Chapitre Quatorze.

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Lorsque l'avion atterrit à l'aéroport JFK, les nuages gris du ciel new-yorkais sont menaçants. L'air est humide, lourd, insupportable. L'orage va tomber ce soir et les vieux démons de Louis reviennent à l'instant-même où il pose son pied sur le sol américain. Un orage est un mauvais présage.
« Foutue tête qui ne marche pas comme il faut. »

Ses yeux bleus scannent l'horizon tandis qu'il remonte son sac à dos sur son épaule et il soupire de sa propre stupidité. Il n'est pas là depuis plus d'une demi-heure que c'est déjà la pagaille dans son esprit. Génial. Vive l'Amérique, Terre de Liberté et de Courage. Oh, Tom Sawyer.

Courage de fuir, oui.

Si on lui demandait ce qu'il a, là, maintenant, notre petit brun aux iris couleur océan ne saurait pas vraiment quoi répondre. Il dirait peut-être qu'il va bien avec un sourire hypocrite. Ou il dirait surement que ses deux semaines de vacances lui manquent déjà horriblement. Il dirait surement que c'est le mal du pays, qu'il suffoque avec cette atmosphère oppressante.

Et puis, plus tard, avec le recul, il se rendrait compte que tout ça, ce n'est rien d'autre qu'une jolie petite synecdoque pour désigner Harry et Léo.

Ce ne sont pas ses vacances à proprement dites qui lui manque. Ce sont juste Harry et Léo.

Harry et Léo.

Et avec la réalisation de cette vérité, la pluie s'abat soudainement sur la ville qui ne dort pas. Les nuages pleurent. Comme un nouveau signe. « Tu as raison Louis. »

Alors dès qu'il monte dans le taxi et que le chauffeur lui jette un coup d'œil dans le rétroviseur en lui demandant où est-ce qu'il veut être déposé, son esprit lui crie « mon lit » et sa bouche répond « NewYork Presbyterian Hospital. »

Ses propres sourcils se froncent et il est d'abord légèrement perplexe. Mais après réflexion, il se rend compte que finalement, il n'a pas envie d'aller se coucher tout de suite, il n'a pas envie de dormir, il n'a pas envie de s'enterrer sous sa couverture parce qu'il sait que sinon il va se mettre à broyer du noir. À repenser à sa vie à Londres, à la distance qui le sépare de ceux qu'il aime.

Et il ne veut pas y penser.

Vraiment.

Ils n'ont pas pleuré, à l'aéroport. Ni Louis ni Harry.

Le petit ange, en revanche, a du prendre plusieurs bouffées de ventoline pour réussir à calmer sa respiration affolée que même un bonbon vert au courage, acheté dans un Duty Free, n'avait pu apaiser.

C'était pire que la dernière fois au final. Pire parce que cette fois, ils ne savaient pas quand est-ce qu'ils se reverraient : Louis venait d'utiliser ses deux semaines de vacances autorisées avant la rentrée prochaine.

Mais finalement, à force de câlins et de promesses, les petites mains avaient finit par accepter de se délier et relâcher leur emprise autour du cou de son papa qui malgré ses joues sèches, n'en menait pas large.

Harry s'était éloigné quelques instants aussi, plus pour s'empêcher de craquer que pour leur laisser un peu d'espace pour se dire au revoir ; et lorsque le moment de la séparation était véritablement venu, le bleu n'avait pas pu s'empêcher de chercher le vert, qui était déjà rivé sur lui.

Un serment silencieux, une nouvelle promesse, une nouvelle fois ; mais pas la même, une plus claire, plus sérieuse, et plus importante : « Tu m'appelles. N'importe quand. Je décrocherai. »

« Je sais. »

Et Louis était monté dans l'avion.

*

The perfect sky is Torn.Where stories live. Discover now