Chapitre 7 - Si seulement je pouvais.

339 20 0
                                    


J'avais bien dit que j'étais conne. Je l'ai donc invité à regagner le lit pour se mettre au fond, adossé au mur. Non, il n'y avait aucun sous entendu. Je lui montre le sort, et une malle glisse d'en dessous de mon lit pour venir se poser délicatement sur le bout de celui-ci. Elle ressemble un peu à ces vieilles et grosses valises de voyage que certains élèves trimbalent à bout de bras quant ils arrivent à l'école après les vacances. Je me souviens, mes parents me l'avaient offerte pour mon entrée au château, mais j'ai très vite découvert le sortilège que j'ai amélioré années après année pour permettre de la cacher des personnes indiscrètes, avant d'en faire ma boîte à secrets. Ma fierté réside dans sa fermeture : c'est un sort très complexe que j'ai eu bien du mal à élaborer, malgré le nombre incalculable de livres qui sont à la disposition des élèves du château. Oh, bien sur, j'aurais tout aussi bien put copier bêtement un sort, mais où est l'intérêt de recopier inlassablement ce que font les autres ? Pour celui-ci, pas de chorégraphie, par de phrase à prononcer. Juste de la confiance. C'est une sorte de sceau qui ne s'ouvre que s'il reconnaît la baguette ou la main d'une personne de confiance. Bon, on y réfléchissant, il aurait suffit à n'importe qui de me piquer ma baguette pour y avoir accès, mais j'en était très fière à l'époque. Et ça m'a donné envie de faire un test.

-Cette malle ne s'ouvre que si elle reconnaît la baguette d'une personne ne qui j'ai confiance, mais je n'ai jamais eut la chance de tester si cela fonctionnait... dis-je au préfet. Tu veux essayer ?

Il acquisse. Il sourit presque. Oui, je dit bien presque, parce que voir Draco Malfoy sourire (à part quant il est fier d'avoir humilié quelqu'un), c'est plus que rare.

-Attends, avant que tu le fasse, je veux que tu me promette que tu n'ira pas, en tant que préfet, toucher un mot de ce qu'il y a là-dedans à un professeur. Non pas que ce soit une arme de destruction massive, mais tout de même, ça pourrait bien me valoir une bonne centaine d'heures de colle.

Il fait oui de la tête. Je lui fait confiance. Il pose sa baguette. On entends le déclic du verrou, puis tout un système de rouages qui s'enclenche avant que le couvercle ne fasse un léger saut avant de s'ouvrir doucement. Bienvenue dans ma caverne d'Ali Baba.

À gauche, il y avait une dizaine de livres encore plus rares que ceux qui étaient dans ma table de chevet, mais aussi plus dangereux : Potions et élixirs des sorcières de Salem, Les loups-garou : appréhender et maîtriser, et d'autres encore. Tous des originaux, bien sur. Ensuite, il y avait ma bouteille de whisky pur feu (on a tous des moments de faiblesse), qu'il prit d'ailleurs en disant « T'es une connaisseuse à ce que je vois. ». Après, un lot de potions à usages divers, religieusement mis en flacons et nommés à la main par mes soins, et encore des photos. Oui, des photos, toujours des photos, mais j'hérite de ma mère un passion pour la conservation de la mémoire, que les souvenirs soient bons ou mauvais d'ailleurs, et j'ai trouvé que les photos étaient la meilleure manière de les sauvegarder. Elles ne concernaient que ma vie à Poudlard, jusqu'à ma quatrième année, et il était sur la plupart d'entre elles.

Il y avait cette fille, Tracey, une sorte de Colin Crivey moins collante, moins chiante, et pas fan de Harry. Ouais, oubliez, ils n'ont rien à voir. Elle a toujours rêvé d'être photographe, c'est d'ailleurs une des seules à savoir que je suis mannequin. Ce fut une de mes premières amies. Elle était toujours avec moi, et dès qu'elle le pouvait, elle sortait son appareil et immortalisait avec précision les moments de joie de l'école. La fois où on a fit une gigantesque bataille de boule de neige entre les serpentards et les serdaigles, et qu'il s'est appliqué à faire ne sorte qu'une dizaine de bleu me sautent dessus, deuxième année. Les révisions intensives avant un examen de potion, troisième année. Mon anniversaire, première année. Le jour où je suis arrivée dans le train avec mon insigne de capitaine, cinquième année. Et tant d'autres qui regarde, une par une, plongé dans les souvenirs auxquels il appartient. Et ensuite, l'album.

Tracey avait dit que l'année dernière serait mon année. Il faut dire que ça partait bien : j'étais à la tête de l'équipe quidditch et les BUSE se présentaient mieux que jamais. Elle a alors décidé de consacrer un album photo à moi, cette année là, et de me l'offrir à la fin de l'année. Ça aurait put très bien se passer. Mais les choses ont fait que j'ai finit par découvrir quelque chose qui m'a blessée. Je prit l'ouvrage peu de temps avant qu'il n'ait finit de regarder les photos. Il m'a regardée.

-Tu connais probablement Tracey, elle est dans notre classe et elle veut devenir photographe. Elle s'était mise en tête de relater ma cinquième année dans ce livre, dis-je avec un rire nerveux. C'est fou à quel point j'entasse les photos... Et je crois que ce sont les seules sur lesquelles je ne m'attends pas à être prise.

Il prit l'ouvrage. Commence à regarder. On m'y voyait volant sur un balais à tout vitesse, ou en cours de potion, concentrée, dans le parc, au bord du lac, parlant avec passion, un soir de pleine lune activée autour d'une boule de cristal, les cheveux attachés et décoiffés pendant que je révisais, ou encore trempée et pleine de boue, mais souriante, une coupe de quidditch à la main et un balais de l'autre, fière et heureuse, et les photos variaient toutes. Sous chacune d'entre elles il y avait une date et un commentaire. Mais il y en avait une sans date ni commentaire. Une ou l'on me voyait, seule visiblement, assise sur mon lit, en tailleur, le dos droit, regardant par la fenêtre, le visage fermé et tracé d'une froide tristesse, immobile à part quelques larmes. Je me raidit à la vue de cette photo. J'aurais trèèèèès bien put ne pas lui donner, mais non, cas-y, expose ta tristesse ! Putain, c'était bien la dernière chose dont j'avais besoin à ce moment là.

-C'est quoi, ça ?

Nan nan, vous ne rêvez pas, c'est bien moi qu'il a désigné. Je m'étais empêtrée dans une merde incroyable. ET comme j'en avait marre d'aligner mensonge sur mensonge, j'ai dit :

-C'est... C'est la nuit ou j'ai réalisé à quel point j'avais besoin de mon cousin pour réussir à me sortir de la situation de merde dans laquelle je suis.

Cette nuit là, je l'avait passées avec Tracey. Nous étions fatiguées mais aucune de nous ne voulait dormir. C'est la nuit ou mon amie a eut besoin de réconfort car elle se sentait mal. Oui, elle se sentait mal car elle regrettait ce qu'elle avait fait il y a longtemps... Cette nuit ou elle était tombée dans les bras de Malfoy. Je n'ai rien dit, je l'ai laissée me raconter le tout sans oublier les moindres détails et se ronger de remords, je l'ai réconfortée et écouter, je l'ai consolée, je lui ait dit que tout cela n'était que du passé et quant elle est partie et que j'ai crut être seule, j'ai laissé son chagrin sortir. Mais elles est revenue car elle voulait encore me dire autre chose, et je ne l'ai pas entendue entrouvrir la porte et me voir ainsi assise sur mon li. Depuis ce jour là, nous ne nous sommes jamais vraiment reparlé. J'ai prétexté un raison autre que celle que ce à quoi Tracey pensait pour ses pleurs, et celle-ci m'avait crue, mais depuis ce jour là, il n'y eut plus un mot entre nous-deux. Elle me manquait tellement, mais je ne pouvais pas al regarder en face. Elle m'avait trahi, et ce n'était même pas sa faute, elle ne l'avait même pas fait exprès. Elle ne pouvait pas savoir, et elle ne devait pas savoir.

-Oh, d'accord.

Il y eut un silence. Il regarda encore la photo, avant de fermer le livre. C'est alors que la douleur est revenue. Vous savez, quant vous ressentez des sentiments très forts, il y a toujours une partie de votre corps qui en est touchée. Hé bien pour moi, c'est le ventre, et quant je suis stressée ou pas bien, ça me fait mal. J'y porte ma main en lâchant un juron. J'allais craquer.

J'ai craqué. J'ai commencé à pleurer. J'étais très faible. J'ai tout largué, j'ai simplement pas put me retenir. J'aurais dut attendre de le voir revenir à la normale, souriant, comme avant, pour pouvoir lui montrer ça. Attendre de voir s'il changeait, s'il s'ouvrait. Mais je ne l'ai pas fait.

-Je suis désolée Draco, si seulement tu savais à quel point j'aimerais pouvoir tout t'expliquer. Je m'en veux tellement de devoir te cacher des choses.. C'est juste que... C'est trop compliqué et ça me tuerait si jamais tu le prenais mal ou quoi que ce soit.

Il m'a regardé, et n'a rien dit. J'ai prit mon courage et mon journal. J'étais résolue.

-Eh, Alice ? Tu es sure que tu ne veux pas essayer de m'expliquer ?

Non Draco, non je ne veux pas, pas plus que je ne le peux. Mais si la parole est impuissante, l'écriture ne l'est pas forcément. J'ai levé le sort. Malgré les sortilèges, mon instinct de protection m'a dictée de ne pas lâcher un seul nom dans mon journal. C'est lui, elle, la blonde, le balafré, des surnoms comme ça, à part le mien, aucun nom n'est donné. Oh, bien sur, ça ne suffirait probablement pas, mais j'ai tout de même essayé.

Oubliettes - Mémoire d'une élève oubliée.Where stories live. Discover now