Chapitre 18 : Colin

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Je vous préviens, je ne suis pas vraiment d'humeur à écrire dans ce stupide carnet.
Et j'ai une très bonne excuse. Je suis blessé, j'ai récemment été sauvagement attaqué. J'ai un plâtres au bras gauche ( dommage que je ne sois pas gaucher n'est-ce pas ? ), et la partie gauche de mon visage, qui n'était vraiment pas belle à voir, commence à peine à cicatriser. Heureusement que je suis bourré d'antidouleurs. Dommage que la prescription s'arrête aujourd'hui, je vais recommencer à souffrir.
Enfin, le point positif de cette douleur, c'est que les médecins m'avaient interdit d'aller au lycée. Donc le proviseur n'a pas pu me renvoyer pour une semaine comme les autres qui m'ont agressé, puisque je n'étais déjà pas là. Ça n'entachera donc pas mon dossier scolaire presque parfait.
C'est l'argument qui a empêché mon père, cet avocat dans l'âme, de porter plainte contre le lycée. Heureusement pour moi, parce que connaissant mon père, il serait allé jusqu'au tribunal, et j'aurais dû témoigner... Oui, je l'ai échappé belle.

Et donc, après cette semaine de repos forcé (si on m'avait laissé le choix, j'aurais choisi une autre semaine, j'ai raté une conférence qui avait l'air super intéressante en cours d'économie, et la dissection d'un œil de bœuf en biologie), je vais devoir y retourner demain, lundi. Je vais sûrement avoir du mal à rattraper tous les cours que j'ai loupé, ça va être extrêmement pénible, je le sens.
Et puis je vais devoir recroiser les furies qui m'ont agressé. Je voulais juste les séparer pour éviter que leur stupide bagarre ne dégénère, mais de toute évidence, elle a dégénérée, et c'est moi qui me suis tout prit. Au moins, une des filles, Karly il me semble, a eu la décence de venir s'excuser que, je cite : "tu te sois fais embarquer dans cette bagarre stupide, et que tu te sois pris le plus gros des coups donnés". Je lui ai pardonné, enfin seulement à elle. Elle avait l'air gentille, et mignonne, et puis, elle était désespérée, donc bon...
Par contre avec cette Ashley c'est mort. Elle a failli m'arracher l'œil, et à complètement détruit mes lunettes, en plus de mon visage. En plus, elle n'est même pas venue s'excuser, tout comme ce crétin de Chris.
Enfin c'est pas vraiment important, je ne leur avait jamais adressé la parole avant, et je ne le ferai plus jamais.

Enfin bref, passons...

Puisque je suis resté chez moi cette semaine, je n'ai pas grand chose à raconter. J'ai beaucoup lu, je commence à être calé en physique quantique d'ailleurs. C'est vraiment super intéressant ! J'ai aussi beaucoup lu sur l'infiniment grand et l'infiniment petit, je vois le monde différemment maintenant. Mais j'imagine que ça ne vous intéresse pas le moins du monde, n'est-ce pas ? Vous préférez connaître les petits secrets de tout le monde, plutôt que de comprendre l'univers. Vous manquez d'ambition.
Après tout, ce ne sont que de simples futilités, ce que vous prétendez savoir à notre sujet. Dans quelques années, plus personne ne se souviendra de rien. Tout cela ne sera qu'un vague souvenir de nos année lycée. De simples anecdotes sans intérêt.
Cela en devient presque pathétique non ?

Mais j'imagine que cela ne vous intéresse pas. Vous vivez dans l'instant présent, vous ne voyez pas plus loin. Tout ce qui vous importe, c'est cette illusion de pouvoir que procure cet insignifiant carnet.
Je comprends votre point de vue. Vraiment, c'est ce que je ressens parfois, le besoin d'être quelqu'un, de faire quelque chose d'important. De laisser une trace.
Mais souvenez-vous : tout ceci n'est qu'un amas d'atomes, d'ions et de molécules.

Alors, peut importe ce que vous ferez, cela ne comptera jamais vraiment.

En espérant que vous comprendrez ce que j'essaye de vous expliquer (même si j'ai des doutes, moi même j'ai parfois du mal à comprendre).

_Colin Spingleman, Dimanche 18 Octobre 2015_

Ps : À l'évidence, vous n'avez pas compris, vu le message que je viens de recevoir.
« Puisque quoi que je fasse, ça n'aura pas d'importance pour toi Colin, tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je détruise tout ce à quoi tu tiens ! 😉 ».
C'est plutôt désespérant...











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