2. Robbie [1]

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Samedi 17 décembre 2022

Aujourd'hui, au garage, ça ne parle que de l'explosion et de sa victime.

Entre deux vidanges, lors d'une pause clope pendant laquelle je ne fume pas, mes collègues essaient de démanteler à eux seuls toute l'organisation mafieuse Aquilon et prouver sa culpabilité pour le meurtre de leur membre, Pierre Seradel. L'enquête de police n'en est qu'à ses balbutiements, mais les gars sont persuadés de détenir toutes les réponses.

Certains ont côtoyé la victime en prison, et se souviennent d'un mec sympa et droit dans ses bottes. Un mec sympa qui travaillait pour une bande criminelle, tout de même. Bien sûr, le petit trafiquant de drogue que je suis est très mal placé pour le juger. Il ne méritait probablement pas de mourir ainsi.

J'avoue néanmoins que ça ne m'intéresse pas plus que ça. J'ai bien assez de problèmes...

— Et toi, Robbie, t'en penses quoi ? me demande soudain JB, un grand gaillard aux cheveux crépus. Tu l'as peut-être croisé en prison ? Ou tu le connaissais d'avant ? Ou ton père ?

Je me raidis, comme toujours, à la mention de mon géniteur.

— Je le connaissais pas, et pour mon père je ne saurais te dire. Et je n'ai pas d'avis sur la question, je suppose que les flics feront à peu près leur travail...

Une expression surprise se promène sur le visage de mon collègue, et il a un mouvement de recul. Je le comprends, mon ton sec doit être fort différent de ma gouaille habituelle. Je passe ma main dans mes cheveux bouclés et soupire tandis que JB s'apprête à rétorquer quelque chose.

— Désolé, je le devance avec un geste apaisant. Je suis juste dégoûté que mon contrat s'arrête fin février.

— Eh, moi aussi mon contrat s'arrête bientôt, intervient Brahim, visage rond et crâne rasé. Je devais rester encore neuf mois, mais le boss m'a informé vendredi dernier qu'il n'y avait plus assez de fonds pour tous nous garder. Il m'a dit que j'étais moins performant que d'autres, et que donc je dégageais, et qu'il pouvait quand même m'écrire une lettre de recommandation. J'ai l'impression qu'il m'a bien baratiné.

Mon estomac se contracte un peu à cause de ce sentiment d'injustice qui rôde toujours à la surface : c'est en effet du beau baratin. J'arrête de jouer avec l'une de mes bagues pour poser une main sur l'épaule de mon collègue.

— Ah, désolé, mec, c'est moche. Faut qu'on fasse un tour des garages de la ville pour essayer de trouver autre chose.

—Ok!

Après un changement de bougies sur un Captur et un gros boulot sur une vieille Twingo à qui il ne reste plus longtemps à vivre, je me rends quelques rues plus loin, dans un autre garage. Brahim ne pouvait pas m'accompagner ce soir, car il a ses enfants ce weekend. Je lui ai cependant promis de me renseigner pour lui aussi — si on ne s'entraide pas entre anciens détenus, on ne s'en sortira jamais. Il a trois enfants, en plus ! Au moins, je n'ai personne à charge...

Je prends un instant pour admirer les machines et les outils qui ont tous l'air plus récents et en meilleur état que là où je travaille, puis me présente à Nicolas, un mécanicien d'un certain âge. Je lui explique que je cherche un job car mon contrat de réinsertion chez mon employeur actuel s'arrête plus tôt que prévu. J'ai hésité à omettre de préciser que je suis un repris de justice, néanmoins je n'en vois pas l'intérêt : j'ai appris à mes dépens que la vérité finit toujours par nous rattraper.

Je discute un moment avec le bienveillant Nicolas, qui ne semble pas étonné ou rebuté par ma situation et qui m'assure qu'il transmettra mes coordonnées et ceux de Brahim à son patron dès la semaine prochaine.

Notre entrevue terminée, je me hâte vers ma voiture en serrant mes bras autour de ma veste en cuir pour me protéger du froid antibois assez inhabituel.

Ce soir, j'ai un date avec Vanessa. Enfin, « date » est un bien grand mot dans ce cas précis : elle doit juste passer chez moi après son shift dans le resto où elle travaille. Mon pote Tim me l'a présentée — je crois qu'elle est amie avec sa meuf. Nous nous sommes vus quelques fois, et bien que la jeune brune soit jolie et sexy, nos moments ensemble ne déclenchent pas vraiment d'étincelles. Pas de cœur qui bat plus fort, pas d'estomac qui se comprime à l'idée de la revoir. Juste la promesse d'oublier mes soucis durant une petite heure environ.

Je me lasse déjà de nos étreintes sans âme, sans chaleur. Je cherche plus. J'espère plus.

J'espère une rencontre qui me remuera les tripes et m'échauffera la peau.

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Bonjour à tous, j'espère que cette histoire vous plait. 

Vous avez à présent rencontré mes deux personnages, Viviane et Robbie, et j'imagine que vous avez hâte d'assister à leur rencontre... 

Promis, elle arrive bientôt, mais pas tout de suite... 😅

Merci en tout cas, à très vite,

Marie. 

L'ExplosionWhere stories live. Discover now