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Luca et Tante Adrianna sont partis. Rosa va retourner dans sa chambre, enfin.

Et surtout je ne serai plus mal à l'aise de tomber sur Luca maintenant qu'il n'est plus là.

Le soucis c'est que depuis leur départ maman ne cesse de parler d'eux. Et surtout de lui. Elle veut savoir comment je le trouve... et vante ses qualités à tout bout de champs.
Encore un peu et je la soupçonne de quelque chose.

Aujourd'hui j'ai une journée off. Alors je me rend chez Gaetan et Jeanne. Je n'ai pas envi de rester dans la même maison de ma mère.

Je sonne chez mon meilleur ami, et ce dernier me dit de monter. Jeanne est déjà au boulot.
Dommage ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu.

Je profite que l'on soit seul pour tout lui raconter. Pour Luca, pour Emilio. Je lui dis tout.

Gaetan est sous le choc. Il se gratte la tête. Puis se met à souffler très fort. Je sens qu'il n'a pas de mots tellement il est surpris.

— Tu vas faire quoi?!

— Rien. Je lache avec simplicité. Je vais reprendre ma vie là ou je l'ai laissé.

Gaetan se lève et se dirige sur le balcon. Je le suis. Il allume une cigarette. Je la retire directement de sa bouche.

— Tu avais arrêté Gaetan. Je le sermonne en éloignant ce poison  de son visage.

Mon ami me regarde sans sourciller . Il attrape une seconde cigarette l'allume puis la replace sur ses lèvres.

— J'en ai besoin. Souffle t-il.

— Ne te fais pas de soucis pour moi.

— Ce n'est pas ce qui me contrarie Emmy.

— Alors éteins moi cette clope.

— J'envie ta liberté Emma.

— Hein? De quel liberté tu parles?

Gaetan se gratte le front tout en tenant fermement sa cigarette entre son index et son majeur.

— Jeanne est enceinte.

— C'est pas vrai?! Je m'exclame surprise.

Mon ami reste immobile, le regard vide.

— Gaetan ! Mais c'est génial. Quelle belle nouvelle ! Je me réjouis.

— Je ne veux pas de cet enfant. Avoue froidement Gaétan.

— Qu'est ce que tu raconte? C'est merveilleux.

— Je n'ai que 25 ans. Je ne veux pas d'un enfant sur les bras.

— Arrête de parler comme ça Gaétan. C'est une belle chose. Avoir un enfant est une bénédiction.

— Je n'envisageais pas d'en avoir. Enfin pas pour le moment.

— Et Jeanne?

— Au début, elle se réjouissait. Puis... on s'est disputé tellement de fois... que maintenant elle n'en parle plus.

— La pauvre... Gaétan, tu dois la soutenir.

— J'y arrive pas. Parfois je pense à fuir...

Je ne reconnais pas mon ami. Il est fou amoureux de Jeanne.

— Gaétan... Je.. Tu es mon meilleur ami. Je suis très souvent d'accord avec toi. Mais là je
ne te suis pas. Ce bébé surprise, il est là maintenant. Et qu'il soit désiré ou non, tu te dois d'en prendre soin. Il a besoin de toi. Jeanne a besoin de toi.

Gaétan m'inspecte avec attention. Il ne dit pas un mot.

— Bien sur que ta vie va changer. Un enfant c'est un bouleversement. Mais imagine, une seconde ta vie sans Jeanne. Imagine, cet enfant grandir sans toi. Les regrets te boufferont. Il n'y a aucun doute.

Je fais une pause. Je veux choisir les mots justes.

— Mets toi à la place de Jeanne. Elle a ce petit être à l'intérieur de son ventre. Certainement qu'elle a des craintes et des doutes, elle avance sans ton soutien. Et si c'était elle qui partait Gaetan. Et si elle claquait la porte pour toujours? Comment le prendrais tu?

— Je serai anéanti.

Gaetan répond spontanément.

— Mais tu me vois Papa ? Est-ce que j'ai les épaules assez solides? J'avais tellement de projet pour Jeanne et moi...

— Les projets vous les ferez à trois. Tellement de couples surmontent ce genre de situation. Je t'en supplie Gaetan ne soit pas lâche.

Gaétan reste silencieux, il place la cigarette sur ces lèvres puis aspire très fortement. Puis je le vois écraser sa cigarette dans un cendrier proche de nous. Il souffle la fumée toujours pensif.

— Je ne serai pas un lache.

Je souris immédiatement en serrant mon ami dans mes bras.

— Et cette clope c'était la dernière.

— Je t'adore Gaetan. Maintenant va acheter des roses et dépose les au travail de Jeanne.

— Je vais y aller molo. Laisse moi déjà le temps de digérer tout ça.

***

Jeanne commence a avoir un jolie petit bidon. Elle est dans son cinquième mois.

Voila deux mois que je suis au courant, et je n'ai pas arrêter de rassurer Gaetan. Il y a des hauts, et des bas. Mais il va y arriver. Il sera définitivement un bon père.

Je suis heureuse de voir mon ami fonder sa famille. J'espère qu'un jour je l'aurai aussi ma petite famille.

Depuis le départ de Luca, il n'a pas cessé de m'envoyer des messages. Il ne veut toujours pas me dire comment il a eu mon numéro.
Mais j'ai ma petite idée. Au début j'évitais de lui répondre puis au fil du temps, j'ai revu en lui un ami d'enfance.

Luca ne fait plus allusion à sa confession d'il y a quelques semaines et tant mieux. Je serai incapable de lui donner une réponse.
Mais en même temps, je dois reconnaitre que nos discussions m'apportent beaucoup de réconfort.

Ce soir d'ailleurs, il m'envoie son habituel message de la soirée. « Le travail s'est bien passé? ». J'aime voir son nom s'affichait sur mon téléphone.

Pendant un instant je m'imagine recevoir le même genre de message de la part d'Emilio. Et là mon rythme cardiaque se met à accélérer et mes joues s'empourprent.

J'ai beau ne plus parler de lui à qui que se soit et a feindre que son passage dans ma vie ne m'a rien fais. Je sais que l'impact qu'il a eu sur moi à quelques choses d'irrémédiables. Il n'y a pas un jour ou mes pensées ne sont pas portées sur lui, pas une heure ou je ne me remémore nos baisés, pas une seconde ou je me rappelle son parfum enivrant.

Et lui? Pense t-il à moi? Je ne pense pas. Impossible. Je le revois sortir de ma voiture. Milles fois je me suis dis «  et si il avait fait demi tour? » « et si il m'avait proposé plus? »...

Il n'en ai rien. Emilio fut une belle et courte parenthèse dans ma vie minable et vide.

Souvent je ressors cette petite carte qu'il m'a donné. Je la lis et relis encore. Il y a son numéro, son email... Je mentirai si je disais que l'idée de le contacter ne m'a jamais traversé l'esprit.

Puis il y a ce soir, ou sans vraiment savoir pourquoi je me rend au château Faubourg. Sans raison. Je sais pertinemment que l'homme qui occupe mes pensées n'est pas là.
Mais j'ai cette envi folle de retourner sur les lieux de notre premier baisé, comme pour m'assurer que je n'ai pas rêver.

Le portail est fermé cette fois ci. Quelle déception. Je mets mes mains sur les barreaux de la grille. On dirait une prisonnière. Et c'est un peu ce que je suis. Cet homme a scellé mon âme entière... puis il est parti.

Toujours dans mes pensées, j'entend le bruit d'une voiture s'approcher.
Puis très vite le portail commence à s'ouvrir.

Emilio est de retour? Impossible. Il lui reste encore un mois aux Etats-Unis. Je n'ai pas le temps de me planquer. Très vite une berline noire apparait.

Mon coeur bat la chamade quand la voiture s'arrête à mon niveau.
Plus grande est ma stupeur quand la vitre de la porte arrière se baisse, laissant apparaitre l'éclatant visage de Clara.

La vendeuse Hard DiscountWhere stories live. Discover now