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- Je pourrais peut-être... rester chez toi plutôt ? lui demandai-je timidement.

Non pas que cet endroit ne me convenait pas, mais je crois que je préférais éviter d'être hébergé par lui, même si c'était en partie de sa faute si j'en étais là aujourd'hui, et qu'il me le devait.

Or c'est comme si plus j'étais à sa proximité, plus les problèmes apparaissaient. Plus j'étais à sa proximité, et plus il faisait ressortir mes démons. Plus j'étais à sa proximité, et plus je n'étais plus moi-même.

- J'aurais adoré Isabella, mais nous partons pour la Colombie avec Helia dans deux jours... Il va y avoir plusieurs ventes de filles, alors nous allons avec plusieurs hommes en mission.

- Pourquoi est-ce que ce n'est pas Isaac qui y va à ta place ? la conjurai-je.

Elle prit une expression difficilement déchiffrable, comme si me donner des explications allait être compliqué.

- Les armes seront interdites dans les clubs, nous allons être contrôlés avant d'entrer, finit-elle par dire.

Je gardais toujours une mine déconcertée lui faisant comprendre que je voyais pas où elle voulait en venir. Elle me regarda un instant et sembla céder.

- C'est compliqué, disons qu'on évite qu'Isaac se retrouve à devoir se battre à main nues.

- Parce que c'est vrai que le flingue est moins dangereux, évidemment, dis-je ironiquement en roulant des yeux. 

- Quoi qu'il en soit, il vaut mieux que tu ne reste pas seule, je t'assure. Isaac au moins sera là en cas de problème.

- Sauf si c'est lui le problème... murmurais-je à moi-même. Et... dans combien de temps est-ce que vous revenez ?

- D'ici un mois normalement, me répondit-elle.

Je lui fis les gros yeux, et elle se mit à rire.

- S'il-te-plaît, je ne peux pas rester ici, la suppliai-je en insistant.

- Attends au moins que les choses se calment. Je resterais ici avec toi cette nuit, de toute façon je ne pense pas qu'il rentrera ce soir.

- Et quand est-ce que les choses vont se calmer ? Parce que je n'ai pas l'impression que ce type va se laisser coincer un jour, m'exaspérai-je. 

- Ne t'en fais pas, me dit-elle dans un sourire rassurant, nous avons récolter des informations précieuses aujourd'hui. Ce n'est plus qu'une question de temps.

Je la regardais perplexe, en espérant qu'elle avait raison et que ce calvaire finirait vite.

Elle se dirigea dans la salle de bain, et j'en profitais pour observer la vue qu'offrait cette gigantesque fenêtre. La pluie tombait sur New York comme un rideau de perles. Les gratte-ciels semblaient s'estomper dans la brume, et les lumières artificielles clignotaient comme des étoiles. Tout semblait petit d'ici.

- Belle vue pas vrai ? lança Suzan derrière moi. Il a acheté cet appartement récemment et je crois que c'était justement pour ça.

- L'argent donne accès aux belles choses, dis-je d'un murmure emplit d'un peu d'envie, toujours le regard rivé sur la ville.

Elle ne répondit rien, comme si elle se sentait soudainement gênée, bien que cela n'était pas mon but.

- Vous n'avez pas peur pour vos familles en faisant... ce que vous faites ? Je veux dire, on me traque alors que je ne suis même pas vraiment de votre entourage. Qu'en est-il de votre vrai entourage ? osai-je demander.

- Quand on fait ce que l'on fait comme tu dis, il vaut mieux ne pas avoir de famille, ou même d'entourage, me répondit-elle dans un sourire mélangé à un soupçon de tristesse.

RENAISSANCEWhere stories live. Discover now