10. Le froid

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J'étais dans la cuisine en train de me préparer un sandwich lorsqu'un bruit retint mon attention.

Je m'arrêtai dans mon élan. Mes oreilles s'érigèrent comme des sentinelles, captant chaque vibration sonore qui brisait la quiétude de la pièce. Mon regard se porta là où me parvenait le son, c'est-à-dire sur la poignée de la porte d'entrée qui bougeait, comme si quelqu'un essayait de la forcer discrètement.

La panique me pris aux tripes et mon premier réflexe fut de m'enfermer dans ma chambre et d'appeler la police. Je fermai la porte à clé tandis que j'entendis l'individu pénétrer chez moi. Mes mains tremblaient et je sentais ma vue se brouiller par la peur.

Mon portable, mon portable.

Je balançai tout par terre dans une recherche désespérée de ce foutu portable, introuvable au moment où j'en avais le plus besoin.

Ma respiration se coupa lorsque j'entendis l'intrus tenter d'ouvrir la porte de ma chambre. Je portai ma main à ma bouche dans l'espoir de ne faire aucun bruit, mais il savait déjà que j'étais là, c'était certain.

Puis, aucun bruit.

Alors que je crus qu'il s'était en allé, un bruits sourd retentit. Il essayait de défoncer ma porte. Et moi j'étais là, impuissante, à regarder le cadran au niveau de la serrure se fissurer peu à peu.

La crise d'angoisse s'emparait de moi au fil des secondes. Je sentais mes membres faillir, ma gorge se nouer et mes poumons se comprimer.

La porte s'ouvrit enfin sur une personne masquée. Avec un putain de flingue braqué droit sur moi.

- Je ne vais pas te faire de mal, tu vas seulement me suivre gentiment.

Il s'agissait d'une femme.

Ma bouche s'ouvrit à peine qu'un autre bruit parvint de la porte d'entrée, qui détourna son attention de moi.

Et une balle vînt se loger entre ses deux yeux sans qu'elle n'eut le temps de réagir, et sans même que je n'eus le temps de cligner des yeux.

Je restai stoïque, les mains jointes devant ma bouche, avant de porter mon regard sur la porté d'entrée.

- MAIS T'ES COMPLÈTEMENT MALADE !

Voilà la première phrase que j'ai adressée à Isaac en voyant le corps sans vie de l'intruse. Et puis qu'est-ce qu'il faisait ici d'abord ?

Une flaque de sang gisait sur le sol tout autour de ta tête et ses yeux était vidés de toute trace de vie. C'était déjà le deuxième meurtre auquel j'assistais en l'espace de quelques jours.

Un cadavre de plus.

Lui ne me répondit rien et se pencha pour enlever la cagoule qui recouvrait le visage de l'intruse, son portable collé à l'oreille.

- Nan c'était pas lui... je l'ai directement descendue... j'en ai rien à branler putain... je t'attends, finit-il par dire avant de raccrocher.

La femme avait les yeux marrons maintenant ternis par la mort et je savais déjà que je n'étais pas prête de les oublier d'ici la fin de mes jours.

- T'es un putain de malade mental, lui lançai-je en me tenant debout devant lui tandis qu'il était toujours agenouillé près du corps.

Il était en train de la fouiller de manière totalement impassible et à l'ignorance de ma présence.

- J'te cause là ! lui dis-je alors en perdant patience face à son mutisme.

- N'hausse, jamais, le ton sur moi. Je pensais pourtant avoir été clair, me dit-il en me fusillant du regard. T'aurais peut-être préférée qu'elle te colle une balle en pleine gueule, ajouta-t-il.

RENAISSANCEWhere stories live. Discover now