Chapitre 35

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Dehors, il fait nuit noire. Par souci d'économie d'énergie, la mairie de Gardelune éteint ses lampadaires à une heure du matin. C'est une sage décision qui préserve la planète, certes, mais ce n'est pas l'idéal dans une ville qui est potentiellement envahie par les vampires. Je me sens un brin stressé par toute cette obscurité, mais la perspective de voir Martin me donne des ailes. Sous ma forme de loup, j'atteindrai la maison des Imbert en une dizaine de minutes. Et puis j'ai quelques bases contre les vampires, maintenant. Si l'un d'entre eux se pointe, je pourrais lui sauter à la gorge. En théorie. S'il reste bien immobile, comme le sac de boxe de Mme Jean. Et encore.

Je me déshabille, fourre mes vêtements dans un sac en plastique accroché à un arbre et me transforme.

Heureusement, les loups disposent d'une très bonne vision nocturne, ce qui me permet de voir où je mets les pattes et m'évite une nouvelle collision désagréable avec un arbre. J'ai pris ce chemin des dizaines de fois, cet été, et même un nul comme moi ne peut pas se tromper. Je finis d'ailleurs très vite par arriver à proximité de la demeure des Imbert.

C'est là que je me rappelle que j'ai enlevé à la rentré le sac qui contenait mes vêtements que j'avais laissé accroché non loin de Martin pendant toutes les grandes vacances. Ce qui veut dire... que je suis tout nu sous ma fourrure !

Je me fige en me sentant bien bête. Comment ai-je pu ne pas y penser ? Qu'est-ce que je vais faire, maintenant ? Rester en loup et hurler pour attirer l'attention de Martin ? Je risquerais de réveiller toute sa famille. Ou jouer au nudiste ? Ai-je vraiment le choix ? En plus, je n'ai même pas mon portable pour signaler ma présence à l'alpha.

C'est cette comédie musicale niaise qui m'a embrouillé encore plus le cerveau. Je ne vois pas d'autres explications.

Je me camoufle dans un buisson pour me transformer. Je me mets aussitôt à trembler de froid. Il me faut vite prévenir Martin pour aller me mettre au chaud à l'intérieur. Comment fait-on cependant pour communiquer avec quelqu'un sans portable ?

Je finis par me décider par une méthode préhistorique qui est parfois utilisée par les héros des séries que je regarde : lancer des petits cailloux contre les volets de la personne qu'on veut réveiller.

Je ramasse des projectiles et me concentre. Il ne s'agirait pas de me tromper de cible et de réveiller quelqu'un d'autre, comme Stéphane, par exemple.

Poc.

Le premier caillou vient toquer contre les volets de Martin. J'attends un peu en retenant mon souffle. Il ne se passe rien. Un hibou se met juste à hululer à quelques mètres de moi et je sursaute.

Tong !

Le projectile suivant rate le volet et vient rebondir contre la gouttière.

Ping !

Le suivant atteint sa cible, mais je me retrouve à court de cailloux. C'est que Martin n'a pas le sommeil léger !

J'entends soudain un grincement et le volet se met à bouger. La fenêtre s'ouvre enfin et quelqu'un se penche.

— Euh... Théo ? chuchote une voix incertaine.

J'agite le bras hors de mon buisson.

— Oui, c'est moi, je murmure. Tu veux bien me laisser monter ? Et... euh... me prêter des vêtements ?

Je distingue dans la pénombre une silhouette se pencher.

— Attends... Tu es tout nu ?

Je feins de ne pas avoir entendu la question et analyse le mur de la maison pour trouver un moyen de l'escalader. Martin m'a révélé un jour qu'il sortait et montait souvent de nuit par sa fenêtre, lorsqu'il était un ado apparemment rebelle. Et quand il venait dormir avec moi cet été, bien sûr.

Le loup et moi 2 [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant