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26 décembre

Four Seasons Hotel - Miami

Serena

— ... Finalement ils sont bien ces braqueur, conclu Kyle.

— Tu déconnes mec ? réplique Joey, fouettant rageusement sa sauce.

— Eh mec, intervins-je, et si tu détendais ton string cinq minutes avant de foirer ta sauce ? Chester va te buter.

Il roule des yeux mais se calme néanmoins, avant de repartir à la charge sur le pauvre commis. Kyle n'est pas dans la brigade depuis bien longtemps et il enchaîne les bourdes. Entre la tarte au citron qu'il laisse vraiment tomber par terre, les mains brûlées ou encore les sauces inversées, il commence sérieusement à nous décourager.

— Ce n'est pas parce qu'ils ont fait une bonne action que ce sont des gens bien.

— Bah ? En attendant, il y a des familles entières qui vont avoir un toit au-dessus de leur tête et des centaines d'enfants qui vont recevoir des cadeaux. De mon point de vue, ce sont des gens bien. Après tout, on ne sait pas pourquoi ils ont braqués toutes ces banques...

— C'est clair que terroriser une ville entière et tirer sur des convoyeurs de fond, ça fait d'eux des gens bien... en rajoute Jules, un autre cuisinier.

— Ils n'ont jamais tirer sur personne, intervient Henri, le maître d'hôtel. Juste dans le radiateur du camion.

— Ah ouais ? T'as vu Joey ? Des gens bien j'te dis.

Je réprime un rire avant de taper des mains, histoire qu'ils passent à un autre sujet, voir même qu'ils se concentrent un peu sur leurs boulots. Parce que même si j'apprécie le retournement de situation, aujourd'hui je suis à la tête de la brigade et j'aimerais vraiment que tout se passe...

— Merde !

Je me détourne du fraisier que je décore juste à temps pour voir une bouteille de vin blanc - qui sert à déglacer des oignons - s'éclater sur le sol.

... sans accroc.

Bon. Ça ne sera pas pour aujourd'hui...

Je ferme les yeux un instant alors que Kyle s'excuse encore et encore.

— Putain, mais va chercher de quoi nettoyer tout ce bordel au lieu de parler !

Oups. Romane m'avait dit de ne pas m'énerver. Tant pis, ça sera pour la prochaine fois. Je finalise la décoration du fraisier et attaque le reste des desserts.

Quand vient enfin l'heure de rentrer, j'alpague Kyle qui tente de s'enfuir sans même un regard.

— C'est quoi le problème, Kyle ?

— Je sais pas... je foire tout.

Il bougonne en s'allumant une clope, qu'il stresse pour un rien et qu'il a l'impression d'être bon à rien.

— C'est bon, ça te fait du bien ?

— Euh...

— Je suis pas Romane, moi, donc ça va être simple, dis-je en le bousculant un peu pour le faire réagir. Tu as de quoi devenir un super pâtissier et un excellent chef si tu le souhaites. Sors-toi juste les doigts du cul et ça ira.

— Tu dis ça comme si c'était facile...

Fais chier... j'aime pas trop m'étendre sur ma vie personnelle mais allons-y !

— Kyle, j'étais comme toi à l'époque. Complètement stressée et je foirais beaucoup de chose et regarde aujourd'hui : je suis second du Four Seasons, donc si j'y suis arrivée, tu peux le faire aussi.

Il tire avidement sur sa cigarette, et me regarde attentivement.

Wow... il va faire quoi là ? Parce que s'il me roule une pelle je lui donne un coup de pied/balayette moi !

— Mais comment t'as fait ? Pour ne plus être stressée ? A chaque fois que j'arrive j'ai une espèce de boule d'angoisse là, il indique son sternum.

— Perso, j'envoie tout le monde chier mais c'est pas un super exemple. T'as du talent, Kyle. Ne te laisse pas dépasser par tes émotions et tout ira bien. Et si vraiment tu sens que ça va pas, tu préviens Romane ou moi et tu quittes la cuisine cinq minutes histoire de te remettre. Vu ?

— Vu. Merci, Serena.

— De rien ! Bon, c'est pas le tout mais... j'ai un mec ultra sexy qui doit m'attendre tout nu dans mon lit alors... Ciao !

Je lui adresse un coucou de la main avant de détaler alors qu'il secoue la tête de ma connerie. Mais... ce n'est pas une connerie ! Milo m'a envoyé une photo très très sexy de lui tout nu dans mon lit et il me tarde d'aller le retrouver.

27 décembre

Appartement de Rosie

Léon.

Bande de petits cons... rouspète ma douce. Il y en a qui ne se font pas chier !

Elle attrape sa canne - dont elle ne se sert jamais à part pour amadouer les gens - et tape plusieurs coup au plafond.

— Vous allez baisser la musique nom de nom !

Assis dans le fauteuil, je l'observe un léger sourire aux lèvres. Parfois, je me demande comment j'ai pu tomber amoureux de cette vieille harpie... puis, je me souviens.

J'étais déjà raide dingue d'elle à l'époque où elle et son mari, Georges, m'appelait en cas de besoin pour... faire le ménage disons.

Moi, un tueur à gages réputé, je suis tombé sous le charme de Rosalinda. Qu'est-ce qu'elle était belle à l'époque... là encore, mais dans un autre genre. Le genre vieille peau, dirait Milo.

Déjà plus jeune, elle avait un caractère redoutable. Elle était ce genre de femme fatale, qui n'a pas sa langue dans sa poche mais dont les yeux de biche mettait a terre n'importe qui. Moi le premier.

N'empêche, elle était tellement amoureuse de son Georges, que je pensais qu'elle ne m'avait pas remarqué. Et un jour, alors que j'ai prit une balle comme ce pauvre Robin, elle m'a embrassé.

Un tout petit baiser, très chaste, alors que son mari réglait le compte au connard qui m'avait canardé. Enfin, qui avait surtout visé Rosie.

C'est là, alors que je me jetait devant les balles pour la protéger qu'elle avait comprit. Son regard avait changé. Pourtant, il ne s'était rien passé de plus.

De toutes façons, j'étais déjà au comble du bonheur...

Et nous voilà maintenant, près de quarante ans plus tard, moi assis dans un fauteuil à la regarder râler comme à l'époque.

Je ne regrette en rien ce temps perdu, parce que je sais que je finirais mes jours avec elle. Et ça, c'est tout ce qui compte.

— Qu'est-ce que t'as à me regarder, vieux machin ?!

— Raaah mais tu vas te taire oui ?

Ouais, c'est vraiment tout ce qui compte...

Voilà voilà...

Il doit rester une dizaine de chapitres je crois...

A vendredi ❤️

Demain on se retrouve sur Au Secours ! Il me faut un fiancé pour Noël !

Romane & Les Voleurs de Noël Where stories live. Discover now