Le loup et moi 2 [terminée]

Chapitre 41

Après cet épisode, ma cousine se montre vaguement plus sympa avec moi. Vaguement, parce que Florence reste Florence et qu'on ne peut pas changer sa nature profonde de plante mutante du jour au lendemain d'un claquement de doigt. La jeune fille devient cependant, d'une façon étonnante, une sorte de confidente pour moi. Je lui en dis le moins possible sur les loups, pour ne pas avoir d'ennui avec les meutes. En revanche, je lui raconte tout ce que je sais sur les vampires, y compris l'épisode malheureux au cours duquel j'ai jeté de l'eau bénite sur la coloc de Martin.

— Attends, réagit-elle en mâchonnant un énième chewing-gum alors que nous sommes tous les deux dans ma chambre, deux jours après l'attaque, ton copain est en coloc avec une fille sexy ? Ça ne te dérange pas ?

Je hausse les épaules avec indifférence.

— Non, bien sûr. J'ai toute confiance en lui. Il a eu quelques aventures avec la gente féminine, certes, mais c'était avant de me rencontrer.

Florence étire ses lèvres d'une drôle de façon.

— Je vois. Et donc le fait que tu l'ai prise pour une vampire est uniquement dû au fait qu'elle a la peau pâle et non parce que tu ressentais de l'hostilité envers elle ?

Je triture nerveusement ma couverture qui gratte en évitant le regard de ma cousine.

— Bien sûr, je répète.

— Hum, répond-elle simplement sur un ton dubitatif qui me heurte. Et d'abord, d'où connais-tu tous ces trucs sur les vampires ?

J'hésite un moment à lui parler de Mme Jean avant de me raviser. Je ne sais pas... Je ne voudrais pas que quelqu'un de ma famille adoptive, même s'il s'agit de ma cousine dont je ne suis pas très proche, découvre que je fréquente ma mère biologique en secret. Du coup, je me contente d'évoquer le manuscrit en laissant entendre que je l'ai trouvé à la bibliothèque.

Florence commence à pianoter sur son portable.

— Quel est le nom de cette fameuse coloc ? me demande-t-elle, apparemment plus intéressée par ce sujet que par celui des vampires. Je vais l'espionner sur les réseaux sociaux pour voir à quoi elle ressemble.

— Tu ne trouveras rien, je lui dis parce que, bien sûr, j'ai essayé de le faire sans succès.

Ma cousine est cependant trop obstinée pour me croire et je lui donne le nom pour qu'elle arrête de me harceler.

Je m'allonge sur mon lit de camp pendant qu'elle fouine sur internet. Je suis tout le temps fatigué, en ce moment.

— Elle n'a pas de compte facebook, commente ma cousine au bout de cinq minutes. C'est plutôt louche. Enfin, elle utilise peut-être un pseudo. Oh, tiens, elle est taguée sur cette photo de la classe de cinéma de ton mec. C'est bien elle ?

Je me redresse avec un grognement. Elle me tend son portable. Mon regard est automatiquement attiré par Martin au deuxième rang qui est incontestablement le plus beau de toute sa classe. Et je dis cela en toute objectivité. Fleur est... juste à côté de lui !

Je pose mon index sur l'écran en me retenant de grincer des dents.

— Ouais, c'est elle, je dis.

Florence agrandit l'image en zoomant avec les doigts.

— Elle est pâle, c'est vrai. M'enfin, on ne peut quand même pas accuser tous les gothiques d'être des vampires. Chacun son style. Elle est beaucoup plus belle que le type qui m'a agressé l'autre jour, en tout cas.

Je me racle la gorge.

— Tu la trouves si belle que cela ? je demande, mine de rien, curieux d'avoir un avis féminin.