Chapitre 35

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Tomber amoureuse de lui. Genre vraiment. Ressentir cette envie de l'avoir près de moi tout le temps, l'envie de le voir, de partager ma vie avec lui, mes peines, mes joies...

Je ne suis pas encore arrivée à ce point là. Quelque chose me freine ou plutôt quelqu'un. Là dans mon cœur, son nom est inscrit. À l'encre noir, c'est indélébile. Même si cela me fait mal, même si j'aimerais tout oublier et passer à autre chose, je pense à lui. À Saï qui m'a trompé. En fait je ne comprends pas ce que je ressens pour Naruto. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Je le trouve charmant, beau, intelligent, attentionné... tout chez lui me plaît. Et pourtant, je ne me sens pas prête à l'inclure totalement dans ma vie et mes décisions.  J'avance dans une terre inconnue. Je me laisse guidée par mes émotions. Mais en fin de compte, je réalise que tout s'est passé assez vite. Du jour au lendemain je me suis précipitée. Mon cœur n'a pas eu de repos et j'ai peur qu'il finisse encore une fois briser.

Naruto est tombé à pic. Comme un cadeau du ciel. Comme une sorte de deuxième chance mais...c'était soudain et peut-être que je m'emballe trop. Ma priorité devrais être de protéger mon cœur avant tout. J'essaie. Mainte et mainte fois mais lorsque je le regarde j'ai la sensation que je peux lui faire confiance. Cet homme ne me veut que du bien. Mais, m'aime-t-il vraiment ou a-t-il pitié de moi ? Lors de notre première rencontre, j'ai pleuré devant lui. Il a vu ma faiblesse, il a su ce qui pouvait me toucher et me détruire.

Quelle erreur.

Et là, je suis devant lui. Le souffle coupé. Obnubilée par ce qu'il représente pour moi. Une deuxième chance. Celle de vivre à nouveau. Celle d'être heureuse de nouveau.

— À quoi tu pense ?

Sa voix m'interpelle. Elle me sort de mes pensées.

— Toute ces choses que tu fais. Tout ces efforts, me stoppé-je en ravalant lentement ma salive, c'est trop nous nous sommes précipités.

— Tu pense encore à lui ?

Il attend ma réponse. Moi aussi d'ailleurs. Que vais-je bien pouvoir lui répondre ?

Réponds Hinata. Dis lui...

— Oui. Je l'aime encore. Je n'ai pas envie de me servir de toi pour l'oublier. J'ai l'impression que c'est ce qui se passe en ce moment.

Son téléphone sonne. Il hésite mais il finit par décrocher l'appel. S'il y'a bien une chose que les Uzumaki aiment plus que tout c'est le travail. Son expression faciale change automatiquement. Il a l'air inquiet.

— Dans quelle chambre est-elle ? J'arrive tout de suite.

Il raccroche. Ses poings se serrent. Il me regarde sans me voir. Sa respiration est lourde. Je l'entends comme un écho. Comme le moteur d'une voiture.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Sakura est à l'hôpital. Je dois aller la voir.

Sakura. Il l'a choisi en premier. Je pensais que c'était pour le boulot. « J'arrive tout de suite ». Il l'a dit avec une peur atroce dans les yeux.

— On reprendra cette conversation plus tard. Excuse moi. Prends ton petit déjeuner. Je serai de retour dans quelques minutes.

Il ne me laisse pas le temps de répondre. Sa silhouette fait ombre à la mienne. Il est debout et marche vers la sortie. Je suis seule. Toute seule cette fois. Je comprends qu'il puisse l'aimer. Ils sont sortis ensemble. Peut-être même qu'il l'aime encore. Qu'il en ai encore amoureux. Peut-être que c'est moi son pansement. Peut-être que c'est lui qui se sert de moi...

Ouille.

Tout mais pas ça. Il nous faut du temps à tous les deux. C'est certain. J'ai besoin d'air. Mon estomac est vide mais je sens une masse volumineuse l'encombrer. Alors, je sors. Vite. Vite. Vite.

Je n'avais pas prévu que ça se passe aussi rapidement. Aussi vite. Cette douleur me revient. Cette lame s'enfonce à nouveau dans le chair. Elle m'avait tristement manqué. Voilà. Mon cœur est en train...de se briser encore une fois.

Une deuxième chance. Une deuxième mort. C'est ce que c'est. Plus profond. Plus intense. Je m'y attendais. Ou pas ?

« Je ne sais pas comment faire pour que tu tombe amoureuse de moi ». Cette phrase a un double sens. Un double tranchant.

À l'extérieur, je le vois monter dans sa voiture. Il est pressé, il est inquiet pour elle. Celle qu'il aime encore. J'ai besoin de me confronter à la réalité. Qu'elle me gifle pour que je sente sur mon corps cette douleur aussi mentale que physique. Un taxi passe par-là je grimpe à l'intérieur. Je demande au chauffeur de suivre la voiture dans laquelle Naruto s'en va.

Est-ce que j'ai vraiment besoin de voir ça ?

Oui. Il le faut pour que je puise avancer. Pour que je puise le détester. C'est soit ça ou l'aimer et avoir constamment peur. C'est soit ça ou rester dans le déni total.

La voiture glisse sur la route. Nous roulons. Nous nous approchons lentement de cet endroit. Cet hôpital où Naruto se dirige en trombe. Les minutes semblent durer une éternité. C'est un enfer.

Nous sommes enfin arrivés à l'hôpital. La voiture de Naruto se gare juste à quelques mètres de celle dans laquelle je suis. Il sort en courant. Personne ne peut l'arrêter.Il ne contrôle plus ses sentiments. Rien. Et voir ça me fait comprendre que la suite sera pire. Lorsqu'il la prendra dans ses bras et qu'il lui dira qu'il l'aime.

Il faut que j'avance. Je dois le voir de mes yeux. Donc, je sors. Je le suis. Je suis derrière lui. Il ne me voit pas.

Il va à l'accueil. Tout le monde le regarde. Il est agité, nerveux, à bout.

— S-sakura H-haruno ? bégaye-t-il.

Son visage s'est décomposé. Il a peur pour elle.

Chambre cent-soixante. Deuxième étage. C'est la porte du fond.

Il lui répond par un merci à peine audible. Un « merci » rapide comme l'éclair. Que je lis sur ses fines lèvres. Sa course continue jusqu'à elle. Je le suis encore.

Deuxième étage, porte du fond. Il rentre. Je reste à l'extérieur. Derrière cette porte entrouverte. Une main dessus. Une autre sur ma poitrine. J'entends des murmures. Des voix torturées. Celles de deux amants qui se retrouvent après la mort. De l'autre côté. Alors ils réalisent qu'ils ont peur de se perdre. Ils réalisent qu'ils s'aiment encore.

— Tu vas bien ?

Je perçois la voix de Naruto. Son inquiétude semble avoir doublé en intensité.

— Non Naruto. J'ai cru que j'allais mourrir dans cette voiture. J'étais coincée à l'intérieur et-

Elle pleure à chaudes larmes. J'en ai des frisons. Je tiens à peine debout. Je fais un pas vers l'arrière. Je m'éloigne de cette mort imminente. De ce qui me torture et me paralyse.

— Je suis là avec toi. C'est fini. Ne pleure plus.

Mes yeux veulent les voir. J'avance. Je guette. Il l'a prise dans ses bras.

Un pansement. Voilà ce que je suis pour lui...alors ?

— Je t'aime Naruto. Ne me laisse plus jamais. S'il te plaît.

Elle le serre contre lui. Comme avec moi. Comme toutes ces fois où je me suis sentie spéciale. Comme toutes cette fois où j'ai cru l'aimer.

Un pansement. Voilà ce qu'il est peut-être pour moi également...

Parce que le vrai amour c'est ce que j'ai sous les yeux. Ce n'est pas juste des baisers, juste des regards échangés. C'est surtout cette peur constante qu'on ressent lorsque l'autre est en danger. Cette peur qui nous fait réaliser qu'on ne peut pas vivre sans elle et que l'on serait prêt à tout quitter juste pour retrouver la personne que l'on aime.

Tout oui tout.

Les choses éphémères.
Les choses imparfaites ou...presque parfaites.

Un amour presque parfait Where stories live. Discover now