Chapitre 42

1.7K 224 75
                                    


Pour ne pas trop penser à ma dispute avec Martin, je décide de me concentrer pleinement à mes études. Être un bon élève (en plus de tout le reste dont je vous épargne l'énumération) se révèle épuisant. Je passe l'essentiel de mes journées à rêver du moment où, enfin, je poserai ma tête sur mon oreiller. Et quand cet instant vient, je ne peux même pas en profiter car je m'endors instantanément. Sauf quand ma cousine Florence me pince parce qu'elle a envie de bavarder au sujet des vampires (elle est devenue obsédée par les vampires, ce qui est exaspérant).

Lorsqu'une affreuse sonnerie carillonne juste à côté de mon oreille, ce jour-là, je me sens des envies de meurtre. Je n'ai habituellement pas cours le samedi matin, et l'idée de devoir me lever quand même pour aller au lycée assister à ce fameux forum des métiers ne me remplit pas de joie, surtout que la participation n'était même pas obligatoire. Maman a cependant été intraitable, hier soir :

— Tu iras à tous les forums des métiers qui se présenteront dans les cent kilomètres aux alentours tant que tu n'auras aucune idée de profession, m'a-t-elle dit très sévèrement.

Du coup, j'ai été obligé de mettre mon réveil et de sortir du lit lorsqu'il a sonné, malgré ma fatigue extrême.

— Tu es sûr que tu ne veux pas que nous fassions le chemin ensemble, insiste une énième fois Maman pendant que je mâche mes céréales dans l'espoir de me réveiller un peu.

Je grogne.

— Oui Maman, je suis sûr.

Tout épuisé que je suis, je ne tiens pas pour autant à être vu en compagnie de ma mère dans les parages du lycée, même un samedi matin.

Bien sûr, elle prend un air offensé.

— Très bien. Nous irons chacun de notre côté, puisque tu as tant honte de ta vieille mère...

Je ne réagis pas. Déjà, parce qu'elle n'est pas si vieille que cela, et ensuite parce que je suis sûre qu'elle agissait comme moi quand elle avait mon âge. Surtout que Mamie est plutôt du genre terrifiante.

Maman continue à me regarder un petit moment puis, voyant que je ne me laisse pas apitoyer, elle sort de la maison la première. Je termine tranquillement mon bol de céréales et je lui emboîte le pas une bonne vingtaine de minutes plus tard.

Je frissonne en arrivant dehors. Le temps se rafraîchit de plus en plus au fur et à mesure que le mois d'octobre se déroule. Il me faudra bientôt ressortir mon manteau d'hiver, mon écharpe et ma paire de gants. Ce n'est pas parce que je suis un loup-garou que je ne suis pas frileux. Sans compter que je ne dispose pas de ma fourrure quand je suis sous forme humaine.

Les grilles du lycée sont grandes ouvertes sans personne pour les surveiller. Je vois des gens de tous âges les franchir, et non seulement des jeunes, ce qui fait bizarre. À croire que toute la ville s'est donnée rendez-vous ici.

J'ai l'impression que ce forum des métiers est surtout une occasion pour les parents de venir se balader en toute impunité dans le lycée. J'en vois plusieurs qui fouinent par ci par là, parfois avec un air de nostalgie sur le visage. Les adultes aiment bien nous faire croire qu'ils regrettent la belle époque où ils avaient des devoirs à faire, des contrôles sans arrêt et aucune visibilité sur leur avenir.

N'importe quoi !

Bien sûr, ma mère s'est inscrite parmi les tout premiers sur la liste des parents volontaires pour présenter leur profession. Je ne l'ai pas supplié de ne rien faire parce que je savais bien qu'elle ne m'écouterait pas, comme d'habitude. Cela n'aurait fait au contraire que la conforter dans sa résolution. Au moins mon père n'est pas venu pour parler de la vente des fenêtres. Il en avait un peu envie, mais il vient de s'acheter un VTT et mourrait d'envie de l'essayer.

Le loup et moi 2 [terminée]Where stories live. Discover now