32. Robbie [12]

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Samedi 26 août 2023

J'ai eu le SMS de Claire un peu après 9 h ce matin : Viviane a pris le deuxième cachet. Celui qui est censé vraiment tout effacer. Celui qui est censé annihiler ce qui aurait pu être.

Mon sang n'a fait qu'un tour, j'ai attrapé ma veste et j'ai grimpé dans ma voiture pour être avec elle.

Ça fera bientôt quatre heures que j'attends dans mon tacot, en bas de son immeuble.

Elle s'est montrée très claire, elle ne veut pas me voir. Alors, qu'est-ce que je fous là ?

Je me suis mis dans cette situation tout seul, comme un con. Si je l'avais pas quittée, nous aurions traversé cette épreuve ensemble. Ou nous l'aurions gardé. À cette idée, mes entrailles flambent et mes yeux brûlent.

Ne pense pas à ça, abruti.

Elle a raison. C'était la seule décision valable.

Mon téléphone qui sonne interrompt mes atermoiements ridicules. Je sursaute et décroche d'une main tremblante.

— Ouais ?

— Robbie, c'est Claire. Viviane veut que tu viennes.

Mon cœur bat si fort que j'ai peur de ne pas entendre mon interlocutrice.

— Y a quelque chose qui va pas ? Ça se passe mal ?

— Je dirais que ça se passe comme c'est censé se passer, répond-elle d'une voix lasse, mais elle est très triste, elle aimerait que tu sois là. Bien sûr, si tu ne veux pas...

— Bien sûr que je veux ! Putain, Claire, je suis en bas de chez elle depuis ce matin.

Un silence.

— Pourquoi ne suis-je pas surprise ? Je t'ouvre, alors.

Je cours dans les escaliers. Claire m'attend devant la porte, les bras croisés, le regard dur. Haletant, j'esquisse un pas pour entrer ; elle pose une main sur mon torse.

— J'ai accepté de t'appeler car elle était vraiment pas bien et te réclamait, déclare-t-elle d'une voix froide. Si je vois qu'elle est encore plus chamboulée par ta présence, tu dégages.

— Ok, Claire. C'est agréable de se sentir apprécié.

— T'as fait du mal à ma copine, tu t'attendais à quoi ?

Je soupire.

— À rien. Est-ce que je peux la voir maintenant, s'il te plait ?

Elle s'écarte pour me laisser passer sans prononcer un mot de plus. Mon cœur se comprime de quelques millimètres supplémentaires quand je découvre Viviane prostrée sur le canapé, avec ses bras qui enserrent ses jambes pliées contre sa poitrine. Je ne l'ai jamais vue aussi pâle. Les sillons de larmes sur son visage me retournent l'estomac.

Je m'avance et m'assois sur la table basse en face d'elle.

— Viv, je suis là... je dis doucement en posant une main sur sa joue.

— Rob ? s'étonne-t-elle d'une voix ultra-rauque. On vient de t'appeler, non ? Je me suis évanouie sous le coup de la perte de sang ou quoi ?

— Non, j'étais en bas de chez toi depuis tout à l'heure.

Ses yeux paraissent retrouver un peu d'éclat.

— Oh.

— J'osais pas monter... je précise dans un haussement d'épaules.

L'ExplosionWhere stories live. Discover now