La vendeuse Hard Discount

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Dois-je l'inviter à entrer? Ou juste le remercier et lui souhaiter bon retour? Il a quand même roulé plusieurs heures rien que pour moi.

Une vision d'Emilio chez moi, dans mon salon entouré d'Enzo me fait frissonner. Très mauvaise idée.

Tant pis, je serai impolie .

Je sors du véhicule et je me penche pour apercevoir Emilio toujours au volant.

— Je te remercie.

— C'est la moindre des choses. Tu m'as aidé toi aussi hier soir.

Je rougis. Attendez! Je rougis pour ça? Je suis vraiment trop fragile. Un rien me met mal à l'aise.

Alors que je m'apprête à refermer la portière pour lui dire adieu. J'entend du bruit derrière moi.

Malheur ! Mes parents !

— Tu es là ma chérie?! Annonce Maman en se dirigeant vers moi.

Elle a un grand sourire et m'ouvre les bras pour me saluer. Papa est juste derrière elle.

— Qui est cet homme qui t'accompagne? Demande ma mère avec un grand sourire.

Emilio est sorti de la voiture et se dirige avec classe vers mes parents.

— C'est Emilio ...

Je n'ai pas le temps de terminer qu'Emilio prend la parole.

— Je me présente Emilio Rossi. Je suis le grand frère de Clara. Annonce t-il en italien tout en serrant la main de ma mère puis de mon père.

— Formidable ! Lache mon père en l'entendant parlé italien. Quel gentillesse d'avoir accompagné notre Emma jusqu'ici.

— C'est normal. N'importe qui aurai agis de cette façon.

— Vous devez avoir faim, ma femme va vous préparer quelque chose à manger. Entrez donc ! Je vais m'occuper du dépanneur. L'invite mon père avant de s'éloigner vers le camion .

Ma mère prend le relai.

— Suivez moi Emilio. Je cuisinais justement des Arancino. L'invite Maman.

Et je le vois se diriger vers la porte de mon foyer . J'écarquille les yeux. Celui là ne se fait pas prier. Je le croyais un homme très occupé. N'a t-il pas un jet privé qui l'attend quelque part?

Je reste quelques instants devant la porte avant de les suivre.
A l'intérieur, Emilio est assis sur notre canapé familiale, un verre de citronnade dans la main. Maman fait des va et viens à la cuisine pour lui servir tout ce qu'elle peut. Elle adore ça: recevoir ma mère. Le coeur sur la main.

Je reste dans l'encadrement de la porte du salon et j'observe discrètement. Emilio croque dans un Arancino. Il me fait rire. Il en fait un peu tomber sur son pantalon hors de prix. Je ris discrètement.
Jusqu'à ce que son regard se plonge dans le mien. Je me sens chipée comme attrapée au vol. Mon sourire se fige. Le temps se suspend un instant, peut être une fraction de seconde.

— Ne reste pas planter la Emmy ! J'aimerai que tu prépares le café. Me surprend ma mère.

Je m'exécute et fonce tout droit dans la cuisine pour boire un grand verre d'eau froide. Mais qu'est ce qu'il m'arrive? Dès que ce bel homme pose les yeux sur moi, je sens une fièvre m'emporter. Ce n'est pas bon tout ça. Il faut qu'il s'en aille au plus vite... Du genre : Maintenant.

Une heure plus tard, Emilio est toujours là. Il discute avec mes parents. Ils parlent de l'Italie. Le sujet favoris chez nous. Maman semble impressionnée et l'aura d'Emilio a un effet incontestable sur elle.

— Ca me rappelle que mon amie de Sicile arrive demain. Dit Maman en s'adressant à moi.

— Ah déja?! Je ne pensais pas que Tata Adri viendrait nous voir si vite. Je répond étonnée.

— Oui mais il me semble que son fils ainé, Luca avait quelque chose à régler ici. Alors elle en profite pour venir avec lui.

— Luca? Celui qui s'amusait à mettre des escargots dans ma penderie? Je lache spontanément.

Ma mère rit en acquiesçant de la tête.
Je tourne la tête vers Emilio, il me fixe toujours avec insistance mais je lis cette fois, une once d'agacement. Cet homme semble ne pas apprécier qu'on cesse de parler de lui.

— Je les ai invité à passer quelques jours à la maison. Tu partageras ta chambre avec Rosa. Établie Maman sans demander mon avis.

Je souffle discrètement. Rosa va me rendre dingue.

Puis Emilio se lève d'un geste brusque.

— Il est temps pour moi d'y aller. Je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité.

— Il n'en est rien. Le rassure mon père. Vous avez une longue route à faire je suppose.

— A vrai dire, je possède une résidence pas très loin d'ici. Je vais en profiter pour régler quelques dossiers tout en restant au calme.

Ah oui! Le château ! Il possède une sacrée baraque. J'ai eu la chance de voir l'extérieur et c'était quelque chose.

— Etes vous disponible demain soir ? Demande ma mère. Pourquoi ne vous joindriez vous pas à nous pour diner ? Je vais faire mes spécialités. Il y aura mon ami de Sicile et nous. Un petit comité. Ajoute t-elle avec un visage souriant.

Il va refuser et c'est tant mieux.

— Avec plaisir. Dit il tout calmement.

— QUOI?! Je m'exclame.

Mes parents et Emilio me fixent interloqués par ma réaction.

— Je voulais dire « Quoi... de mieux qu'un bon diner entre italiens »...

Foutaise. Emilio ne doit pas venir. Il doit quitter ma maison, et ma vie au plus vite. Je veux pouvoir contrôler mes réactions et mes ressentis. Et quand il est là, je n'y arrive plus. Je ne sais plus réfléchir. Je suis vulnérable.

Je raccompagne Emilio jusqu'à sa voiture.

— Tu vas vraiment venir?!

— Et pourquoi pas? J'apprecie beaucoup la compagnie de tes parents. Et j'aimerai mettre un visage sur ton frère Enzo. Notre échange téléphonique n'était pas des plus cordial hier.

Ah oui c'est vrai. Enzo et lui se sont parlés au téléphone hier.
Comment est ce possible qu'Emilio connaisse presque toute ma famille en seulement deux jours?

Emilio me sourit alors que j'ai la tête dans mes pensées. J'ai sans doute les sourcils froncés c'est ce qu'il m'arrive quand je suis contrariée . La distance qui nous sépare n'est pas bien grande . Un petit mètre peut être.

Ses yeux noisettes posés sur moi ont l'effet d'une braise. Puis son regard s'arrête sur mes lèvres. Je pose machinalement la main sur ma bouche quand j'ai l'impression qu'il réduit la distance qu'il nous sépare.

— Je dois y aller. Arrivederci !

Puis en une fraction de seconde. Emilio était remonté dans sa voiture pour disparaitre la seconde qui suivait.