Chapitre Trois.

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Léo était couché depuis une demi-heure lorsqu'Harry redescendit les escaliers le dimanche soir. Son regard parcouru la salle machinalement, s'apprêtant à la trouver habituellement vide pourtant, Louis était toujours là. Il n'était pas sorti sitôt que son téléphone portable avait affiché sept heures trente, il n'était pas sorti sitôt que Léo l'avait embrasser pour aller dormir. À la vue de sa tenue, monsieur ne semblait pas enclin à une quelconque escapade ce soir non plus et Harry leva un sourcil : il portait un jogging gris chiné assez lâche et un T-shirt blanc, que le bouclé reconnu immédiatement comme étant le sien.

Cependant il ne fit aucun commentaire ; sur l'accoutrement de son ami du moins, car la réplique lui échappa grossièrement :

_Tiens, tu ne sors pas ce soir ? Trois soirées consécutives à la maison, tu m'impressionnes Louis.

Malgré le ton joueur et amusé du plus jeune, le concerné ne pu s'empêcher de lever un sourcil vexé à l'entente de la remarque, et lui jeta un regard mauvais.

_Arrête.

Un soupir las alourdi une fois de plus l'atmosphère avant qu'Harry ne tente maladroitement de se reprendre.

_Oh, ça va. Ce n'est pas parce qu'on a décidé de se séparer qu'on est obligé de jouer les divorcés bougons et haineux.

La bouteille de bière que Louis tenait dans la main fut posée sur la table basse et il souffla à son tour, passant une main sur son visage de manière lasse.

_De toute façon, on a jamais vraiment su s'y prendre, hein ? Même au début.

Le silence fut la seule réponse qu'il obtint puisque de toute façon, il n'y avait rien à répondre : il avait raison. Ils n'avaient jamais vraiment su s'y prendre. Ils s'étaient surement aimés trop fort, trop vite. La passion qui les avaient d'abord dévoré les avait embrasés, les avaient consumés, tout entier. Puis elle avait fini par s'éteindre ; petit à petit, sans crier gare. Le brasier s'était d'abord atténué, devenant moins brulant, moins violent ; puis l'unique étincelle qu'ils avaient cru pouvoir sauver était morte.

Ils avaient fait des projets, des plans de vie : se marier, adopter un enfant, acheter une maison... Mais au final ? ils s'étaient précipité sous le feu aveuglant de l'amour et ils avaient tous fait dans le mauvais sens. Leur vie était désormais un emmêlement de fils dorés, un gribouillage enfantin sans pierre de Rosette pour être décrypté.

Harry jeta un coup d'œil par la fenêtre, sur leur jardin assombri par la nuit, sur leur pelouse récemment tondu pour permettre à Léo d'aller y jouer avec ses voitures, et ses yeux se fermèrent.

_Je sais, se contenta-t-il de répondre.

Il y avait une sorte de regret dans sa voix, une sorte d'intonation adulte et sincère, qui la rendait presque pénible à entendre tant elle ne lui ressemblait pas. Mais Louis ne la perçu pas, parce qu'il ne l'écoutait plus. Il ne le voyait plus.
Harry était simplement un fantôme du passé, un fantôme de son bonheur perdu qui le hantait chaque jour un peu plus douloureusement.
Et il voulait que cela cesse.

Alors il se leva, attrapa sa bière, et sans se tourner vers Harry, se dirigea vers la cuisine.

_Je te laisse la chambre si tu veux, je dormirais sur le canapé. J'emmènerais Léo à l'école demain, puis j'irais faire les courses.

Il ne reçu aucune réponse mais il savait que le bouclé avait hoché la tête, sinon il aurait protesté. Il jeta donc sa bouteille en verre à la poubelle et lorsqu'il revint dans le salon, celui-ci était désert : la porte de leur ancienne chambre commune venait de se refermer.

*

La journée du lendemain se passa sans que l'un ou l'autre des anglais ne se croise : Louis était déjà parti avec Léo lorsqu'Harry se leva vers huit heures et demie pour aller travailler. Il terminait toujours tard le lundi, il devait fermer la boulangerie, alors ce n'était pas lui qui devait aller chercher leur fils à la maternelle.

The perfect sky is Torn.Donde viven las historias. Descúbrelo ahora