The perfect sky is Torn.

Chapitre Six.

Harry se réveilla de nouveau à cinq heures cette nuit-là, en sueur, la respiration saccadée et le martellement de son crâne plus fort que jamais. Un marteau piqueur n'aurait honnêtement pas pu faire plus de dégâts en si peu de temps. Il n'arrivait plus à aligner deux pensées sans que la sensation qu'une lame aiguisée lui labourant le cerveau ne face surface, et se serait volontiers décapité si on lui avait fourni la hache.

Il avait froid, il avait chaud, il tremblait et il se sentait mal mais surtout ; surtout il se maudissait de ne pas avoir pris de veste la veille.
Jamais au grand jamais, il n'avait été si malade à cause d'un simple rhume.
Marmonnant donc dans sa barbe quelque chose qui ressemblait fortement à un juron étouffé, il lança sa couverture pour pouvoir s'asseoir et remarqua que son thé, qui était toujours sur la table de chevet, était devenu froid.
Plusieurs heures avaient dues passer depuis que Louis était sorti de la chambre après le lui avoir déposé et il se leva, tanguant un moment sur ses jambes, le temps que son équilibre lui revienne. Il se dirigea ensuite, à tâtons, dans la maison, en prenant soin de ne rien allumer pour ne pas réveiller Louis, qui devait dormir dans le salon.

_Harry ? appela une voix calme au moment où il attrapait péniblement l'embrasure de la porte de la cuisine.

Surpris, il sursauta et appuya rapidement sur l'interrupteur de la pièce.

_Tu ne dors pas ? reprit le plus âgé en se levant du fauteuil où il était avachi.

Il entra dans le faisceau d'éclairage des néons, laissant remarquer ses yeux rouges et cernés. Il était évident qu'il n'avait pas dormi énormément, et les précédents effets de l'alcool avaient laissés sur sa peau des marques sombres.

_Toi non plus à ce que je vois, soupira le bouclé en se massant douloureusement les tempes pour essayer de faire fuir la migraine.

Il déposa sa tasse dans le micro-onde et s'éloigna de quelques mètres pour éviter que les ondes ne viennent aggraver son état. Ses mains s'accrochaient à l'aluminium de l'évier où il s'était adossé pour aider son corps à supporter son poids, et ses paupières se fermèrent quelques secondes.

_Ça va ? demanda finalement Louis de manière hésitante, lui qui n'avait toujours pas bougé de l'encadrement de la porte.

_Hm ; ça ira mieux demain.

_Tu ferais mieux de retourner t'allonger.

_J'arriverais pas à me rendormir de toute façon, j'ai trop mal au crâne. Pis faudra aller chercher Léo tout à l'heure.

Un rire amusé et moqueur s'échappa malencontreusement des lèvres du plus âgé, qui se mordit aussitôt la langue en avisant le regard noir qu'il récoltait.

_Non mais ; sérieusement Harry ? Tu ne veux pas aller courir le marathon et faire les courses tant que tu y es, on a plus de lait.

Le bouclé se contenta de lever les yeux au ciel et le micro-onde, qui venait de sonner, l'empêcha de répliquer, lui déclenchant au passage un coup aigu au sommet du crâne.

_J'irais chercher Léo, reprit donc Louis, pis je dirais à ma mère qu'elle vienne manger dans la semaine, comme ça tu inviteras Anne et Des. Il faudra bien qu'on finisse par leur dire ; et vu l'expression déconcerté que j'ai lu sur son visage hier, le plus tôt sera le mieux. Elle va se faire des films sinon.

Harry souffla sur sa tasse fumante et s'assit sur l'un des tabourets de l'îlot central en soupirant :

_Faudra le dire à Léo, avant.

Les épaules carrées et le calme apparent qu'arboraient Louis s'affaissèrent aussitôt et il se mordit l'intérieur de la joue en venant s'asseoir lui aussi.