23. Robbie [9]

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Samedi 1er avril 2023

J'émerge du sommeil au son d'une chanson de Green Day qui me fait office de réveil depuis des années. J'éteins vite mon téléphone et essaie de m'extirper des bras de Viviane sans la sortir du sommeil. Elle se serre encore plus contre moi et grommelle quelque chose d'inintelligible.

— Désolé, Viv, j'espérais ne pas te réveiller, j'aurais dû baisser le volume de l'alarme. 

Je m'excuse avec un bisou sur le front. Elle s'étire et finit par ouvrir les yeux.

— Pas de souci, je n'allais pas faire la grasse mat' alors que tu dois travailler aujourd'hui. Et je valide ton choix de réveil.

Je souris et réprime en même temps un bâillement. Elle caresse mon bras et enfouit sa tête dans mon cou, comme si elle voulait retenir mon odeur.

Elle m'aime.

Elle a prononcé ces fameux trois petits mots samedi dernier, au beau milieu de mon studio tout pourri.

J'ai décidé de la croire.

Bien que mon appart soit à présent associé à ce moment totalement ouf, je préfère tout de même que l'on se voie chez elle. Le jour où elle m'a filé le double de ses clés est aussi à marquer d'une pierre blanche.

Bien que je ne sache vraiment pas ce que j'ai fait pour la mériter, je suis déterminé à en profiter avant que mes démons ne me rattrapent.

Son chat me tire de ma rêverie en réclamant son bonjour.

— Je dois y aller, Viv.

—Ok.

Je soupire et l'embrasse de nouveau sur le front avant de me diriger vers la salle de bains. Quand j'en ressors, habillé avec la chemisette obligatoire, Viviane et une tasse de café fumante m'attendent dans la cuisine.

— Merci, chaton. C'est pratique d'avoir une femme à la maison, et pas seulement pour les activités nocturnes.

Je distingue, amusé, une vague coloration apparaître sur ses joues. Qu'elle se montre si pudique pour en parler alors qu'elle n'a aucune retenue pendant nos ébats me charmera toujours.

— T'es cute, mais c'est chez moi, tout de même, fais attention.

— Ouais, c'est pas faux, admets-je dans un éclat de rire.

Appuyé contre le plan de travail, je l'attire dans mes bras, me lançant ainsi dans un numéro d'équilibriste avec mon mug à la main.

— Bon, prêt pour ce soir ?

Mon ventre se comprime : nous dînons avec sa meilleure amie, son frère et son mec. Je choisis une pirouette comme réponse.

Aw, bébé, tu t'inquiètes pour moi, je suis touché, déclaré-je, une main sur le cœur.

— Tu es si exaspérant, Rob, avec tes mignonnes petites remarques. N'as-tu donc peur de rien ?

Je la fixe sans rien dire pendant une seconde ou deux, la tête penchée d'un côté. Grâce au sourire quasi indiscernable qu'elle arbore, je conclus qu'elle ne me trouve pas si pénible que ça.

Une nouvelle pirouette ou la vérité ?

— Si, j'ai déjà eu peur dans ma vie, Viv, je réponds dans un soupir résigné, à cause de la bêtise des autres et à cause de la mienne, parfois. Mais je suis content de rencontrer ton frère ce soir, c'est ce que je voulais depuis le début.

— Oui, je sais. Je suis contente aussi. Et terrifiée.

Je m'esclaffe et dévore ensuite ses lèvres roses. J'ai envie d'elle — bien sûr — alors que je dois travailler. Dans un grognement et une dernière caresse sur sa joue, je me sépare d'elle.

L'ExplosionWhere stories live. Discover now