Chapitre 8

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Dring ! Dring !

Mon réveil sonne, me tirant d'un rêve désagréable dont les quelques brides se dissipent aussitôt.

Fatigué, j'ouvre grand la gueule, allonge la langue dans un long bâillement, les oreilles en arrière, et étire mes pattes toute engourdies. Puis je me rends compte que quelque chose ne va pas. Zut de zut, je me suis transformé en loup pendant mon sommeil ! Ce n'est pas si étonnant, après le stress que j'ai vécu hier.

Je roule des yeux affolés. Mon t-shirt en tissu léger s'est déchiré en mille morceaux. En revanche, mon caleçon n'a fait que s'élargir, si bien que je le porte toujours, ce qui doit me rendre particulièrement ridicule.

Dring ! Dring !

Pruneau ronfle paisiblement à côté de moi. Puisque Martin n'était pas là, j'ai accepté à titre exceptionnel de le laisser dormir dans ma chambre. Normalement, il aurait dû rester dans son panier mais, bien sûr, il a sauté sur mon lit dès qu'il m'a cru endormi. Je ne l'ai pas repoussé. J'avais besoin de réconfort et lui aussi.

Le chiot se réveille en me sentant m'agiter et me salue d'un grand coup de langue enthousiaste.

Je saute hors du lit et atterrit souplement sur le parquet. Je m'efforce de penser à ma forme humaine. Rien ne se passe. J'essaie de ne pas paniquer. Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive d'être coincé en loup, mais, les autres fois, Martin était avec moi pour m'encourager. Aujourd'hui je suis seul (Pruneau ne compte pas vraiment et je suis sûr qu'il préférerait que je sois un loup à temps plein, pour lui faire un compagnon de jeu).

Dring ! Driiiing !

Mon réveil continue à sonner de plus en plus fort. Je n'ai aucun moyen de l'arrêter avec mes pattes. Mes parents risquent de débarquer en se demandant se qu'il se passe ! Il y a bien une serrure sur ma porte, mais pas de clef. Mon père et ma mère peuvent donc surgir dans ma chambre à chaque instant et trouver un loup en caleçon dans la chambre de leur fils. Oh, ils prennent normalement la peine de toquer avant, mais certainement pas celle d'attendre que je leur dise d'entrer. Surtout Maman. Elle trouve toujours toutes sortes de prétexte pour pénétrer dans mon antre, comme de venir voir si j'ai du linge pour une machine, par exemple. D'accord, c'est sans doute un bon prétexte, d'autant plus que je prends rarement la peine d'apporter mes vêtements sales jusqu'au panier dédié à cet effet, mais, tout de même...

Puis, paf ! Mes poils se rétractent d'un coup. Mon museau s'aplatit et je suis de nouveau un être humain tout ce qu'il y a de plus normal (mais tout nu).

Je reste un moment à quatre pattes, tremblant de tous mes membres, un goût bizarre dans la bouche. Mon caleçon a repris sa forme ordinaire, mais son élastique est distendu. Il est bon pour la poubelle, si vous voulez mon avis.

J'entends des pas dans l'escalier et j'ai tout juste le temps de m'enrouler dans une couverture avant que ma mère n'ouvre la porte.

— Eh bien chéri, pourquoi n'éteins-tu pas ton réveil ? s'étonne-t-elle.

Je me relève en chancelant en maintenant la couverture en place d'une main.

— J'allais le faire, je marmonne en attrapant enfin mon portable.

Je me sens tout courbaturé et épuisé comme si je n'avais pas dormi de la nuit.

Maman observe mes cernes d'un air soupçonneux.

— Tu as téléphoné à Martin pendant des heures ? Tu sais qu'il est important à ton âge d'avoir huit heures de sommeil, lapin.

— Je sais ! Je sais ! Je me suis couché tôt, je t'assure !

Le loup et moi 2 [terminée]Where stories live. Discover now