Chapitre 37

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Dans le même temps, Léandre et Linfiya reposaient serrés l'un contre l'autre dans la chambre aux tons rosés, naturels de la chambre royale elfique. Ils se tenaient la main et se murmuraient des mots d'amours. Le couple était bien au chaud sous la couette de fourrure bien moelleuse. Dans cette douce volupté, leurs yeux se fermèrent et les amants s'endormirent pour le reste de la journée. Cet amour ne porta pas le fruit attendu, ils se promirent donc de recommencer jusqu'à ce qu'ils réussissent enfin. Un lien commençait doucement à se tisser entre Linfiya et Léandre. La reine devenait le calice de Léandre. Ce qui voulait dire qu'elle deviendra pour toujours liée à lui, vivra la nuit et se transformera au fur et à mesure à son tour en vampire. Ils n'étaient pas au courant. Seulement, cette science du calice et du lien qui unit mortels et vampires était oublié puisque depuis longtemps les buveurs de sang n'étaient plus acceptés. L'équilibre entre jour et nuit, bien et mal avait été depuis longtemps rompuAinsi, les années passèrent, douloureusement mais, assez tendrement, dans la tristesse, la mélancolie d'avoir perdu ce qui faisait la plus grande partie de sa vie. Il ignorait encore tout de son avenir. Léandre était donc souvent visité par ses frères, ceux-ci étaient prompts à le réconforter. Ils riaient ensemble. Peu à peu, il oubliait son chagrin. Cette douleur de vivre ne s'éteindrait bien sûr pas totalement. On découvrit que Sthorm avait profité de la naïveté et de la miséricorde de Léandre envers son père. Il l'aimait tant, était heureux de le revoir enfin. César quant à lui, pouvait enfin profiter des joies d'être père. Pour la première fois de toute son existence, il était presque plus humain que lorsqu'il l'était. Le temps avait fait son œuvre, il avait évolué mentalement, c'était assagit sur certains points. César se trouvait plus doux et tendre avec les autres, presque attachant. Son père voulait vraiment faire amende honorable et mesurait sa chance quand la voix de Léandre tremblait encore en évoquant « sa tendre et chère princesse... ». Comme Sthorm avait fait en sorte d'être hors des lois, il n'avait pas été condamné, on estimait qu'il en allait de la sécurité du royaume des mages. En échange de cette clémence, il jura de ne plus utiliser ses pouvoirs à des fins malhonnêtes. Bien sûr, chacun sait qu'il ne faut pas faire confiance aux mages, surtout qu'ils ont contribué à la diabolisation des autres créatures vivantes se considérants comme étant plus évolués au niveau civilisationnel. Léandre avait aussi demandé à Sthorm de faire revivre Amarantia. Le mage lui rétorqua qu'il verrait bien l'avenir que le destin lui réserve. Léandre trouva ses affirmations vraiment bizarres et farfelues. Il prit Sthorm pour un fou comme bien souvent.

_bon alors, tu joues ? - Ronan le regardait en étant consterné et hochait la tête en remettant ses lunettes rondes. Léandre sourit légèrement. Il était dans ses pensées.

_je repensais... à Sthorm...

_ne t'en fais pas, c'est un fou, tout le monde le sait.

_bon, on t'attend, ça fait au moins dix minutes que t'es complètement dans le vague - Gaston râlait encore et toujours, il était impatient d'abattre la carte qu'il jugeait la plus forte de la main qu'il possédait. Léandre soupirait, c'était toujours pareil, personne ne lui laissait le temps de réfléchir, alors, il posa une carte qu'il avait prise au hasard sur la table. Mozart éclata d'un rire strident. Lily Hanako était aux côtés de Linfiya, elles discutaient. La reine des elfes parlait de Mozart en bien car c'était vraiment « une perle pour un vampire bien qu'intimidant », on aurait dit qu'il cachait beaucoup de secrets sous ses allures fantasques. Cela faisait peu de temps que la garde elfique s'était mise en couple avec son musicien. Léandre avait une nouvelle fois raté son cou. Gaston jouait bien mieux que lui. Ce dernier se révélait d'ailleurs assez doué pour les jeux. Un heureux évènement était en route. C'était une paisible nuit d'octobre. Léandre fêterait aussi bientôt son anniversaire, le 07, donc le lendemain. Il angoissait, c'était toujours un moment très difficile pour lui. Le magistrat qui avait tué la princesse courait dans la nature. Il s'était caché dans la plus haute des montages du Mont Sans Hauteur. L'elfe n'était pas équipé pour les grands froids. En marchant, il tomba sur les elfes du Nord, des montagnes. C'était un peuple peu connu, très superstitieux et peu développés par rapport à ceux du Continent Elfique. Bien vite, les elfes du Nord se mirent tous sur lui et l'égorgèrent de peur que ce soit un ennemi. Dans la chaleur feutrée de son château, Léandre, Mozart, Ronan et Gaston, la petite famille discutait autour d'un feu de cheminée. César se tenait en retrait et lisait, prenait des notes. Les soirées, l'amusement l'ennuyait toujours autant que de son vivant. Il se surpris même à bailler. Ronan se leva lui aussi, s'en était trop pour cet intellectuel qui préférait la compagnie d'un livre sur la théologie. Il sortit et rentra vers chez lui en passant dans les petites ruelles pour ne pas se faire trop remarquer. Comme toujours, il remontait son col roulé et pressait le pas. Léandre avait pourtant proposé de rester pour la soirée. Mais, il avait été agacé par l'incompétence visible dont son petit frère faisait preuve. Il était doué de tellement de capacités ! Ronan était convaincu que chacun renfermait en lui les moyens de réussir et qu'il fallait simplement développer et travailler ses talents. Il y arrivait, alors pourquoi pas les autres ? Puis, Mozart commençait à faire le pitre comme dans le temps... Il avait jeté ses cartes en l'air et ricanait bêtement les deux pieds sur la table, il imitait César et prenait un air faussement impérial.

Léandre le roi des vampires  [  TERMINEE  ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant