petite bataille. C'était d'ailleurs, pour une fois, étonnamment facile ? En temps normal, elle n'aurait pas lâché l'affaire aussi facilement. C'est alors que je sens un liquide froid couler sur ma nuque et...

- PUTAIN ROMANE, JE TE DÉTESTE!

Je me lève en vitesse pour esquiver la fin du verre d'eau que Romane était en train de déverser sur ma tête.

- Ah bah, enfin debout la grosse.

Nous nous regardons, elle son verre à la main et moi trempée. Elle me lâche un petit sourire et nous éclatons de rire.

- Va t'habiller, on va rejoindre les parents dans 30 minutes. Et bon Dieu, prends une douche !

Je lui jette mon oreiller encore largement humide au visage et je m'exécute. Une bonne douche me fera du bien. Je ne suis pas au top de ma forme en ce moment. Je vivais en collocation avec ma meilleure amie mais c'était sans compter sur sa terrible gentillesse de m'avoir mise à la porte sans préavis pour que sa nouvelle super amie prenne ma place... Me voilà donc à squatter chez ma grande sœur. J'ai de la chance, on s'entend plutôt bien, malgré que nous soyons diamétralement opposées. Elle est très fêtarde, elle profite de la vie à fond mais elle est aussi très investie dans ses études. Elle fait un master en droit. Je ne saurai pas en dire plus, je n'ai pas tout compris à ce qu'elle m'a raconté ! Elle a un grand avenir dans ce domaine, c'est tout ce que je sais ! Quand à moi, j'ai arrêté mes études depuis 1 mois. Je ne sais pas quoi faire de ma vie, je suis complètement perdue. Je n'ai personne a qui en parler puisque je n'avais que ma meilleure amie, si on peut appeler ça comme ça, et je ne veux pas mêler ma famille avec mes problèmes. Je suis déjà un peu le fardeau de cette famille, il s'agirait de ne pas empirer les choses ! Romane m'a prise sous son aile, elle prend son rôle de grande sœur très au sérieux, dès que je lui ai dis que j'étais à la rue, elle n'a pas hésité une seconde pour me faire de la place dans son appartement. Pourtant, nous ne discutions que rarement quand nous étions petites. Elle était très indépendante et rapidement. Elle a quitté la maison très tôt même si finalement, elle n'habitait que deux rues plus loin.

Je souris en repensant à nos souvenirs d'enfance tandis que l'eau chaude coule le long de mes épaules. En effet, cette douche était plus que nécessaire. Elle fait autant de bien à ma peau meurtrie qu'à mon moral.
J'attrape la serviette que j'avais préalablement posée sur la vasque et je m'enroule dedans. Je prends une minute pour m'observer dans le miroir. On dirait réellement une reprise de justice, je me suis délaissée ces derniers jours, je ne ressemble à rien et j'ai simplement envie de pleurer en me voyant dans ce miroir. Ça me fait mal de me dégoûter à ce point rien qu'en me regardant. Le frappement à la porte de la salle de bain me sort de mes pensées.

À deux pas - Ben ChilwellWhere stories live. Discover now