La vendeuse Hard Discount

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Me voilà, devant le magasin au coté de cet homme dont je ne connais rien à part le nom. Bon, il ne me faut pas plus longtemps pour comprendre qu'il est de la famille de Clara. Ils ont le même nom et leur trait son similaire. Serait-ce son grand frère? Celui qui fêtait ses 28 ans ce fameux soir?

Une seconde.
Pourquoi parle t-il un français irréprochable quand sa petite soeur n'en parle aucun mot?
Ah oui, surtout, si la supposition qu'il soit son grand frère s'avère vraie, alors que fait-il là?
Il m'a pas l'air d'être perdue celui là, ni d'avoir l'ambition d'acheter des yaourts.

Les yaourts ! Peut être qu'il est ici pour récupérer la marchandise...

Emilio s'arrête près du préau abritant les chariots, je marche à deux pas derrière lui, trainant des pieds, volontairement. Il jette un oeil sur la devanture du Discount Market avec un air mêlant fascination et indifférence.  Ce n'est certainement pas ce genre de supermarché qu'il fréquente. Ici on est plutôt sur une moyenne de 2 euros par article.
Et vu l'allure de cet homme, j'ai du mal à croire qu'il fasse lui même ses courses. Quelqu'un doit s'en charger pour lui. C'est certain.

Il se retourne et me fixe avec sérieux. Je détourne le regard ne voulant pas me plonger dans ses yeux cendrés.

Des yeux incroyables.

— Je viens de la part de ma soeur Clara, lache t-il simplement.

Je ne réponds rien, j'ai la confirmation qu'il est bien le grand frère de Clara. Ma supposition était bonne. Je m'auto-check à l'intérieur, comme si j'avais résolu l'enquête du siècle.

—  Ma soeur s'en veut terriblement pour la dernière fois.

Je le laisse poursuivre en fixant mes chaussures.

— Clara avait demandé à mon chauffeur de vous conduire mais ce dernier a, semble t-il, du mal à comprendre l'italien... Et c'est tard dans la soirée que ma soeur a compris que personne ne vous avez raccompagné. Clara est profondément désolée et elle vous transmet ses excuses.

— Ne vous embêtez pas. Ça n'a aucune importance... Ça ne fait rien, rétorqué-je en souriant timidement.

— C'est bien ce que je pensais. Comme je l'expliquais à Clara, vous êtes certainement rentré en Taxi, ajoute t-il avec un air peu concerné.

Je reste muette, j'ai beaucoup trop honte de lui dire que je suis rentrée à pied. Enfin du moins jusqu'à ce que Gaetan me récupère. Et puis je sens son regard pesant sur moi, alors je hoche la tête pour confirmer ce mensonge ridicule.

— Laissez moi vous rembourser pour la course en Taxi, dit-il en sortant son portefeuille.

— Oh non non ! Ça ira. Je n'ai besoin d'aucun dédommagement, déclaré-je en reculant de deux pas pour conclure cet échange improbable.

M. Rossi m'observe avec étonnement. Cela dure une une poignet de secondes, même si j'ai cette impression d'éternité. L'intensité dans ses yeux me fait, définitivement perdre tout mes moyens. Une décharge spectaculaire transperce ma poitrine. Je reste pétrifiée. Littéralement.

Il est surpris de me voir refuser son argent avec aplomb. Même si j'avais du prendre un taxi, je n'aurai pas accepté qu'il me rembourse.

Sans me quitter des yeux, Emilio porte sa main vers la poche intérieure de sa veste de costume. Un costume impeccable et au tissus, manifestement de haute couture.
Alors que je l'inspecte, j'émets, pendant une fraction de seconde, l'hypothèse qu'il pourrait sortir un flingue. Et me tirer dessus ici, sur le parking du Discount Market.

Je suis complètement à l'ouest. Je regarde beaucoup trop de séries. J'ai un double abonnement « Netflix », « Prime Video » alors je me fais plaisir.