33. Appât

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- Il ne t'arrivera rien, je serai là, me rassura le tueur.

Cela faisait plusieurs minutes qu'il me parlait de son plan, tandis que je l'écoutais en séchant les verres propres au torchon. Le pub était remplit, comme à son habitude.

- Je sais qu'il ne m'arriva rien, Isaac, répondis-je d'un ton calme alors qu'une tempête de peur et d'appréhension déferlait en moi à l'instant même.

Je savais qu'il ne m'arriverait rien tant qu'il était là pour me surveiller et me protéger. Il en a toujours été ainsi, il n'avait jamais faillit à ma protection. Si quelqu'un voulait me faire du mal, ce serait lui, et uniquement lui. Comme lorsqu'il m'a volontairement tiré dessus.

- Je sais que tu as peur, mais ce sera rapide, ajouta-t-il avant de d'avaler une gorgée de son alcool.

Évidemment qu'il savait que j'avais peur, que pouvais-je lui cacher quand bien même je m'efforcerai à tenter de le faire ?

Je lui répondis alors simplement par un sourire crispé, avant de rapidement servir d'autres clients impatients d'avoir leur boissons pour l'arrivée des danseuses. Effectivement, les lumières s'assombrirent davantage, et le DJ changea de musique en nous plongeant dans une toute autre ambiance, bien plus sensuelle.

Alors que tout le monde observait la scène, je ne pus m'empêcher d'avoir l'esprit ailleurs. Et s'ils remarquaient que je portais un traceur sur moi ? Que je m'étais laissée volontairement kidnapper ? Les hommes de Caleb m'achèveraient sur le moment je suppose. Était-ce vraiment la dernière solution pour le coincer ? N'y avait-il pas d'autres moyens d'y parvenir ?

Mais Isaac avait raison, il n'y avait aucune évolution, ou presque, depuis des mois, et eux étaient sur cette affaire depuis bien avant notre rencontre.

Après tout, je crois que plus que pour ma liberté, je le faisais pour lui. Pour enfin le libérer de ses démons et de ses chaînes qui le maintenaient prisonnier de sa vie, pour que nous puissions être ensemble. Pour qu'il puisse être avec moi sans remords, sans réticence, sans barrière. Pour qu'il cesse de croire qu'être avec moi était synonyme de danger ou de mort. Car oui, il n'était pas le seul à deviner les pensées.

En relevant la tête de mes occupations, je vis qu'Isaac, contrairement à tout ceux qui nous entouraient, ne regardait pas la scène, non. Il me regardait moi, seule derrière le comptoir à travailler dans un accoutrement probablement inattirant à l'heure qu'il était.

De nouveau, il avala une gorgée sans me quitter du regard, avant de me faire un clin d'oeil qui me fit tomber des nues. Savait-il à quel point il était attirant ? J'étais certaine que non.

Timidement, je lui rendis un sourire, sans pouvoir m'empêcher de montrer mes dents. Cet homme me rendait toute chose.

Je retournai à mes occupations et regardai l'heure affiché sur mon portable. Plus que dix minutes avant la fin de mon service. Soit environ un quart-d'heure avant le kidnapping.

À cette pensée, je rangeai mon portable en déglutissant, le coeur battant.

Je voulais que le temps ralentisse, que les minutes s'écoulent moins vite, et pourtant, chaque fois que je regardai l'heure, le temps semblait me narguer et s'accélérait à une vitesse folle.

À l'approche du moment tant attendu, je me tournai en direction d'Isaac. Ce dernier me fit un signe de la main pour que je m'approche. Je posai alors les bouteilles que j'avais en main, et lui obéit.

Arrivée à son niveau, il se leva, et par dessus le comptoir, il se pencha et m'offrit un baiser délicat tandis que je m'élevai sur la pointes des pieds. Ses lèvres étaient chaudes, de même que son souffle contre mon nez. C'était apaisant, ne serait-ce qu'un peu.

RENAISSANCEWhere stories live. Discover now