17. Virée nocturne

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Une semaine s'était écoulée. Je faisais mes aller-retour au boulot le soir, et nous nous croisions rarement la journée.

Les premières lueurs du jour avaient à peine chassé les ombres de la nuit, et pourtant, la journée promettait déjà d'être une mélodie ennuyeuse. La télévision, à l'écran noir et muet, était allumée, mais les images défilaient sans éveiller la moindre passion.

La porte d'entrée s'ouvrit soudain lentement et je m'immobilisai d'appréhension, jusqu'à ce que je n'aperçoive Isaac sur le seuil. Je me demandai un court instant ce qu'il avait fait dehors toute la nuit pour ne rentrer qu'au petit matin, avant de me rappeler que cela ne me regardait pas.

Je remarquai qu'il avait mine affreuse, avec ses yeux rougis, ses cernes noires et son visage creusé. Un t-shirt blanc le moulait, faisant davantage ressortir les sombres tatouages qui l'ornaient. 

Il s'avança tel un zombie, et vint s'avachir sur le canapé à mes côtés, à mon plus grand étonnement, manquant de peu de faire renverser ma tasse de café au passage. La télévision était allumé sur une chaîne de documentaire animalier. 

Une odeur s'échappait de lui, une odeur acide-amère. Je fronçai les sourcils et tournai ma tête dans sa direction. Était-il drogué ? Je reconnaissais pourtant les odeurs de drogues, mais celle-ci m'était inconnue. C'était peut-être autre chose.

- T'es drogué ? osai-je demander.

Il esquissa un léger rictus, très léger. Le premier qu'il m'offrait, même si c'était minime. Et cela me fit drôle, alors je restai accrochée à ses lèvres, le coeur tambourinant. 

- Est-ce que Louis t'as trahit finalement ? me surpris-je à demander au bout de quelques secondes. 

Je crois que cette question mêlée à la curiosité avait été resté dans un coin de ma tête depuis ce soir-là.

Il resta muet quelques instant.

- T'as peur que je le tue ? finit-il par me demander.

- Pas vraiment, répondis-je d'un ton las. 

Je ne le connaissais pas plus que ça. Je demandais par simple curiosité, la question étant restée dans un coin de mon esprit. 

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ? répétai-je. 

- Pourquoi est-ce que t'es autant insensible ?

- Et toi ? répliquai-je.

Ma question était ridicule, c'était un tueur à gages, il était normal pour lui d'être insensible à la mort. Pourtant ma question avait un autre sens. Je voulais savoir à quel moment de sa vie il était devenu ainsi.

- Il ne vaudrait mieux pas que tu saches. Et on ne répond pas à une question par une question.

- Pourquoi pas ?

- Arrête-ça, lâcha-t-il, agacé.

J'eus un léger sourire victorieux à mon tour, que je cachai dès qu'il tourna la tête dans ma direction. J'avais néanmoins une envie atroce de connaître la raison. Lui ne m'avais jamais posé de question sur ma vie privée. Quelque chose me disait qu'en bon tueur qu'il était, il devait déjà avoir tout appris à mon sujet. Presque tout. 

Alors que nous reportâmes notre attention sur les informations ennuyantes qui passaient à la télévision, je pris la petite carafe, et me remplis l'un des deux verres d'eau posé sur la table basse. 

Son regard se posa sur moi. 

- Tes parents ne t'ont pas appris les bonnes manières ? 

Je pris une gorgée sans le lâcher du regard. Ses yeux descendirent au niveau de ma gorge. 

RENAISSANCEWhere stories live. Discover now