Chapitre 11

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Alors que je viens de terminer ma part de flan aux abricots, je me lève, déterminé.

— Je dois passer aux toilettes, je marmonne. Inutile de m'accompagner. Je sais où c'est.

En quittant la pièce, j'entends ma mère dire :

— Théo était malade dans la voiture. Apparemment, la cantine a servi un drôle de hachis.

Bon sang ! Ce que mes parents peuvent être gênants ! Enfin, ils m'offrent une bonne excuse pour disposer du temps nécessaire à mon plan (car, pour une fois, j'en ai un).

Je m'extirpe discrètement du bunker (je commence à en avoir l'habitude !) et rejoins rapidement l'endroit où sont incarcérées les victimes des Raspail. J'ouvre toutes les cages les unes après les autres. Je pensais que les lapins en profiteraient aussitôt pour bondir et sauver leur vie mais, à ma grande surprise, ils ne bougent pas d'un poil comme si la simple notion d'évasion leur était inconnue.

J'agite les bras dans tous les sens.

— Fuyez, lapins !

Ils continuent tranquillement à mâchouiller leur paille.

J'en saisis quelques-uns et les dépose dans l'herbe pour leur donner une impulsion de départ mais c'est imbéciles se contentent de se coucher dans l'herbe avec indifférence.

Je décide alors de leur faire peur et me transforme en loup. Je prends mon air le plus féroce, en grognant férocement.

Aucune réaction. Je suppose que les lapins doivent être habitués à la présence de loups plus impressionnants que moi dans les environs...

Désespéré par la bêtise de ces bestioles, je me retransforme et me rhabille rapidement. Ils veulent être mangés par les Raspail, ou quoi ?

Mes yeux tombent sur le lapin qui broutte le plus près de moi et que j'avais caressé tout à l'heure. C'est le plus petit de la bande et il semble un peu plus éveillé que les autres. Il agite ses longues oreilles blanches et sa petite queue en forme de pompon.

Je prends une grande inspiration. Je vais au moins sauver celui-là, c'est décidé. Il est trop adorable pour finir dans l'assiette des Raspail.

Le lapin se contente d'agiter mollement les pattes lorsque je le prends dans mes bras et cours vers la voiture comme si j'avais le Diable à mes trousses. Je le dépose sur la banquette arrière juste à temps, car mes parents et les Raspail nous rejoignent la seconde d'après alors que je venais de claquer la portière.

— Ça va mieux, lapin ? s'inquiète ma mère.

— Hum hum.

Je danse d'un pied sur l'autre, assez nerveux. Et si l'un des Raspail remarquait l'ouverture des cages avant que nous ayions le temps de fuir ?

Comme s'ils le faisaient exprès, mes parents prennent tout leur temps. Ils échangent toutes sortes de politesses. M. Raspail remet à ma mère un sac rempli de fromages produits par leur ferme, ainsi qu'une terrine de lapin (!). Puis, enfin, nous montons tous les trois dans la voiture. Il fait désormais nuit et le lapin à côté de moi est protégé par la pénombre. Je le recouvre tout de même à moitié avec ma veste.

Le véhicule se dirige très lentement vers la grille d'entrée. Je mordille l'ongle de mon pouce. Je m'attends presque à ce qu'une alarme se mette soudain à brailler, à ce que la porte se referme toute seule et à ce que des dizaines de loups se jettent sur la voiture pour nous arrêter et se saisir du lapin fugitif.

On ne sait jamais, avec des psychopathes comme les Raspail...

Leur système de surveillance doit cependant manquer d'efficacité, car nous sortons de la propriété sans être inquiétés. Je respire un peu mieux et m'installe plus confortablement sur mon siège.

Le loup et moi 2 [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant