Chapitre 18 - Un bal qui restera dans les mémoires.

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 Le temps passa plus vite que prévu, et nous étions déjà le soir du bal avant que je n'ait le temps de me préparer psychologiquement. J'avais dit à mes amies de partir en avance, premièrement parce qu'arriver la dernière me ferait une entrée en grandes pompes, mais aussi parce qu'à ce moment là j'aurais tout donné pour avoir un retourneur de temps. C'était bientôt l'heure. Je me suis regardée dans la grande glace de ma chambre. Je voulais me souvenir de chaque détails. De mes cheveux sombres, soigneusement bouclés, tout à l'inverse de l'habitude, attachés en demi-queue par un ruban blanc, mon maquillage léger qui faisait ressortir mon teint de porcelaine et mes yeux gris. Ma robe blanche, avec dentelle et voilure, qui plutôt qu'à une mariée me faisait ressembler à une fée. Mes mitaines lacées que remontaient jusqu'à mes coudes, faisant ressortir mon corps fin. À la manière dont ma taille était accentuée par un corset que ma mère avait tenu à ce que je le porte. J'ai mémorisé tout. Je voulais rester là pendant encore longtemps. Mais l'heure tournait. Il attendait, et il ne fallait pas le faire attendre, il n'aimait pas ça. Je devais y aller. J'étais la dernière encore dans le dortoir. Je sortis par la salle commune et arpentas les couloirs seule, dans le silence, comme le fantôme bien vivant d'une ancienne dame dans la fleur de l'âge. J'étais tellement blanche que j'en étais presque lumineuse. Les derniers couples se taisaient à mon approche. J'ai gravit les marches. Je l'ai vu au loin, devant les portes, mais il fallut que je fende la foule murmurante qui s'écartait sans même que j'ai à le demander pour pouvoir arriver jusqu'à lui.

Il était magnifique. Resplendissant, comme d'habitude. La vision que j'avais eut prit un sens. Il portait un costume taillé à la perfection, mettait sa finesse et sa taille en valeur. À son col, un nœud papillon ébène comme mes cheveux. Il était vêtu de noir, moi de blanc. Nous nous sommes regardés, détaillés l'un l'autre, en silence. Ses cheveux semblaient encore mieux coiffés que d'habitude, si cela était cependant possible. Il était terriblement beau, il n'y a pas d'autres mots. Il fut le premier à se ressaisir, à racler sa gorge et à venir à moi, esquissant ce sourire narquois qui lui allait si bien.

-J'ai faillit attendre, dit-il avec humour.

-Tu m'excuseras, je ne pouvais me présenter dans une tenue qui n'aurait pas convenue.

-Bien sur que non.

Il avait l'air heureux, et ça n'avait pas de prix.

-Si mylady veut bien, dit-il en tendant son bras, on nous appelle pour ouvrir le bal.

-Mais ce serait avec plaisir, répondis-je en le prenant.

C'était magnifique, incroyable, ça explosait en moi, c'était merveilleux, magique, fantastique. J'étais à son bras et c'était pour moi la plus belles de toutes les sensations. Nous priment la tête du cortège et avancèrent vers la piste de danse. On nous regardait, on nous applaudissait, c'était génial. Les gens nous regardaient, nous admiraient, et nous jalousaient un peu aussi, mais peu m'importait. J'étais là, avec lui, et le reste ne comptait plus. Nous nous sommes positionnés et il à planté son regard dans le mien, en silence. Il y eut une fraction de seconde d'hésitation, puis il mit sa main sur ma taille. J'ai retenu un sursaut. Sentir sa main sur moi, c'était à la fois terrifiant et en même temps le plus grand rêve de ma vie. Car vous le découvrirez très vite, mais le contact avec les hommes est pour moi quelque chose de très difficile à vivre. Un petit regard vers l'orchestre, je reconnais le violoniste, un ami. Je retourne à mon cavalier. Je met ma main sur son épaule sure. Nous lions nos mains libres, sans mots, et doucement, commençons la valse.

Ce qui va suivre va très probablement vous paraître comme étant l'acte le plus égoïste, ego-centré, hautain et orgueilleux qu'un être sur terre ait jamais connu. Veuillez cependant m'en excuser, car je ne sauris décrire autrement cette scène. Tous les regards, ou presque, étaient pointés sur nous. Les gens retenaient leurs souffles. Il se mouvait avec le grâce féline qu'il est certainement le seul à avoir et à savoir manier, brillant par son élégance. Cependant, l'air qu'il affichait constamment, celui qui vous force à baisser les yeux quand vous le croisez, n'était plus. Il était devenu lui-même. Un garçon, non, un homme dont les cicatrices invisibles d'un passé lourd et d'un présent ainsi qu'un avenir chargé de lourdes responsabilités mènerait vers un destin qui serait probablement tragique. Un homme conscient de cela, qui avait apprit à vivre de sacrifice et de douleur, et qui n'attendait que de trouver une épaule bienveillante pour y verser ses larmes, tout en craignant de se tuer un peu plus en s'ouvrant ainsi à l'autre. À cet instant, je n'espérais plus pouvoir faire quoi que ce soit pour qu'il me choisisse, j'étais sur le point de comprendre que cela ne servait à rien d'essayer.

Les gens n'avait de cesse de parler de nous alors que d'autres couples s'ajoutaient, on nous admirait. J'avais, de par mon éducation, prit de nombreux cours de danse de couple, il était alors normal que nos deux techniques combinées attirent toute l'attention. Et, pour la première fois (il fallait croire que c'était le soir des premières fois), Draco sembla s'en soucier, alors que le violoniste entamait son solo.

-Hé bien, dit-il, tout le monde nous regarde.

-En effet, confirmais-je, je pense qu'on les épates un peu.

-Il faut dire, il y a de quoi, reprit-il en faisant un sourire narquois. Comme toujours, nous somme le centre de l'attention.

-Est-ce une raison suffisante pour que nous voulions arrêter de danser, ajoutais-je, en entamant un pas de danse qui surprit l'assemblée.

C'est là l'avantage d'être amie avec les musiciens : ils sont pleins de surprise, alors quand ils en préparent une, on le sait à l'avance, aussi je savais quelle technique effectuer avec lui, ce qui me valut un clin d'œil complice. Virent ensuite quelques portées, qui ne manquèrent pas de me faire rougir (avoir les mains de Draco sur mes hanches m'avait toujours fait rêvé, et en même temps fait terriblement peur). À la fin, il me fit une demande qui me surprit.

-Tu veux faire une deuxième danse ?

-Euh, dis-je, hésitante, oui, pourquoi pas ?

Nous enchaînâmes ainsi. Il semblait surprit par ma réponse, mais je ne dansait pas tous les jours avec lui, alors si gentiment demander, je n'allais pas me faire prier. Il dansait terriblement bien, mais peu. C'est souvent comme cela avec lui : il parade, il parade, mais jamais très longtemps, il sait le faire dans la bonne mesure. J'en ait déduis qu'il ne faisait pas cela pour faire le beau, ou en tout cas pas que. Il n'avait pas cet air de fierté, ou du moins pas de la même manière. Il était fier, oui, mais pas fier de sa performance, non, fier de nous, fier de ce moment, fier de lui, heureux presque. Il n'avait plus l'air arrogant, bien au contraire, il semblait faire partie de ces gens que l'on envie sans vraiment savoir pourquoi. Et à cet instant, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était, au fond, un peu grâce à moi qu'il allait si bien, qu'il était aussi souriant, car oui, il souriait. Que c'était un peu grâce à moi qu'il était heureux, qu'il passait un bon moment, que j'arrivais à lui faire oublier pendant une danse les choses qui le tracassaient, lui faire vivre le présent, avec moi, rien que nous.

Une fois la danse finie, nous nous sommes retrouvés un peu bêtes. Aucun de nous ne voulait ni n'osait proposer de continuer. Je devais êtres plus rouge que de raison, et il passait sa main nerveusement dans ses cheveux.

-Je... commençais-je, je vais aller faire le tour des tables, histoire de surveiller un peu les gens...

-Très bien ! Dit-il avec un enthousiasme qui me parut suspect. Je vais aller vérifier les boissons, avec Pansy dans le coin, on est jamais trop surs.

Ah, si j'avais su. Je serais restée avec lui, ça nous aurait sauvé de tellement de problèmes. Mais non, que voulez-vous, quand vous avez le destin contre vous... Je suis donc partie innocemment, faire le job qu'on m'avait nouvellement remis. Les gens me souriaient, étaient calmes et heureux, on me faisait des compliments que je rendais, tout allait pour le mieux ! Je ne voyais pas comment ni pourquoi ça irait mal. Ce serait oublier l'élément perturbateur par excellence, et je ne pense pas avoir besoin de la nommer.

J'ai entendu la foule commencer à gronder. Le plafond s'est fait plus sombre et il a commencé à neiger. Les gens se réunissaient en cercle autour de quelqu'un et des voix commencèrent à s'élever d'un peu partout. J'ai commencé à m'inquiéter, et, faisant mon bon devoir, j'ai décidé d'aller jeter un coup d'œil. Pourtant, c'était Draco qui gérait le bar, je ne voyais pas pourquoi il y aurait eut un problème qu'il n'aurait pas réussi à gérer. Jusqu'à ce que j'entende sa voix s'élever alors que je fendais la foule.

-Parkinson ! Qu'as-tu mit dans ces foutues bouteilles ?!

Oubliettes - Mémoire d'une élève oubliée.Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon