Chapitre 31

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Pour couronner le tout, le week-end qui vient se révèle complètement pourri. Il pleut sans interruption, des heures durant. Ce n'est même pas un orage, une tempête ou autre chose d'impressionnant qui serait intéressant à regarder. Non, il s'agit juste d'une pluie fine et constante des plus déprimantes.

Je me poste devant la fenêtre du salon en poussant de profonds soupirs, Ernestine sur les genoux. Je me sens malheureux comme une pierre face à ce temps. En même temps, qui aime la pluie, à part peut-être les escargots ? Ou les grenouilles. Moi je suis un loup. Les loups aiment avoir leur fourrure propre et bien sèche. Du moins, je suppose. Je ne suis l'un des leurs qu'à temps partiel.

Pruneau vient me rejoindre en gémissant de frustration.

— Je sais, je sais, je lui dis en regrettant de ne pas pouvoir pousser les mêmes gémissements que lui. Moi aussi je m'ennuie...

Je pourrais travailler pour m'occuper, certes, mais je n'arrive pas à me concentrer quand il pleut. Mon regard est automatiquement attiré par les gouttes qui dévalent le long des vitres de la fenêtre. Si je me tourne pour être face au mur, j'entends le bruit de l'eau et cela produit le même effet de distraction. Quand je vous disais que ma nature toute entière conspire à m'empêcher d'être un élève studieux ! Je suis sûr que les gens comme Joséphine ne doivent pas souffrir des mêmes problèmes, ce qui explique en partie leur supériorité scolaire (et le fait qu'ils peuvent envisager de devenir médecin urgentiste par tous les temps).

Ploc ploc.

Les gouttes se succèdent tandis que mon moral descend encore d'un cran.

Dire que j'aurais pu passer ce temps chez les Imbert, blotti contre Martin à regarder des vidéos d'animaux sur YouTube ! Pruneau serait allé embêter Mirabelle, sa grande tante, ce qui nous aurait laissé toute l'intimité nécessaire. Mais ce n'est pas possible et tout cela parce que mon petit ami a eu l'idée saugrenue d'aller étudier le scénario à Lyon.

J'aime beaucoup le cinéma et je suis sûr que les films de Martin seront excellents. Il n'empêche que je me dis parfois qu'il aurait pu trouver une formation avec des cours en visio.

La semaine commence mornement. J'ai eu 12 en physique. Le prof me rend ma copie sans commentaire. Certes, il ne me félicite pas comme il le fait avec Joséphine, mais il ne me dit pas non plus que j'ai le cerveau ramolli. Je range mon contrôle dans mon sac avec un sentiment mitigé.

Pour une fois, je ne suis pas mécontent le mercredi de me rendre à mon entraînement. Au moins, cela va me permettre de me défouler et d'oublier ma contrariété. En plus, Mme Jean a promis qu'on ne ferait pas trop de pompes cette fois-ci, pour garder plus de temps pour la deuxième partie. Apparemment, elle veut entraîner ma forme de loup, cette fois-ci. Je me demande si je serai meilleur qu'en humain. Je crains malheureusement que non. Je continue toujours parfois à m'emmêler les pattes quand je cours (ne riez pas : il est plus difficile de coordonner quatre pattes que deux jambes).

Je me retrouve devant Mme Jean et la regarde tapoter sur son sac à boxe qui pendouille au milieu de la salle de sport.

— Pour les besoins de l'exercice, nous allons imaginer que ce sac est un vampire.

Je fronce les sourcils. Je ne suis pas sûr de disposer d'autant d'imagination. Un vampire est quand même plus effrayant que ce gros machin.

— Hum, si vous voulez, je réponds cependant, pour lui faire plaisir.

Mme Jean désigne le couloir du menton.

— Eh bien, va te transformer. Il y a une salle de bain sur la droite.

Le loup et moi 2 [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant