Chapitre 3 - T'as peur du vide ?

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Je lui ait vaguement montré les lettres de la main, reniflant rien qu'à l'évocation de la nouvelle. Me voyant si mal en point, il m'a proposé de m'accompagner. Bien trop occupée à me lamenter sur mon sort, je ne me suis pas rendue compte que pendant qu'il me redonnait le sourire en me sortant la moindre ânerie qui lui passait par la tête, il préparait un sale coup. J'aurais dut m'en douter : arrivés à la porte de la volière, il m'a dit qu'il m'attendrait à côté, dans les escaliers. Innocemment, j'ai envoyé les oiseaux, et à mon retour, j'ai à peine eut le temps de comprendre ce qui m'arrivait avant qu'il ne me jette à moitié par dessus la rambarde. C'était visiblement le prix à payer d'un tape amicale. Mais si, vous savez, quant quelqu'un vous fait une blague à laquelle vous rigolez sans assumer et que vous lui tapez gentiment l'épaule en disant un truc du genre "Roh mais t'es con toi". Soit, j'ai été un peu idiote de mon côté : quant on vous demande si vous avez peur du vide alors que vous faites du quidditch, ce n'est pas pour faire joli. J'ai eu la peur de ma vie, franchement. Je ne voyais pas le vide derrière moi, impossible de juger l'angle dans lequel j'étais, et j'avais beau être sportive, je n'étais décidément pas en position de force. Après quelques supplication – qui au passage m'ont fait me sentir très mal – j'ai réussi l'amadouer pour qu'il me laisse descendre.

Bien sur, je ne pouvais pas me laisser faire ainsi. Alors, quelques marches après, ce fut mon tour de le mettre dans cette position, pour l'obliger à me demander d'arrêter. ça l'a fortement surprit. Et j'y suis presque arrivée ! J'ai presque réussi à le faire craquer ! Après avoir tenté de m'amadouer en me séduisant (je suis très sérieuse, il l'a vraiment fait, et j'ai faillit céder, ce qui m'a énervé, il a donc bien faillit y passer parce que je l'ai poussé encore plus fort), il a commencé à perdre ses couleurs, et je ne faiblissait pas. Sauf que je n'avais pas pensé à ses jambes. Et vlam, il me déséquilibre, moi je pense qu'il tombe en arrière, je m'accroche à son col, le ramène contre moi avec un peu trop d'enthousiasme.

Résultat, je tenais son col comme si c'était sa vie et lui, confiant et fier de lui, m'avait repoussé vers le mur. Et, Merlin, ce regard, cette expression vainqueur combinée à une supériorité... rien que d'y repenser, j'ai honte. Il a repoussé ma main, j'ai bafouillé ma défaite, et il est partit. C'était le moment parfait pour me morfondre, une deuxième fois en quelques heures. Mais cette fois, je n'ai pas pleuré. J'ai laisser la colère monter, doucement. Le soleil à son climax entrait par toutes les fenêtres creusées dans les murs et me donnait une migraine horrible. J'étais en colère pour deux raisons : premièrement parce que cette journée n'avait vraiment, mais vraiment rien de bon. J'avais piqué une véritable crise de nerfs, et ce n'était pas mon genre. Bien sur, la mort d'Élias était un bon prétexte, mais tout de même, comme ça, devant tout le monde, ça ne me plaisait pas. Et deuxièmement, car en ce moment, je dérivais complètement. Presque chaque jour, j'étais à la limite de faire découvrir à Malfoy ce que je ne voulais pas qu'il sache et à chaque fois c'était pire. Et encore, je m'étonnais qu'il ne me l'ait toujours pas remarqué. Et croyez moi, j'ai souffert et j'ai été en colère, mais la haine de soi-même est le sentiment qui mêle le mieux les deux.

Quant je suis sortie de la tour qui menait à la volière, je vociférait des insultes à mon égard, et ce n'était pas beau à entendre. Je suis retournée dans ma chambre, mais cette longue marche n'a pas réussi à ma calmer. Au contraire, retourner là-bas m'a rendue encore plus en colère. Alors je me suis dit, puisque je gère plutôt bien le sort de reparo, pourquoi ne pas briser tout ce qu'il y a dans me chambre, en faisant en sorte que personne n'entende. Ça me défoulerait !

Et ça m'a défoulée. J'ai ouvert la fenêtre pour que mon chat puisse sortir. J'ai lancé un assourdiato, et c'était partit. Et voilà que je brise, fracasse, écrase tout ce que j'ai sous la main. Une furie. Je hurle, je crie, je m'époumone contre moi-même. Incapable de me blesser, je torture et tue ce qui m'appartient, et les bois des meubles me supplie, et les flacons pleurent, et je me déchaîne, je sens ma magie portée par la haine détruire tout sur son passage. Et puis, d'un coup, tout s'arrête. Je baisse ma baguette qui vibre presque entre mes main, épuisée comme moi par tant de puissance. Je ne ressemble à rien, et ma chambre ressemble à un lieu bombardé, fusillé, mort. Un coup de baguette, un susurrement, et tout rentre dans l'ordre. Un autre, et mes cheveux retrouvent leur place, bien lisses et sans nœuds, comme toujours. Il ne s'est rien passé. Tout est calme, il n'y a plus un bruit.

Merde, j'avais laissé la fenêtre ouvert. Bah, peu importe, cela veut juste dire que quelqu'un dehors aurait put entendre le bruit, mais personne ne viens de ce côté du lac, surtout en plein hiver. Je m'en approche, et pendant un instant, je pense à la fermer. Mais le vent m'appelle, il me demande de m'appuyer sur le rebords et de le laisser me caresser, me calmer, relaxer mon cœur qui bat si vite que je sens mon sang battre dans tous mes membres. Alors je le fais. Je me met là et le laisse rentrer dans ma chambre, je l'inspire jusqu'à ce qu'il glace mes poumons, tellement que ça en fait presque mal. J'ai un léger frisson, mais le froid n'a jamais été un problème pour moi. Je regarde le vide, la vague, la forêt et les collines au loin. Pendant un instant, tout semble disparaître, l'espace, le temps. Qui, d'ici, pourrait me moi ? Qui, même en se perdant, viendrait se promener sur cette partie des rives du lac ? Personne, il me semble. Mais mes yeux ont finit par redescendre le flanc des montagnes avant de glisser sur l'étendue d'eau ou un forme, bien trop grosse pour être un poisson mais bien trop petite pour être un tentacule du calamar géant faisait des longueurs.

Oui, c'était lui, nageant dans l'eau comme si de rien n'était. Depuis combien de temps, pourquoi, avec un temps pareil, je n'ai pas cherché longtemps car il semblait en avoir assez de prendre son bain et avait décidé de sortir au moment ou je le regardais de mon perchoir. Immédiatement, je me suis cachée derrière le rebord de la fenêtre, avant de me rendre compte que c'était idiot, même si par hasard il remontait dessous de ma fenêtre, il ne pourrait pas me voir.

Perdu ! Dès que je me suis relevée, l'air de rien, je l'ai entendu m'interpeller. J'ai poussé un long soupir avant de me retourner.

-Oui ? Oh, Draco, je ne t'avais pas vu, ais-je dit.

-Tout vas bien ? m'a-t-il demandé.

-Parfaitement, pourquoi ? Mentis-je.

Ah, une erreur, ça ne pardonne jamais. J'ai très vite compris pourquoi il me demandait cela. Je n'avais pas fermé la fenêtre, donc le sort de mutisme ne fonctionnait pas parfaitement : quelqu'un, là ou il se trouvait, pouvait parfaitement entendre le désordre que j'avais mit dans ma chambre. J'étais mal. Il m'a regarder avec cet air qu'on les gens qui savent que vous mentez, je n'ai donc put que répliquer.

-J'ai connu de meilleurs jours.

Il n'a rien dit, moi non plus, mais le silence n'était pas gênant, il était lourd de sens.

-Reste pas dehors, tu vas attraper froid, ais-je innocemment proposé.

-J'arrive.

-Non, attends !

Il aurait bien mit trente minutes pour faire le tour du château et arriver aux dortoirs, et je n'avais pas besoin d'un aussi long temps de stress. Alors, j'ai prit ma baguette et lui ait montré un des nombreux secrets du château : le créateur de nôtre maison était fort prévoyant, à tel point qu'il avait même pensé aux élèves qui voulaient faire l'école buissonnière. Je me suis approchée de la fenêtre et ait suivit les indications finement gravées dans la pierre, tout en récitant à voix haute.

-Je fais deux cercles de ma baguette : le premier pour saluer le soleil qui m'ouvre les portes de la liberté, et un deuxième pour honorer la lune qui couvre les arrières.

Les lianes recouvrant alors le mur extérieur se sont mises à bouger, grandir et former un escalier vert. Il les regarda, dubitatif, avant de se lancer dans l'escalade. En mois de deux minutes, il passait le muret de pierre et j'annulais le sort en fermant la fenêtre. Il était trempé, et, par pur réflexe, je lui ait proposé une serviette pour qu'il puisse au moins sécher ses cheveux, offre qu'il a décliné comme il le fait toujours. À nouveau, un silence, puis il a commencé à parler, me prenant de court.

-Tu n'est pas triste juste pour ton cousin, je me trompe ?

Oubliettes - Mémoire d'une élève oubliée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant