Chapitre 32

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J'ignore comment je suis arrivée là mais je suis dans une voiture, côté passager. Je fixe le vide. Je m'accroche au siège, je m'enfonce dedans. Je fuis ce regard qui me fait tant d'effets et qui étaient remplis d'admiration et de respect à mon égard. Maintenant je n'y vois que de la colère. Elle me donne envie d'ouvrir cette portière et de partir loin. Très loin.

Je n'arrive pas à parler. Mes lèvres sont figées. Naruto fait rugir le moteur de cette voiture qui me donne l'impression d'être dans une prison. Ses mains tiennent ferment le volant. Il roule à vive allure, le visage toujours aussi crispé. Il ne m'a même pas sourit une seule fois. J'entends sa respiration sifflante. Je vois ses muscles se contracter avec force sur ce volant et la vitesse augmente. Elle m'emporte avec elle, et je sens que je quitte peu à peu cet état d'ébriété.

— Je suis désolée.

C'est la seule phrase que j'ai la force de prononcé.

Il soupire comme s'il attendait cette phrase depuis longtemps et comme si elle avait suffît à le calmer. Il se détend et relâche l'accélérateur.

— Moi aussi, dit-il. J'ai mal réagis, c'est juste que c'est la première fois que je sens que-

Et il ne termine pas cette phrase. Me laissant avec pleins de suppositions dans la tête. C'est la première fois ? Quelle première fois ?

La première fois qu'une fille avec qui il sort se comporte comme une adolescente en pleine crise ?

Il inspire avant d'expirer et il semblerait que ça le soulage.

— C'est la première fois que j'ai envie que ça dure longtemps, continue-t-il après un silence qui m'a paru durer une éternité.

Sa réponse résonne dans ma tête. '' C'est la première fois que j'ai envie que ça dure longtemps ''. Ces mots transcendent mon cœur et percent mon âme qui se meure à chaque fois que je le regarde. Mes yeux cherchent les siens juste pour ressentir à nouveau la paix qu'ils me procurent. Je les rencontre. Ils ne me haïssent plus. Ils ne sont plus en colère contre moi et ça me rassure. Dans un coin de ma tête, je jubile. Je suis heureuse de voir que son amour pour moi prendra toujours le dessus.

— Je me sentais mal. J'avais envie de boire et d'être loin de toi. Je pensais qu'après quelques verres la boule que j'avais dans le ventre aurait disparue.

Silence. Cette confidence que je viens de lui faire me creuse. Là dans la poitrine. Du côté gauche, derrière ma cage thoracique. Là, juste là. J'ai envie de pleurer sur ses épaules. Me vider afin qu'il se rende compte qu'en moi, je porte un poids. C'est lourd. Il faudrait être à deux pour le porter. Seule je n'y arrive pas. Mes cils se recourbent. Des larmes s'y posent. Je ne les cache pas dans cette obscurité, je ne les cache pas...

— Elle est toujours là ? Enfin, est-ce que tu as toujours envie d'être loin de moi ?

La façon dont il le dit me brise le cœur. Sa voix est lourde et remplie de culpabilité.  Il doit penser que tout est de ça faute. Mais c'est tout le contraire. Je suis la seule responsable de mon état. C'est moi qui ai pris toutes ces photos qui l'ont furieusement enragé de colère, c'est moi qui les forcer à braver le froid et de se rendre dans cette boîte de nuit. Oui, c'est moi...je l'avoue.

— Ça fait à peine une semaine qu'on se connaît. J'ai l'impression que ce n'est pas encore assez sérieux et qu'à tout moment tu pourrais  me quitter quand tu te seras rendu compte que je ne suis pas celle qu'il te faut.

Je ne contrôle plus mes mains qui se mettent à trembler. Mes larmes dévalent de plus en plus rapidement mes joues. Mais je ne me cache toujours pas. Je suis recroquevillée sur moi-même. La tête posée sur mes genoux. Le visage regardant droit devant. Naruto me regarde. Ses yeux font des allers retours entre mon visage et la route. Il voit à quel point je vais mal. Il compatit d'autant plus qu'il se sent coupable. Je le ressens dans chacun de ses mots.

Un amour presque parfait Où les histoires vivent. Découvrez maintenant