Chapitre 23

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Je me réveille le lendemain avec les cheveux en bataille et les yeux pas complètement en face des trous. J'ai passé la nuit à faire des cauchemars dans lesquels j'étais poursuivi par des vampires assoiffés. En passant devant mon miroir, je ne peux pas m'empêcher d'inspecter mon cou pour vérifier qu'il ne porte pas une trace de morsure. Une trace autre que celle que m'a laissée Martin, bien sûr. Heureusement, il n'y a rien. Une marque me suffit. Mon cou n'est pas un morceau de gruyère.

Mes parents semblent déterminés à faire comme si de rien était et bavardent joyeusement pendant tout le petit-déjeuner tandis que je mange mornement mes céréales. Ils me posent quelques questions auxquelles je réponds par des monosyllabes qui semblent les contenter.

Ma mère vient me serrer dans ses bras lorsque je m'apprête à quitter la maison pour me rendre en cours bien à l'heure car, oui, je suis un élève sérieux, contrairement à ce que tout le monde a l'air de croire.

— Ne fais pas cette tête, lapin, essaie-t-elle de me consoler. Papa et moi ne voulons que ton bien, tu le sais.

Je me dégage pour mettre mes chaussures en grommelant un vague "hum hum".

— Je te ferai ton plat préféré ce soir, assure Maman. Tu verras, tu ne regretteras pas d'être resté avec tes vieux parents. Si tu as suffisamment avancé dans tes devoirs, nous pourrons faire une sortie tous les trois dimanche au château fort qu'a repéré ton père. Cela fait si longtemps !

Une mauvaise conscience lancinante vient à présent s'ajouter à ma mauvaise humeur. Je ne serai plus là lorsque mes parents rentreront du travail. Je m'enfonce chaque jour un peu plus dans la délinquance.

Après la journée de cours, j'entre dans la maison et tends l'oreille pour m'assurer que mes parents ne sont pas revenus plus tôt. Je ne tombe que sur Pruneau qui me fait la fête, ignorant lui aussi que je m'apprête à fuir le domicile parental.

Après avoir sorti mon sac de sa cachette, je laisse juste un mot sur la table de la cuisine pour indiquer quelle quantité de nourriture donner à Ernestine (pour Pruneau, mes parents le savent, et mon chiot n'est pas du genre à se laisser mourir de faim, bien au contraire).

Je me poste devant la porte extérieure de la maison en espérant que je n'aurai pas trop longtemps à poiroter. Bien sûr, j'aurais pu me transformer et me rendre à la gare en courant. Mais cela ne serait pas très discret le long d'une route. Surtout en traînant mon sac de voyage derrière moi sur un chariot à roulettes (j'y ai vaguement pensé). J'ai donc élaboré un autre plan. Il ne reste plus qu'à attendre qu'il se concrétise en ignorant Pruneau qui gratte la porte dans l'espoir de parvenir à l'ouvrir pour me rejoindre.

Enfin, j'entends un coup de klaxon et un véhicule s'arrête devant moi. J'ai un instant d'arrêt. C'est la camionnette qui avait servi à mon enlèvement, l'année dernière. La fenêtre du conducteur s'ouvre et la tête peu réjouissante d'Éric Raspail en sort.

— Eh bien, tu montes oui ou non ? s'impatiente-t-il.

Je sors de ma torpeur pour soulever mon sac et contourner le véhicule pour atteindre la place du passager. Une forte odeur de fromage imprègne l'air lorsque j'entre dans l'habitacle au moyen d'une marche. Je suppose que le véhicule doit servir à transporter les marchandises produites par les Raspail, quand il n'est pas utilisé pour kidnapper les gens.

Je prends une grande inspiration en glissant mon sac de voyage à mes pieds. Il y a suffisamment d'espace pour qu'il s'y loge sans problème.

— Merci d'être venu, je m'oblige à dire.

— Je ne pensais pas devoir te transporter un jour pour que tu ailles rejoindre Imbert, ronchonne Éric.

Je boucle ma ceinture.

Le loup et moi 2 [terminée]Where stories live. Discover now