Chapitre Premier.

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La pluie tombe de manière fine et régulière lorsque cinq heures sonnent et Cara, qui arrangeait les différents pains de campagne derrière le comptoir, remarque de loin le petit parapluie vert grenouille qui se rapproche de la boulangerie.

Juste avant d'ouvrir la porte, Léo saute dans une flaque d'eau et Harry, qui revenait justement de l'arrière boutique, est témoin du geste en grognant.

_Léo ! il crie quand il le voit relever une tête ravie à travers la vitre du magasin pour narguer ses occupants. Rentres tout de suite !

De loin, de l'autre côté du trottoir, il aperçoit madame Hoover, la maman de Leeloo, une amie de Léo, qui a accepté de le ramener tous les soirs à la boulangerie. Il lui fait un petit signe de main pour la remercier et elle lui rend son sourire en hochant la tête.

Louis n'étant plus là pour aller le chercher à quatre heures et demie, il avait fallu qu'il s'arrange dès la rentrée de janvier.

C'est pour ça que, trois mois plus tard, ce moyen fonctionne toujours aussi bien puisque d'habitude, le détour ne dérange pas madame Hoover qui a besoin de pain pour le goûter de ses enfants.
La clochette tinte :

_Bonjour Harry, annonce alors fièrement le petit bouclé en entrant, trempé des pieds à la tête, dans la boulangerie.

Cara étouffe aussitôt un rire amusé : cela fait désormais plusieurs jours qu'il s'est mit en tête d'appeler son père par son prénom. Plus de Papou, et il est inutile de dire que cela fait gentiment grogner le principal concerné.

_Tu vas être malade à sauter partout comme ça. Enlèves ton manteau et vient te mettre au chaud.

Un grand sourire nait sur le visage de Léo qui ne se fait pas prié malgré l'air bougon de son papa : il sait très bien que dans l'arrière boutique, sur un des plans de travail des cuisines, il y a un chocolat chaud et une chocolatine qui l'attendent. Il le sait parce que c'est comme ça depuis trois mois : le goûté à côté des fours à pains, des bêtises à en tourner son père fou, et hop ! en route pour la maison à la fermeture du magasin.

Quelques fois, Harry ferme plus tôt pour passer un peu de temps avec son fils ou il laisse simplement à Cara le soin de finir la journée.

La jeune blonde lui ébouriffe justement les cheveux au passage.

_C'était bien l'école ? demande Harry en lui attrapant son sac.

_Ouais ! La maîtresse a dit que j'étais adorable !

Les sourcils du papa se froncent amusément et le sourire angélique du garçon redouble d'intensité dans la seconde qui suit.

_C'est vrai ce mensonge ?

Une quinte de toux répond à la question et Harry fait aussitôt les gros yeux. Le mois d'avril étant encore frais et venteux, il ne faut pas qu'il commence à se découvrir maintenant.

_Mais j'avais mis mon écharpe ! se défend aussitôt le malade en sentant la réprimande arriver.

Il tousse derechef et Cara arrive avec un nouveau gilet, sorti de la penderie où Harry a du en laisser trainer deux ou trois au cours des dernières semaines, les oubliant le soir.

Le papa remonte donc la fermeture jusqu'au cou et embrasse la joue rosie par le froid de son fils, toute trace de mécontentement effacée parce que quand il est question de l'asthme de Léo, rien d'autre n'a plus aucune importance.

_Je ne veux pas que tu sois mal alors tu arrêtes de te découvrir à la récré parce que tout le monde le fait.

_Mais j'avais mis mon écharpe, tente-t-il une nouvelle fois sans grande conviction : il sait que le mensonge ne prendra pas.

The perfect sky is Torn.Where stories live. Discover now