Chapitre 28

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Le mercredi après-midi, même jour, même heure, je me retrouve donc une nouvelle fois à sonner à la porte de Mme Jean sans grand enthousiasme. Bon, d'accord, sans aucun enthousiasme.

La porte s'ouvre presque aussitôt sur ma mère biologique.

— Tu t'es entraîné ? me demande-t-elle.

Dans sa tête, cela doit équivaloir à : "Bonjour cher Théo. Comment vas-tu ? J'espère que tu as passé une bonne semaine. Souhaites-tu boire un rafraîchissement pendant que nous discuterons aimablement ?".

Je gigote. Comme si j'en avais eu le temps de m'entraîner ! J'ai une vie scolaire à sauver, moi (en plus du reste).

— Euh... Oui, je mens cependant, dans l'espoir d'éviter une nouvelle séance de torture.

Elle ne paraît pas complètement convaincue.

— Nous allons tout de même commencer par quelques échauffements, si tu veux bien, dit-elle en me faisant signe de la suivre jusqu'à la salle de torture. Je veux dire : de sport.

Je grommelle une réponse indistincte. Je pense que, même si je ne le voulais pas, j'y serais tout de même forcé.

J'ai encore des courbatures de la dernière fois. Rien que le fait de m'allonger sur le tapis de gymnastique m'est douloureux. J'ai l'impression d'être un petit vieux perclus de rhumatisme. Bien sûr, cela n'incite pas pour autant Mme Jean à avoir pitié de moi.

— Nous allons commencer par quelques petites pompes, suggère-t-elle.

— Hum... Et après ? je demande, un peu inquiet.

— Quelques fentes dynamiques, sans doute. Et tu pourras à nouveau faire la chaise contre le mur. La dernière fois tu n'as tenu qu'une minute.

— Je veux dire, après l'échauffement, je précise. Est-ce que je saurais combattre un vampire à la fin de la séance ?

Je précise que j'ai tenu une minute et vingt secondes, en faisant la chaise. Pas seulement une minute.

Mme Jean se met à rire. J'essaie de ne pas m'en vexer.

— Oh, tu auras quelques bases de plus, peut-être. La semaine prochaine, nous pourrons passer une partie de l'après-midi à tester tes capacités sous forme de loup. Tu maîtrises bien ta forme, n'est-ce pas ?

Je crispe mes doigts.

— Euh... Ça dépend des jours, disons.

L'agente hausse un sourcil.

— C'est-à-dire ?

Je me retrouve à devoir raconter mes petits problèmes de transformation.

— ... Et Éric pense que je devrais aller demander conseil à M. Raspail, je conclus en me redressant sur les coudes. Apparemment, il pourrait m'aider sur ce plan-là.

Mme Jean réfléchit en se mordillant la lèvre inférieure.

— Hum. Peut-être que Jérôme pourrait effectivement être de bon conseil.

Je trouve toujours étrange de l'entendre appeler M. Raspail "Jérôme". En plus, elle prononce toujours son nom avec une certaine nostalgie, comme si elle conservait des sentiments pour lui. Mais, bon, plus longtemps nous parlerons et plus longtemps j'échapperai à mon échauffement.

— Vous pensez ? je demande, histoire de relancer la conversation.

En réalité, je n'ai pas la moindre envie d'avoir cette petite conversation avec M. Raspail. Je fréquente déjà beaucoup trop Éric ces derniers temps et cela me suffit largement.

Le loup et moi 2 [terminée]Where stories live. Discover now