Chapitre 26

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La serveuse revient les bras chargés par des assiettes. Elle joue les équilibristes avec sans froisser son visage. Au contraire, elle a un large sourire collé aux lèvres.

Elle dépose les commandes sur la table. Bonté divine ! J'attaque mes œufs brouillés et mon bacon cuit à point sans perdre de temps. Je dévore tout comme un ogre affamé. Pendant ce temps Neji me regarde en se retenant de se moquer de moi. Je lui autorise à le faire. La nourriture m'a complètement fait oublié tout ce qui se trouve autour de moi. Je lui souris même sans savoir pourquoi.

- Doucement, tu vas t'étouffer avec toute cette bouffe dans la gueule, se moque-t-il avant de boire une gorgée de son soda.

- Ça te ferait plaisir que je meurs je parie !

Il lève les yeux au ciel. Ma réponse lui a retiré son sourire.

- On est là pour faire la paix. Pas pour se lancer des piques toutes les secondes. Tu es tellement immature parfois.

Moi ? Immature ? C'est la première fois qu'on me colle cette étiquette de bouffon de la cour. Quoique, j'avoue que c'est vrai quelques fois mais je refuse de lui laisser me dire que je suis « immature » alors que c'est lui qui l'est encore. Sérieusement, il a presque trente-neuf ans mais il se comporte comme un gamin.

Pour la petite histoire, il sortait avec Tenten il y'a environ trois ans. J'étais encore à la fac. Il y était de passage pour un séminaire sur l'entreprenariat. Nous étions en froid pendant cette période. On s'ignorait lorsqu'on se croisait dans les couloirs et j'avais honte de dire qu'il était mon frère même si il était très populaire dans mon université. Tout le monde parlait de lui et de sa maîtrise en sciences de gestion. Ils le connaissaient grâce à ses titres et diplômes mais moi je savais qui il était dans le fond ; un pauvre type avare et collectionneur de femmes. Quand Tenten m'avait annoncé qu'ils sortaient ensemble en cachette, j'étais hors de moi. J'avais ressenti le besoin de l'éloigner de lui parce que je sentais qu'il allait la faire souffrir et j'avais raison. Le con l'a quitté le jour de la saint Valentin et quatre mois plus tard, ils étaient en lune de miel à Paris. Tenten était abattue. Elle avait perdu sa joie de vivre et son estime pour elle-même. Elle culpabilisait car elle se disait que c'était de sa faute et qu'elle ne le méritait pas. Et aujourd'hui il revient avec un chignon bien plaqué comme un mafieux et dit qu'il veut se remettre avec elle. Foutaise ! Cette fois je ne le laisserai pas la faire souffrir à nouveau.

- Je suis loin d'être immature. C'est toi qui l'est. Bref, parlons sérieusement, dis-je en me rapprochant de son visage, je t'interdis de rapprocher à nouveau de Tenten. Elle  peut jouer les dures devant n'importe qui, je sais qu'au fond elle est fragile.

Je lui lance un regard assassin en le menaçant avec mes baguettes. Il semble me prendre au sérieux pendant quelques secondes. J'arrive à voir la peur et l'inquiétude sur son visage. Je l'effraie. C'est satisfaisant de le savoir.

- Je ne lui fera plus aucun mal. C'est elle que je veux. J'en suis sûr.

Malgré tous les efforts qu'il fournit pour se montrer sincère, je n'arrive pas à y croire. Il y'a anguille sous roche. J'ai du mal à lui faire confiance surtout avec son regard de narcos. Il m'a déçu tellement de fois que maintenant, même si il me dit que son prénom est « Neji » je douterais.

- Ne t'approche plus d'elle. C'est tout.

- Elle est assez grande pour choisir les personnes qui ont le droit ou non de s'approcher d'elle tu ne crois pas ? Enfin, moi je voulais juste ton soutien en tant que ma sœur et sa meilleure amie.

- Si je comprends bien tu m'as invitée ici pour que je t'autorise à sortir à nouveau avec Tenten ?

- Oui, en quelques sortes.

Je le fixe longuement et je sens monter en moi la colère. Elle m'étouffe. Ma poitrine est compressée par cette énorme boule que j'aimerais bien lui lancer au visage. Elle serait assez dure pour lui faire du mal comme il me le fait à chaque fois. Il fallait s'y attendre Hinata. Il n'est pas venu pour qu'on règle nos problèmes mais pour m'utiliser. Il veut sans doute que je joue les cupidons entre lui et Tenten.

Mon regard s'obscurcit. Je le déteste et pendant quelques secondes seulement j'avais même oublié pourquoi. Qui traite sa famille comme ça ? C'est un homme d'affaires, j'oubliais. Pour lui, la vie ne se résume qu'à ça.

Il m'a saoulé. J'ai envie de rentrer chez moi. Je me lève sans ajouter un mot de plus puis je sors. Il me regarde et reste immobile. À l'extérieur, je tente d'appeler Naruto mais il ne me répond pas. Voir qu'il est indisponible tout en sachant qu'il est avec Sakura me rend un peu jalouse bien que l'admette me fait passer pour une paranoïaque. Je traverse la rue. Il y'a un arrêt de bus juste en face du restaurant. Je vais rentrer chez moi et mater une série.

J'entre alors dans le bus. Je m'assois à côté d'un petit garçon et de sa mère. Je deviens émotive tout à coup. Mes yeux d'humidifient mais je me retiens de verser une seule larme.

Qu'est-ce qui m'arrive ? Je pensais que j'étais habituée à cette situation. Je soupire. Je tente encore une fois de joindre Naruto mais il est toujours indisponible. Une trentaine de minutes plus tard, le bus se gare près de chez moi. Je descends. J'ai encore quelques kilomètres de marche avant d'arriver à la maison. Sur le chemin, je croise Saï. Il s'est installé sur le trottoir avec ses tableaux et son matériel à dessin. Il fait des portraits de deux jeunes femmes. Je passe tête baissée et je fais comme si je ne l'avais pas vu.

- Hinata ? m'appelle-t-il.

Je me retourne

- Ah, je ne t'avais pas vu, dis-je d'un air faussement surpris.

Il est concentré sur son portait. Mon excuse ne tient pas la route. Il m'a vu alors que ses yeux étaient dessus.

- Tu m'as l'air bien triste. Naruto a quelque chose à y voir avec ça ?

Ses deux modèles me dévisagent. Leurs oreilles doivent mourir d'envie de savoir ce qui m'arrive vu comment elle me regardent.

- Non. Je suis pressée. On se parlera plus tard.

Je continue ma marche. Je l'entends dire quelque chose mais je n'y prête pas attention.

Un amour presque parfait Where stories live. Discover now