Chapitre 27 - Oubliettes.

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 Aujourd'hui est une journée normale. En fait, c'est plutôt calme pour une journée de fin d'août. Le genre de journée où je travaille à fond pour essayer de ne pas repenser au passé, ou essayer de m'auto-convaincre que j'ai fait le bon choix. Après quelques années, quand tout s'est calmé en Angleterre et bien après la fin de mes études, j'ai décidé d'y retourner. Ma formation de faiseuse de baguette était complète, j'avais beau ne pas avoir confectionné de baguette qui se soit vendue, j'avais presque une réputation. Mais la pays pluvieux me manquait. Je savait qu'Ollivander avait reprit son poste, mais je me souvenais que déjà, quand j'avais eut 11 ans, il avait déjà l'air très vieux. Et, parmi tous ceux qui le harcelèrent pour devenir son apprenti, il me choisit moi. Il mourut peu de temps après m'avoir apprit tout ce qu'il savait, et, en son honneur, j'ai décidé de ne pas changer le nom de la boutique. Tout au long de l'année, c'est moi qui confectionne les baguettes qui équipent les meilleurs sorciers, et je n'en ait qu'une fierté mesurée : je ne fais rien d'autre que mon travail. Il m'arrive parfois de recroiser des anciens camarades, bien que ce soit rare. Ils semblent toujours très heureux de me revoir, ils me pensaient tous morte ou disparue de l'autre côté de l'Europe, et très franchement, ça m'arrange. J'ai fuit comme une lâche tous mes amis, j'en garde une honte certaine. Aucun n'a cependant mentionné Draco. Mais aucun ne m'a jamais non plus demandé si j'avais quelqu'un dans ma vie. Ça veut probablement dire quelque chose, mais j'ai fait une croix sur tout ça.

Août, donc. Le moment où les jeunes sorciers viennent acheter leurs premières baguettes. Ils sont tous si heureux, je l'étais aussi, à leur âge. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui allait m'arriver par la suite. Mais aujourd'hui, c'est assez calme, et, par la fenêtre de mon atelier, au fond de la boutique, les dernière lueurs du soir illuminent les copeaux de bois, les boîtes en désordre et quelques fioles opaques avec mon écriture sur les étiquettes. J'aime beaucoup la tranquillité de ce lieu. Moi qui ait tant aimé l'agitation dans ma jeunesse, moi qui aimait l'attention, me voilà la plus heureuse du monde, reclus dans mon coin. Je ne me plains pas, nombreux sont ceux qui n'ont pas cette chance. Au loin, j'entends un tintement. Quelqu'un est entré. J'annonce que j'arrive, essayant de faire rentrer les crins de licorne dans la baguette d'aubépine. Cette baguette, je la choie plus qu'un autre. Elle est faite de la même composition que celle de Draco, s'il l'a toujours. Une baguette à laquelle j'apporte beaucoup d'attention, peut-être un peu trop.

Je décide donc de prendre une pause bien méritée pour m'occuper du nouvel arrivé. Un futur élève, sans aucun doute. Il est blond, plutôt grand pour un enfant de son âge, ni gros ni mince, l'air penaud et peu sur de lui. Je me penche au dessus du comptoir en lui faisant un grand sourire.

-Bonjour, et bien venue chez Ollivander's. À qui ais-je l'honneur ?

-Je m'appelle Scorpius, répondit-il.

-On aime pas dire son nom, à ce que je vois ? Pas de soucis. Que puis-je pour toi, Scorpius.

-Je voudrais un baguette, je vais bientôt faire ma rentrée à Poudlard.

-Ah, Poudlard, une deuxième maison pour quiconque y a déjà posé des pieds ! Laisse moi prendre des mesures, et nous ferrons quelques tests pour voir quelle baguette va te choisir.

Sans qu'il n'ajoute quoi que ce soit, je sors mon mètre magique, prends sa taille et la dimension de sa main puis sélectionne quelques baguettes, le laissant ainsi ravager ma boutique, comme d'habitude, avant de sélectionner une baguette à la forme rigolote que j'aime beaucoup, bien qu'elle n'ait rien de drôle. Un bois calme et fidèle et un cœur fort et protecteur, une baguette qui pourrait amener au désespoir un sorcier qui ait peur de trop aimer, mais qui, de quelqu'un prêt à tout donner pour les autres, ferait un grand sorcier. Il se trouve qu'elle lui convient parfaitement, et le sourire du jeune sorcier est terriblement communicatif, il semblait ne pas avoir ressurgit depuis longtemps. Je lui passe donc la boite, il paye, puis je me retourne pour remettre en place quelques étagères qui avaient un peu souffert. La cloche de l'entrée retentit une fois de plus, mais pour m'annoncer que quelqu'un d'autre rentre.

-Père, regardez ! S'écrie Scorpius. Regardez la baguette qui m'a choisie ! Elle est magnifique, n'est-ce pas ?

-Scorpius, sors d'ici, je te rejoindrais.

Cette voix.

-Père ?

-Ne pose pas de questions, je te rejoindrais dans 5 minutes.

Scorpius part. Cette voix. Non, ça ne peut être lui. Pas après toutes ces années. Merlin, mon cœur est devenu fou, j'ai des sueurs froides et les genoux qui tremblent, heureusement que le comptoir le camoufle. Il m'a vue, c'est sur, mais ça ne peut pas être lui. Il a un enfant ? Il s'est donc marié ? Voilà pourquoi personne ne m'en parlait ! Mais est-ce vraiment lui.

-Alice ? C'est toi ?

C'est lui. Je n'ai aucun doute. Cette voix au naturel si strict quand il s'adresse à son fils, mais ce léger tremblement quand il s'agit de moi, de ses sentiments, c'est lui. Qu'est-ce que je fais ? Je ne peux pas faire comme si j'étais sourde ! Impossible de me maquiller ou de disparaître. Il faut... Il faut que je me retourne... ? Je n'arrive pas à croire que je fais ça. Doucement, je bouge mes pieds, mes yeux grands ouvert, je tremble, Morgane je tremble comme si c'était la mort que je m'apprêtais à voir !

Il est là. C'est lui. C'est vraiment lui. Après toutes ces années, il a tant changé ! Il à l'air si fatigué. Mais son visage change, pourquoi a-t-il l'air si soulagé ? Si... Heureux ? Ais-je fait quelque chose ou est-il simplement heureux de me revoir ? Il à l'air si surpris et si content en même temps...

-Après toutes ces années... Tu étais là ? C'est... Incroyable. Je.... Il s'est passé tellement de choses.

Malgré mon apparence, il m'a reconnue, et de dos en plus, c'est bien lui. Mais qu'est-ce que je suis censée faire ? Il ne parlait pas autant avant !

-Je... Alice, je suis si heureux de te revoir. Tu m'as tant maqué. Après la guerre, j'ai voulu venir te chercher, mais tu étais en Pologne, et on m'a fait croire que tu y avais fait une nouvelle vie... Alors... Tu te souviens d'Astoria Greengrass ? Elle est tombée amoureuse de moi et... Je l'ai épousée, elle insistait tant. Mais je ne t'ai jamais oubliée. Et tu es là !

Oh non. Non, il ne peut pas me dire ça. Non, je ne peux pas l'entendre. Je met ma main sur ma baguette. Pourquoi je fais ça ? Il me fait peur. Je l'aime tellement, et il m'aime toujours aussi ? Mais il est marié, et sa femme est encore vivante, il a une bague au doigt et ne porte pas de signe de deuil ! Il a un fils ! Je... Je ne peux pas être la cause de tout ça ! Mais il ne m'écoutera pas ! Je le connais, il voudra à tout prix tout laisser tomber et revenir avec moi, c'est comme ça qu'il agit quand il est désespéré, il abandonne tout pour tout refaire, et je ne peux laisser sa femme et son fils souffrir de la sorte !

-Alice, je t'aime, tu es tout ce que je cherchais... Pour toi, je suis prêt à les abandonner. Je veux revenir avec toi, comme avant, je...

Le geste part tout seul. Je ne contrôle plus rien, c'est comme un réflexe, la panique prends le dessus. Je sors ma baguette, la pointe sur son visage, et un mot sort de ma bouche.

-Oubliettes.

Le sort part. Ses yeux se floutent un instant. Je cache ma baguette dans mon dos et tente de ne pas avoir un air coupable. Il cligne des yeux, reprends ses esprits, sa froideur, son aigreur, se retourne vers la porte, lâche un au revoir, et disparaît avec les derniers rayons de soleil.

Fin de la saison 1 d'Oubliettes

Oubliettes - Mémoire d'une élève oubliée.Where stories live. Discover now