Chapitre Onze.

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Les quelques jours qui ont suivit ont été étranges. Mais pas un mauvais étrange, en fait. Juste un étrange, étrange.

Étranges parce qu'au final, aucun des deux anglais ne sait vraiment comment agir envers l'autre. Ils ne sont ni proches, ni éloignés. Ils ne sont ni à l'aise, ni mal-à-l'aise. Ils sont simplement gênés.

Gênés parce que leurs bras les trahissent souvent, leurs regards les trahissent souvent. Leurs gestes en général les trahissent pour tout dire : un frôlement, un touché, un faux mouvement ou un coup d'œil. Tous leurs mouvements.
Et ils ne savent pas quoi en faire ; ils ne savent plus quoi en faire car leur passé et le temps leur a ravi cette faculté.

Léo a bien essayé de les dérider un peu, s'amusant à les taquiner gentiment en leur proposant de nouveaux bonbons. Il n'a pas perdu une seule once d'espoir, ce petit ange.

Sa dernière lubie sont les cerises qu'Harry a achetées au marché l'avant-veille. « Les cerises, ce sont des mini-cœurs. Hein Papa que ça a la forme des cœurs ? » Et c'est vrai que dans un sens, elles ont la forme d'un cœur.

Mais elles n'ont pas forcément fait marcher leurs pouvoirs magiques. Si d'aventure elles en ont vraiment.
Parce que ce n'est pas la magie qui changera quoi que ce soit à la situation. Ce n'est pas la magie, nous ne sommes pas dans un conte de fée. Il n'y a plus eut de contact volontaire, plus de câlins, et plus de beaux mots.

Juste le spectre diaphane de la rose qui flotte lentement au dessus de leur tête.

*

_Je veux regarder les films de quand j'étais petit ! jubile Léo une fois qu'il a sauté sur le canapé.

Harry était déjà assis à côté, sa tête posée contre sa main, et il ébouriffe gentiment les boucles brunes de son fils qui proteste.

_S'teuplait Papou, est-ce qu'on peut regarder des films de quand j'étais petit ?

Sa voix a été trainante et douce, et le jeune anglais fait la moue en jouant avec ses lèvres de manière amusante.
C'est à cet instant que Louis arrive de la cuisine, un gâteau breton dans la main droite. Seulement il n'a même pas le temps de croquer dedans qu'il subit automatiquement les foudres de la tornade qui saute du canapé par-dessus le dossier pour se ruer sur lui.

_Léo ! le gronde aussitôt Harry au moment où celui-ci hurle un « Nooon ! » catastrophé.

Seulement il n'aura le droit qu'à un regard d'excuses parce qu'il reprend, avec la même intonation que si on lui avait arraché le cœur :

_Je t'avais dis de manger des cerises...

Un léger sourire amusé se dessine alors sur les lèvres du principal concerné en secouant la tête et Harry abandonne la bataille en levant gentiment les yeux au ciel.

La télévision joue un programme musical depuis un peu plus de quelques minutes et le présentateur ne semble pas vraiment talentueux : il vient de bégayer en annonçant le prochain candidat. « É-eh-mil-ihi » devrait être ravie de la prononciation de son prénom.

_Papa, t'es d'accord toi pour qu'on regarde les films de quand j'étais petit ? minaude Léo en se calant contre Louis au moment où celui-ci s'assoit dans le canapé, à l'exact opposé du bouclé qui semble brusquement captivé par le télé-crochet.

_Tu ne veux pas plutôt qu'on ouvre un album photo ?

Le petit ange fait la moue et se redresse un petit peu :

_Papa ?

_Oui ?

_Est-ce que les photos parlent et bougent ?

The perfect sky is Torn.Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu