Chapitre Quatre.

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Son téléphone sonna à six-heures cinquante le lendemain matin ; mais Harry n'eut même pas besoin d'émerger du sommeil pour l'éteindre : il n'avait pas dormi.

Il n'avait pas dormi parce qu'il avait attendu toute la nuit le retour de Louis.
Toute la nuit.
Et cette attente s'était avérée vaine, évidemment. Le jeune homme n'avait pas une seule fois donné signe de vie depuis son départ précipité de la veille : il n'avait pas répondu aux SMS, n'avait pas décroché les appels pourtant nombreux, et n'avait même pas daigné écouter sa messagerie, sur laquelle Harry avait finit par laisser une bonne dizaine de messages vocaux, tous plus impatients les uns que les autres.

Vingt-trois heures.
Minuit.
Une heure.
Deux heures.
Trois, quatre, cinq heures s'étaient écoulées sans nouvelles, sans réponses, sans rien du tout au final.

Et à présent qu'il était six heures, qu'il était l'heure de se lever, le contre coup de la nuit blanche frappait les épaules du jeune bouclé comme la poutre d'un échafaud :
Il était l'heure d'aller réveiller Léo, de le faire déjeuner, de l'habiller, et de l'emmener à l'école avant d'aller ouvrir la boulangerie.

Très honnêtement, il ne s'en sentait absolument pas capable. S'il l'avait pu, il aurait échanger n'importe quoi contre quelques heures de repos. Pas des heures de sommeil, non, des heures de repos : il voulait sortir le visage hors de la boue pendant un instant, aussi court fut-il.
Seulement le destin n'est jamais aussi clément.
Alors, soupirant, il rassembla son courage, résista à l'envie d'appeler la boulangerie pour annoncer à son amie de prendre la relève aujourd'hui, se leva du canapé et monta les escaliers jusqu'à la salle de bain où il prit une douche glacée.

Il avait déjà froid à dire vrai, mais la décharge douloureuse que l'eau à 10°C provoqua sur sa peau lui permit d'ouvrir vraiment les yeux et d'anéantir toute trace de fatigue de ses muscles. Il se vêtit ensuite rapidement et descendit dans la cuisine le temps de préparer le petit-déjeuner, puis remonta pour tirer du pays des rêves son petit ange.

*

Une bonne partie de la journée était passée lorsqu'il encaissa le dernier client de la file d'attente avant de se retourner pour s'adosser au comptoir, soupirant de manière lasse. Un air buté était fixé sur ses traits et ses yeux, aussitôt posés, ne quittèrent plus l'écran de son téléphone qu'il venait de sortir de sa poche.
Toujours aucune réponse ne lui était parvenue, et il luttait désormais intérieurement pour se persuader de ne pas céder à l'inquiétude.

_Peut-être qu'il est allé dormir chez un ami et qu'il est toujours énervé ?

La voix calme et douce de Cara, qu'il n'avait pas entendu revenir de la réserve, le fit sursauter tant il était concentré, et il leva les yeux en soufflant :

_Même un mort aurait été moins silencieux, bon sang ! Je fais quoi moi ? Je ne sais même pas s'il se souvient qu'il doit aller chercher Léo ce soir !

Un sourire triste lui répondit et la jeune blonde jeta un coup d'œil derrière lui : un nouveau client venait d'arriver en faisant tinter la clochette à l'entrée.

_Vas-y, l'encouragea-t-elle en le contournant. Je m'occupe de fermer ce soir.

Harry se poussa pour laisser son amie servir la mère de famille qui hésitait visiblement entre chocolatine ou macaron et posa un rapide regard sur la pendule : il était à peine seize heures et il avait donc encore dix minutes.

_T'es sûre ?

Il n'aimait pas déléguer son propre travail ; non pas qu'il n'ait pas confiance en Cara - elle la possédait entièrement. C'était juste qu'il ne se sentait pas en droit de lui infliger des heures supplémentaires.
Cependant, la jeune fille secoua la tête de droite à gauche et attrapa la baguette moulée que demandait la cliente.

The perfect sky is Torn.Where stories live. Discover now