29. L'océan glacé

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Lorsqu'Isaac apparût, il imposait une vision à la fois terrifiante et fascinante. Le sang qui recouvrait son corps n'était pas seulement le sien, témoignant de la férocité avec laquelle il s'était battu. Il marchait avec une assurance qui confinait à l'arrogance, ses yeux durs trahissant une absence de remords qui me glaçait le sang.

Malgré les marques de la bataille, il semblait étrangement invincible, comme si sa force physique était inépuisable.

Pourtant, il y avait quelque chose dans son regard qui indiquait une lassitude profonde, un vide émotionnel. C'était comme s'il avait été vidé de toute humanité, ne laissant place qu'à une brutalité froide et calculatrice.

D'un signe de tête, Helia indiqua à ses hommes d'entrer à l'intérieur, probablement pour « nettoyer » les lieux. J'espérais qu'il n'y avait pas eu d'autres victimes, que personne n'était resté à l'intérieur tout à l'heure. Je ne comptais ni vérifier, ni demander, je ne voulais tout simplement pas savoir.

Le grand brun se dirigea vers l'arrière ruelle, où sa voiture était garée, et je me mis à le suivre.

Helia me regarda toujours de cet air désapprobateur, car bien que j'eus réussis à le convaincre de me laisser rentrer avec lui, il n'était toujours pas d'accord.

Moi, j'étais persuadée que le laisser dans sa solitude volontaire ne ferait qu'empirer son état ce soir.

- Tu m'appelles s'il y a quoi que ce soit, me mima Helia désormais plus loin derrière moi, et je lui répondis d'un hochement de tête.

À vrai dire, je fonçais tête baissée sans réfléchir aux conséquences de mes actes. Je ne savais pas vraiment quoi faire, ou même si je devais vraiment faire quelque chose. Quelque chose me poussait simplement à être à ses côtés.

Suzan voulait rentrer chez elle, et je pense qu'au fond Helia ne voulait pas la laisser seule. Je supposais donc que la situation arrangeait tout le monde dans un sens. 

Le gros bruit du moteur de la voiture me sortit de mes pensées et je me rendis compte que le mercenaire était déjà monté à bord. Je me dépêchais donc de le rejoindre au plus vite avant qu'il ne s'en aille sans moi.

À l'intérieur, il ne me dit rien, et démarra en trombe sans que je n'eus le temps de fermer la portière, preuve qu'il n'en avait rien à foutre que je sois là ou non. À vrai dire, il ne m'avait ni adressé un regard ni un mot depuis qu'il était sortit de la boîte de nuit.

La route se fit en silence, mais l'habitacle s'emplit rapidement de cette odeur nauséabonde de sang, alors j'ouvris la fenêtre pour aérer, avant qu'elle ne se referme aussitôt.

- Quoi, t'aime pas cette odeur ? lança le brun.

Je me tournai vers lui tandis que lui regardait toujours la route avec intensité.

- Puisque tu t'obstines à me suivre, fais-le en assumant les conséquences jusqu'au bout. Parce que cette odeur de sang qui te répugne, c'est moi.

Il marque une pause. Lourde, pesante. Une pause durant laquelle même respirer semblait être interdit.

- Tout ça, c'est moi.

En reportant mon regard sur la route, je vis qu'il n'empruntait pas la route pour rentrer à l'appartement, non, il semblait plutôt quitter la ville.

Je ne lui demandais pas où nous allions, puisque je le connaissais bien à présent, et que je savais qu'il n'allait certainement pas me répondre, alors je fixai simplement la route.

Il conduisait avec une détermination silencieuse, ses mains fermes sur le volant. La ville s'estompait progressivement derrière nous, mais les lumières scintillantes ne devenaient pas de plus en plus distantes. Je le laissais faire, me demandant quelles pensées traversaient son esprit derrière ce masque d'indifférence.

RENAISSANCETahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon