Léandre le roi des vampires [ TERMINEE ]

Chapitre 36

De la bouche de Léandre ne sortit aucun son. Il était pétrifié par la vision et se demandait aussi si finalement ce n'était pas dû à sa trop grande consommation d'alcool qui le faisait halluciner. Il restait donc ainsi, hagard, les yeux exorbités et grands ouverts. Amarantia le regardait et se pencha vers lui pour le secouer doucement. Lui, restait impassible, la bouche s'ouvrant petit à petit dans une expression de surprise et de confusion. Elle finit par parler la première :

_ Père, soit heureux, je t'en supplie, tu verras, je sais qu'un jour tout s'arrangera... - Sa fille flottait dans les airs au-dessus de sa tête. Il la regardait les yeux dénués de toute flamme. Il ferma les yeux et entre-ouvrit ses lèvres. Il parla doucement.

_Ama... Tu sais bien que je ne peux rien te promettre... Je ferais de mon mieux, promis – lorsqu'il s'adressait à elle, il s'animait d'une joie douce, parlait en souriant, ses petits yeux brillaient dans la pénombre. Il tendit le bras vers Amarantia, caressa sa joue fantomatique. – Te reverrais-je un jour ?

_oui mon petit papa – elle lui sauta au cou en souriant et riant, une enfant, elle lui fit un câlin. Il la prit dans ses bras, la garda tout près de lui.

_je t'aime ma puce ... – Dans un tourbillon éclatant et vert, la princesse disparaissait peu à peu. Se pouvait-il qu'il y ait enfin un espoir ? Son cœur et sa gorge se serraient. Des larmes de sang coulèrent sur ses joues bien malgré lui. Il s'était promis de ne plus s'accabler ainsi mais il en était incapable. Léandre s'essuya et se remit dans les bras de son amour. Il se rendormit doucement. Au réveil, il se demandait s'il avait rêvé. Linfiya s'était déjà levée, il s'habillait en baillant. Il tremblait, se dépêcha d'aller à la cuisine, s'installa à table pour manger, accompagnait son déjeuner avec du vin. Il sourit, sa crise était passée. Il se mit ensuite à chercher Linfiya, il aimait bien l'embêter. Léandre se mit donc derrière elle, passa ses mains devant les yeux noisettes de sa femme. Celle- ci sursauta.

_devine qui c'est ? – Il sentait Linfiya toujours affectée de la mort de sa fille et cherchait à la consoler comme il le pouvait. Léandre se disait qu'il devait enfin essayer d'avancer. Le fait d'avoir vu sa fille en fantôme - ou en rêve – l'avait partiellement consolé de sa mort. Linfiya se doutait que c'était son mari, sourit et attendit en faisant semblant de ne pas savoir de qui il s'agissait. Léandre pouffait de rire derrière son dos, il se pencha en embrassant son cou. – bonjour mon amour – souffla t'il dans son oreille. Il l'embrassa pleinement, l'entourait de sa tendresse.

_j'ai senti une âme apparaitre hier soir. J'ai cru comprendre que c'était notre fille...

_elle m'a supplié d'être heureux...que tout s'arrangerait... - Assez inconsciemment, Léandre se mit à caresser le ventre comme lorsqu'elle avait été enceinte d'Amarantia. – je sais ce qui me rendrait heureux... - Il trouvait que c'était quand même beaucoup trop tôt pour en faire un autre cela dit. Linfiya le regardait faire en frissonnant, ne sachant que penser. La reine des elfes se mit soudain à penser que c'était peut-être le signe qu'elle devait faire un autre héritier. Elle embrassa Léandre en caressant ses cheveux. Il la tira jusqu'à la chambre royale.

Quand à Armand, le fils de Léandre, il s'était enfuit depuis longtemps déjà. Il marchait et explorait les forêts, les lacs, passait au bord d'une falaise. Il y avait une grotte à côté, un lac au bord d'un gouffre immensément mortel. A l'intérieur de ce lac, se trouvait un danger bien plus terrible que cette falaise. La légende disait qu'il s'y trouvait une nymphe des eaux qui enchantait tous les étrangers qui passaient afin de les noyer. Au courant de cette légende, il s'approchait toujours plus dangereusement de la source d'eau. Il voulait en finir. Son père, sa seule famille l'ignorait et l'oubliait depuis le début de sa vie jusqu'à maintenant. Découragé, il poussa un long soupir pour contenir ses larmes. Armand s'avait qu'en même temps, il n'aidait pas beaucoup son père, il se rendait quasiment toujours totalement invisible au moindre prétexte. Il ne voulait pas se fâcher avec son père qu'il savait fragile malgré tous ses efforts pour le cacher. Armand était déjà arrivé tout près du bord du lac, observait les reflets du ciel dans l'eau miroitante. Des bulles de temps en temps remontaient à la surface. Il se penchait toujours plus proche de la surface de l'eau. Armand ne savait pas nager, il se noierait dans cette eau sans fond et pleine d'algues qui tirent les nageurs peu connaisseur du lieu vers le bas. Il vit un visage se profiler dans l'onde claire du lac. Ce n'était pas son propre reflet mais celui d'une femme. Elle était sortie de l'eau, ses cheveux clairs se balançaient au grès du vent qui s'engouffrait dans la falaise. Ses yeux couleur de perle d'huitre dévisageaient le jeune Armand. La nymphe était splendide. Il recula un peu en rougissant car il était vraiment très proche de son visage.

_je ......viens vous voir pour que vous me preniez avec moi... j'aimerais mieux mourir que d'être seul toute ma vie...

_je ne prends pas ceux qui me le demande ... Pourquoi vouloir mourir ? – la jeune nymphe s'assit à flanc de rocher et continuait de le regarder, cette dernière était vraiment fascinée par ce jeune homme. Elle en oubliait sa peur. Armand, lui, était tombé amoureux au premier regard. C'était lui aussi un magnifique jeune homme, ses cheveux blancs et longs ondulaient élégamment comme ceux de son père. Lui par contre, avait les yeux violets comme sa grand-mère. C'était une couleur d'yeux excessivement rare chez les vampires. Les De Cassidy étaient réputés pour cette caractéristique parmi pleins d'autres (ladite famille possède la capacité de transmettre des dons magiques à d'autres, ils ont le gène très rare des yeux violets qui est un symbole de puissance familiale très fort, ils peuvent avoir plusieurs pouvoirs à la fois et en développer s'ils le veulent, leur sang est le plus foncé, presque noir d'où leur nom de famille. Les De Cassidy se font plus ou moins concurrence avec la famille Tenebris, un clan oublié dont il ne reste plus beaucoup de membres notamment à cause de la consanguinité.)

_mon père, ma famille n'est pas assez présente pour moi ... Il s'est remarié avec une reine ... Sans même m'en parler ou quoi que ce soit... - Ce qui l'affligeait le plus c'était qu'il avait l'impression d'être considéré comme un incapable par son propre père. – la jeune femme réfléchissait à ce qu'elle pourrait répondre et tout ce qui lui vint fut ceci :

_peut-être ...que vous installer près de moi vous aiderait à prendre un peu de distance avec tout ça ...

_êtes-vous sûre ? – il avait grandement le sentiment de la gêner et essayait de se contrôler afin de ne pas disparaitre soudainement. – je veux bien... - il jeta un regard interrogateur à la jeune femme. Il n'avait aucune idée de son prénom. Celle-ci pencha la tête sur le côté ne comprenant pas où il voulait en venir. – quel est votre nom ?

_ Mirana .... – la nymphe hésitait toujours car elle n'avait pas beaucoup l'habitude des visites et encore moins celle de se présenter.

_ quant à moi, je me nomme Armand – ce dernier s'approcha doucement d'elle, prit ses mains. – on vous l'a sans doute souvent dit, mais vous êtes magnifique, je suppose aussi que c'est votre intelligence ainsi que votre cœur qui fait en grande partie votre beauté... - Mirana rougit en entendant ce compliment, personne ne lui avait dit qu'elle était intelligente ou gentille. Son cœur battait à l'unisson avec celui d'Armand. Le fils du roi voulu lui laisser du temps avant qu'elle ne fasse un pas vers lui. Alors, il lui demanda où il pouvait s'installer et Mirana lui montra une petite paillasse se situant sur le lac, dans un coin, Armand s'approcha et entra. C'était minuscule mais étonnement très agréable et confortable. Il s'y installa.