Chapitre Huit.

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Plusieurs jours étaient passés depuis l'annonce de la nouvelle, depuis le tintement cristallin des morceaux de verres de l'utopie, qui avait été brisée. Pourtant, Léo était toujours persuadé que ses papas s'aimaient d'amour.
Ni Harry, ni Louis n'avait trouvé le courage d'aborder le sujet et pour le moment, la situation leur convenait très bien : leurs familles étaient au courant, et c'était tout ce qui importait. Aucun d'entre eux ne se sentait capable de briser le bonheur de leur fils, ils préféraient entretenir son illusion, alimenter ses rêves et le voir sourire.

Seulement c'était mal ; c'était mal de lui faire croire ce qui n'était plus, c'était mal de jouer la comédie. Car l'enfant continuait de monter, chaque jour un peu plus haut, joyeusement, innocemment ; mais à ce jeu là il serait perdant : la chute serait brutale et douloureuse.
La chute serait irréparable, et ça, les garçons ne s'en rendaient pas compte.

_Papaaa ! susurra justement la petite voix enjouée de Léo, qui venait de grimper sur le ventre de son père, allongé sur le canapé.

_Oui, mon ange ?

Louis venait de déposer un baiser sur son front et passait une main distraite dans ses boucles brunes. Son regard était tantôt attiré par l'écran de télévision qui diffusait un programme américain, tantôt posé avec tendresse sur son fils, qui s'était lové dans ses bras.

_Pourquoi tu dors plus dans le lit avec Papou ?

Le ventre du concerné se tordit sous l'effet de la surprise si soudaine, et ses muscles se raidirent, rendant son étreinte inconfortable.

_Je - quoi ?

_Pourquoi Papou, il dort tout seul dans le lit ?

Louis plissa les yeux et se mordit la lèvre, attrapant le petit corps gigotant dans ses bras le temps de se rasseoir pour reprendre contenance.

_Pourquoi tu dis ça, petit cœur ?

_Bah, tu dormais dans le canapé quand je suis venu déjeuner ce matin...

Un sourire triste traversa le visage du jeune homme qui regretta qu'Harry soit au travail ; finalement, le bon jour n'arriverait jamais pour annoncer ce genre de nouvelle ; alors aujourd'hui aurait peut-être été le moment. Mais il ne pouvait pas faire ça seul, et sûrement pas comme ça en tout cas.

Alors il soupira et déposa un baiser sur la joue gonflée de Léo :

_Papou ronfle.

L'excuse était minable et fausse, elle était tirée du premier site internet de menteur novice, elle était hypocrite - il était celui qui ronflait. Cependant, la petite bouille d'ange ne remarqua rien du combat intérieur que menait son père et éclata d'un rire adorable, emplissant la pièce d'une chaleur réconfortante.

*

Le crayon rouge venait d'achever la dernière courbure du cœur, et Léo, tout fier de lui, attrapa sa feuille pour sautiller jusque dans la cuisine où ses papas discutaient. Harry était adossé au plan de travail, un verre de soda à la main, et Louis, qui venait de fermer le frigo en en retirant une courgette, préparait le diner. Tous les deux semblaient en pleine conversation lorsque les petits pas du garçon se firent entendre, les coupant dans leur élan en leur faisant tourner la tête.

_Papouuu ! cria alors la petite voix en se précipitant sur Harry, qui venait de poser son verre pour plus de sûreté. Regarde mon dessin !

Les yeux verts examinèrent attentivement les tracés colorés sur la page blanche, jetant aussitôt un coup d'œil à Louis, qui s'était remit à couper les légumes.

Le dessin représentait de manière enfantine leur famille : Louis, avec ses cheveux marrons, ses yeux bleus et son grand sourire. Il était évidemment plus petit qu'Harry, qui avait les cheveux bouclés et longs - la différence avec une fille était uniquement plausible grâce à l'absence de jupe ou de robe. Et Léo, entre eux, un sourire aussi grand que la lune peint sur le visage, ses bouclettes et ses yeux bleus, qui leur tenait la main.

The perfect sky is Torn.Where stories live. Discover now