16. Mutisme

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J'ajustai nerveusement mon manteau défraichis tout en regardant autour de moi, en une veine tentative de divertissement. Je m'estimais heureuse de l'ambiance sombre qui allait me dissimuler encore plus. 

Sur la piste de danse, les corps se meuvent avec une énergie débridée, audacieuse et sensuelle, dansant de manière synchronisée ou se laissant simplement emporter par la musique.

Je me surpris à sourire bêtement, lorsque je me remémorai certaines de mes soirées arrosées, à moi aussi, avant d'avoir comme un pincement au coeur qui me fit reprendre mon visage de marbre. 

Mon regard se posait sur elles, ces filles qui se dandinaient sensiblement devant moi, avec une envie presque douloureuse, tandis que je me sentais en retrait dans ma tenue désuète et inadaptée à cette atmosphère de séduction. Je ne pouvais m'empêcher de me comparer à elles, ressentant un mélange d'admiration et de désespoir face à leur confiance éclatante.

Leurs robes scintillantes s'accrochaient à leur silhouette, mettant en valeur des courbes parfaitement sculptées, tandis que mes propres vêtements semblaient me confiner dans une anonymat indésirable.

Mon reflet dans un miroir à proximité révélait une image pâle et fade, une vision de la médiocrité dans un océan d'éclat et de charme.

Oui, ces filles-là étaient toutes empreintes d'une assurance que je ne pouvais que convoiter.

J'enviais la façon dont elles semblaient si à l'aise dans leur propre peau, attirant les regards et les éloges, tandis que je me fondais seulement dans la masse en retrait.

Je saisi les pans de mon manteau de fortune, et le resserrais contre moi, mon apparence me dérangeant étrangement à présent.  

Soudain, des voix d'hommes qui me parvinrent d'en bas attirèrent mon attention, et mon mal-être se mélangea à mon angoissante palpitante.

Je me décalai légèrement de l'entrée des escaliers afin de ne pas encombrer le passage, tandis que plusieurs hommes montèrent les marches. Il n'y avait que des personnes âgées, à en juger de leur apparences.

Vêtus de costards sombres, ils semblaient émerger des ténèbres telles des ombres vivantes, et j'en eus des frissons dans le dos, notamment lorsque je devinai sans mal ce dont ils discutaient en bas.

Je détournai la tête et fis mine de regarder la foule dansante, appuyée contre la rambarde. Mon manteau me semblait soudainement trop lourd et une fine couche de sueur perlait sur mon front, tandis que mon corps réagissait à l'excitation et au stress qui montaient en moi.

Je sentis plusieurs présence filer dans mon dos, mais aucune ne s'arrêta, ce qui eut le don d'accroître mon angoisse. Allez putain, montres-toi qu'on en finisse.

- Bonsoir.

Je sursautai, prise de court et tourna ma tête en direction de la voix masculine qui semblait s'adresser à moi.

Il s'agissait d'un homme que je n'avais pas vu venir sur ma gauche, qui me souriait tellement chaleureusement que je me demandai durant quelques secondes si je le connaissais ou non. Après une rapide analyse, la réponse était non, sans grande surprise.

Je n'avais pas vu s'il faisait parti de ceux qui étaient sortis de la salle du sous-sol, son costard gris clair portait à confusion. 

Était-ce lui ?

- Euh, bon-bonsoir, balbutiai-je. 

- Êtes-vous seule ? engagea-t-il la conversation, d'une approche directe et invasive.

C'était un quarantenaire, je le crois, au regard sournois et à l'expression amusée. Il me regardait avec une intensité déplacée, transmettant un message de convoitise écoeurante.

RENAISSANCEWhere stories live. Discover now