Chapitre 34

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Je suis dans la voiture. Derrière et je regarde la ville à travers la vitre. Je suis perdue dans mes pensées. Je pense à tout et à rien pour faire passer le temps. Le chauffeur ne m'a plus adressé la parole depuis que nous sommes rentrés dans cette voiture. Cela me permet de taire les bruits qu'il y'a dans ma tête et d'y mettre un peu de silence.

Konoha en plein jour est tout simplement magnifique ! De hauts bâtiments s'alignent dans cette métropole perdue au milieu d'un paysage naturel. Des arbres, encore des arbres d'un vert vif. Aussi hauts et majestueux que les cieux. Le soleil brille. La canicule annonce une journée qui mérite plage et bronzage. Les piétons s'entassent sur la route. Ils sont partout, dans les commerces, dans les parcs, sur les bancs publics. Ils profitent de la vie. Des familles se réunissent, des couples se forment et se brisent à chaque coin de rue.

Une partie de moi traverse cette vitre et est submergée par une vague de bonheur qui est irradiée par ces personnes que je ne connais pas. Je vois aussi la souffrance, la peine qui serre certains faciès. Des travailleurs marchent, des sans abris cherchent leur bout de pain, des gens crient dans ce monde imparfait et une boule au ventre me prend. Je cesse de les regarder et me concentre sur cette voiture qui m'offre un luxe inestimable. Des sièges en cuivre, de l'air frais, un mini bar et un chauffeur bien silencieux.

Une heure après le chauffeur rompt le contact. Le moteur ne chauffe plus. Il se gare devant un café en bordure de route. C'est un bel endroit. Tout ce qu'il y'a de plus simple et moderne comme ce qu'est Naruto au fond. Il aime les choses simples, celles qui ne font pas de bruit mais qui attirent l'attention par leur beauté. Une beauté inégalée qui s'inscrit dans le temps.

Le chauffeur descend. Il fait le tour du véhicule et m'adresse un bref sourire qui dure à peine une seconde voire moins. Un millième.

— Monsieur Uzumaki est à l'intérieur.

— Merci.

Il me tourne le dos puis s'en va. Je me rempli de cet air frais qui gonfle mes poumons et j'admire la bâtisse qui est devant moi. C'est charmant. Comme une sorte de maisonnette de style rétro. Rien de trop voyant. C'est simple et beau. J'entre et les carillons chantent une mélodie. Je suis accueillie par une odeur alléchante. Mes papilles s'agitent et mon ventre gargouille comme si je n'avais pas mangé depuis des jours.

La pièce est vide. Les tables aussi. Enfin pas totalement. Un homme est debout au loin. Une toque de chef sur la tête et vêtue d'un tablier blanc. Je fais des pas rapides vers lui. Dès que j'arrive à sa hauteur, il me sourit à pleine dent.

— Bonjour Mademoiselle hyûga.

Ça fait deux fois que mon nom de famille est prononcé avec tant de sérieux. Et à chaque fois je me sens importante.

— Bonjour Monsieur.

Je lui souris poliment. Il fait de même.

— Table six, Monsieur Uzumaki vous attend.

Plus j'avance plus j'ai l'impression que je vais assister à un déjeuner d'aristocrates ou avec la reine Elizabeth.

Je le vois enfin. Monsieur Uzumaki. Ça fait deux fois que son nom est prononcé avec respect. Il est assis seul à une table. Toujours cintré dans un costume. Les cheveux attachés vers l'arrière. Il me regarde aussi dans les yeux, sans céder à une quelconque faiblesse. Mais moi, je fonds comme un glaçon, sous la chaleur de ses pupilles. Ça réveille en moins tant de choses que je ne peux contrôler, tant de choses que je ne comprends pas.

J'avance et je ne ressens plus dans mon dos, la présence du chef cuisinier. Naruto et moi sommes totalement seuls.

Mes pieds tremblent sur ce sol tapissé. Mon corps vibre comme les cordes d'une guitare. Je suis lourde de stress. J'inspire, j'expire.

Je suis devant lui. Il se lève et se rapproche de moi. Lentement comme un félin. Je reste debout et je l'attends. J'attends que ses lèvres trouvent les miennes. Qu'elles ravivent ce feu qui brûle en moi. Le voilà sous mes yeux, à quelques centimètres de ma peau. Mes organes internes sont incendiés. Enragés et agités. J'ai oublié comment certains fonctionnent. Je respire mal et mon cœur bat vite.

Il approche encore et brise cette immense couche de verre qui nous séparait. Il m'embrasse et je décolle du sol. Il n'y a plus d'apesanteur. Naruto me tient par la taille, ses lèvres sur les miennes, sa peau sur la mienne, son souffle s'accordant au mien...

Tout. Ce qu'il me fait me fait effet. Avec intensité. Comme si j'étais une muse sous ses doigts.

Notre baiser prend fin. Et je reviens sur terre. Mais il me faut de temps pour me remettre de ces émotions qui tourbillonnent dans mon ventre.

— Bonjour, Hinata, souffle-t-il.

Ce blond aux yeux bleus peut me rendre folle. De désir et de passion. Avec lui j'ai l'impression d'être en train de redécouvrir l'amour d'une façon assez particulière. Cette intangibilité, ce sentiment qu'on ressent là dans la poitrine, dans ce cœur qui tambourine. Comme si c'était nouveau, comme si tout recommençait à chaque fois. Une boucle sans fin. Chaque fois que nous nous embrassons je suis prise par cette même sensation, cette faim insatiable.

— Bonjour N-naruto, bégayé-je en en posant mon index sur ma bouche.

Mes joues sont rouges.

— J'espère que tu as bien dormi et que chôji ne t'a pas réveillée.

Chôji est donc le nom du chauffeur dodu et silencieux qui respire la bonne humeur.

— Non. Enfin, oui j'ai bien dormi !

Il hoche la tête tout en souriant timidement. Puis, sa main contourne mes hanches et tire la chaise derrière moi. C'est bizarre mais j'ai l'impression qu'il fait exprès de m'effleurer pour voir comment je vais réagir. Il joue avec moi et mes sens. Et ça l'amuse semble-t-il. Il a un sourire en coin. Malicieux et provocateur.

Je m'assois et lui aussi. Mes yeux se baladent encore dans la pièce comme si je ne savais pas déjà que nous étions seuls.

— Ne me dis pas que tu as réservé ce café juste pour prendre le petit déjeuner avec moi ?

Il affiche toujours un sourire presque invisible et sincère. Son attention démesurée me met un peu mal à l'aise. Même si, je trouve ça incroyable mignon qu'il ait réservé tout cet endroit magnifique juste pour nous deux mais...

Je me rappelle que je n'aime pas les gens qui se servent de leurs privilèges pour empêcher aux autres de vivre leur vie. Je suis sûre que ce café aurait été plus beau s'il était plein à craquer.

— Tu as déjà la réponse à ta question.

Je fronce mes sourcils. Je suis légèrement en colère. Outrée même ! Mais je le dissimule tant bien que mal. Mes joues rouges ne montrent pas assez que je lui en veux. Au contraire, elles montrent que je le veux.

Je soupire afin d'alléger mes poumons.

— Écoute, tu n'as pas besoin de faire ça pour m'impressionner, dis-je en étant la plus sérieuse possible.

Ma phrase est dure pour lui. Elle brise son sourire. Il redevient sérieux et inaccessible.

— Ce que tu m'as dit hier m'a fait réfléchir. Je sais que tu as besoin de temps mais on va passer ces vacances ensemble car tu travailles pour ma mère. Alors ce serait trop difficile de te laisser de la place. On peut au moins rester en bon termes. Comme les '' meilleurs amis '' que nous étions censés être.

La place, j'en ai beaucoup dans cette grande maison. J'en ai trop d'ailleurs. Dans cette chambre, partout. Je suis complètement insignifiante. J'ai besoin d'espace oui mais le voir n'arrangera pas les choses.

— Je ne sais pas comment m'y prendre pour te faire tomber amoureuse de moi.

Je suis perdue. Qu'ai-je pu lui dire hier pour mériter un tel monologue ? Je ne m'étais pas préparée à avoir ce genre de conversation...

Un amour presque parfait Where stories live. Discover now