22. Désintégration 🔥

13 2 11
                                    


Samedi 25 mars 2023

J'ai insisté pour qu'on aille chez Robbie ce soir.

J'insistais depuis quelques jours : je veux tout connaître de lui, y compris son appartement. Il en a brossé un tableau apocalyptique — je suis sûre qu'il exagère. Il n'y a aucune honte à habiter dans un studio à vingt ans ! Je vivais d'ailleurs dans une chambre étudiante de dix mètres carrés, à son âge. Je me suis évertuée à lui expliquer ceci, il a fini par céder.

Après une balade dans la vieille ville en milieu d'après-midi, nous récupérons sa 106, garée près du port Vauban. Me présenter à sa voiture semble consister en une première épreuve pour lui. Une main derrière la nuque, il essaie d'éviter mes yeux.

— Euh, l'ouverture automatique de la porte passager marche plus, faut que tu attendes que je sois rentré, désolé.

— Pas de souci !

Je l'observe faire le tour du véhicule, les épaules tombantes. Il déverrouille la portière et m'accueille avec un sourire triste. L'intérieur de l'habitacle est propre et bien rangé.

— Hey, Rob, je déclare, une main sur son genou. Je m'en fiche de ta bagnole. Je n'en ai pas et ne conduis presque jamais.

— Ouais, je sais que ça a aucune importance. C'est juste que t'es si belle et si bien habillée, tu mérites un coupé décapotable flamboyant.

— N'importe quoi ! Les décapotables, ça décoiffe de toute façon, c'est l'horreur.

— C'est pas faux.

On rigole, sa gêne de tout à l'heure oubliée.

Après quelques minutes de trajet, nous atteignons notre destination : un quartier résidentiel en dehors du centre-ville d'Antibes. Il me conduit chez lui, au premier étage. La pièce, propre et assez spacieuse, est plutôt bien rangée. Je me demande bêtement s'il a pris le temps d'effectuer un brin de ménage quand il est repassé ici hier après sa journée au garage.

— Voilà, c'est pas grand-chose, désolé, déclare-t-il avec un air gêné, une main dans ses cheveux blonds.

— Non, c'est très bien.

Je parcours des yeux le studio, sans toucher à rien. Peu d'effets personnels, aucune photo, seulement des posters de groupe de rock sur les murs blancs. Je découvre deux chouettes Lego Star Wars sur une commode et une bibliothèque Billy Ikea qui croule sous le poids de livres de science-fiction et de fantasy que j'ai lus et vénérés pour la plupart.

La kitchenette jouxte un lit mezzanine avec un BZ et une table basse disposés en dessous.

— Ouais, euh, faut faire un peu d'acrobaties pour dormir ici. Je te l'avais dit, on est mieux chez toi.

— C'est très bien, Rob, répété-je avec conviction.

— C'est pourri, oui.

Il va probablement s'arracher des touffes de cheveux à l'arrière de la tête s'il continue à tirer dessus ainsi. Je regrette d'avoir insisté : il ne peut masquer sa gêne. Je me rapproche de lui, me coule dans ses bras et essaie d'accrocher son regard d'azur.

— Rob, je le trouve nickel, ton studio. Je suis navrée de t'avoir forcé la main, je voulais juste voir où tu habitais.

— Je sais qu'il y a pire mais j'aimerais t'offrir plus que ça. Tu mérites bien mieux.

— C'est faux, le mérite ne rentre pas en ligne de compte, répliqué-je doucement. Et ce n'est qu'un appartement. Je me fiche de tout ça. Ce qui importe c'est que je suis bien avec toi.

L'ExplosionWhere stories live. Discover now