Chapitre 62 : Aaron

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Cool, le carnet... Vraiment génial.

Mais pour le coup j'ai quand même un truc à raconter. Miracle. Ça doit te soulager, ça veut dire que je ne t'insulterai pas (enfin disons pas trop, si je ne te traite pas au moins une fois de connard, tu vas croire que je ne suis pas Aaron Walker). Et je ne me plaindrai pas. Quoique, peut-être un peu si. Juste pour te faire plaisir.

Mais bref. Depuis qu'Avril m'a hurlé à la figure qu'elle avait un cancer, j'ai plus eu de nouvelles. J'ai essayé de l'appeler plusieurs fois et j'ai dû lui envoyer une cinquantaine de messages (et oui Jase, peut-être que c'est bien toi finalement, le plus grand connard). Mais comme elle ne répondait pas, j'en ai conclus qu'elle voulait être seule. En même temps ça se comprend, je pense que j'aurais réagi pareil à sa place.

Mais ça va faire une semaine, on est samedi et on s'est disputé dimanche après-midi.
Et aujourd'hui, quelqu'un a sonné chez moi. C'est Juliet qui a été ouvrir, et en temps que petite sœur insupportable qui se respecte, elle s'est exclamée très fort « Encore une fille ? Tu sais te crois pas exceptionnelle, elles défilent dans la chambre d'Aaron. Tu dois être la troisième de la journée. C'est pas trop dur à encaisser ? Peut-être que tu réalises pas encore, mais 'Ron est un vrai connard avec les filles, pour lui c'est comme des mouchoirs sales après s'être branlé. J'imagine que t'as compris l'image, il fait pas des trucs hyper catholique avec elles. Genre du sexe. Beaucoup de sexe. C'est très pénible quand je dois réviser d'ailleurs, mais le pire c'est quand j'invite des amies. Mais après si t'es un peu une pute et que c'est ton délire, c'est la chambre à droite en haut des escaliers. Tu trouveras vite, ça pu. »

Il y a eu un petit silence gêné (évidemment il est inutile de préciser que Juliet est (beaucoup) trop influencée par les séries qu'elle regarde, et comme elle a beaucoup d'imagination pour me faire chier, ça donne ça). Et là, c'est Avril qui a répondu : « Heu Juliet ? C'est moi, Avril. Tu m'as déjà fait le coup trois fois tu sais... » Juliet ne s'est pas démontée « Ah oui. Mais j'ai pas la mémoire des visages, j'en vois tellement... »

À ce moment-là j'ai décidé que le massacre avait assez duré, et je suis descendu. Juliet est partie en rigolant comme une fouine, et je suis sortie avec Avril. Elle s'est assise sur le muret de notre jardin, et a commencé :

— Alors ?

— J'imagine que même si tu les as ignorés, tu as lu mes messages. Et j'étais sincère, je suis vraiment désolé.

— Désolé de t'être conduit comme un connard tout du long, de m'avoir caché les messages de l'Inconnu ou de m'avoir poussé à bout alors que tu savais pertinemment mon secret ?

— Et bien... Les trois j'imagine.

— Tu imagines. Wow, t'es vraiment doué pour t'excuser, Aaron Walker.

Je me suis allumé une clope et j'ai attendu la suite. Pour le coup, j'étais pas assez con pour l'énerver à nouveau. On dirait pas comme ça, mais elle est plutôt impressionnante quand elle est vraiment énervée.

— Mais je ne suis pas venue pour ça.

— Ah oui ?

— Oui, et je pense que tu sais très bien pourquoi je suis là.

— À part pour qu'on se réconcilie, je vois pas...

— Qu'on se réconcilie ? T'as fumé quoi à part ta cigarette ?

— Quoi, c'est si inimaginable que ça ? Je me suis excusé pas mal de fois, et je suis sincère, je suis désolé. Et j'aimerais vraiment que les choses redeviennent comme avant entre nous.

— Ça ne risque pas pourtant.

— Je sais que t'as une leucémie, et que c'est vraiment grave, que tu peux en mourir. Mais ça ne nous empêche pas d'être ensemble, je veux dire, si ça fait six mois que tu le sais, ça t'as pas dérangé tant que ça de sortir avec moi malgré tout. C'est pas obligé de tout changer entre nous.

— T'as vraiment rien compris Aaron. On ne se remettra pas ensemble, jamais. Mais tu sais quoi, on n'aura même pas à vraiment casser. Parce que je vais rentrer en France.

— Quoi ?

— On a pas les moyens de payer les soins ici, je ne m'appelle pas Hannah Whitehall et je n'ai pas un caveau secret rempli de tableaux de maîtres. Tu sais combien ça coûte une chimio ici ? Même avec une assurance ? Et tu sais combien il m'en faudrait pour avoir une chance de survie ? C'est impossible. Alors je vais aller chez mon père, et comme j'ai la double nationalité, je me ferais soigner en France. C'est plutôt cool tu sais, ils ont la sécurité sociale là-bas, ça permet de ne pas finir totalement ruiner si on veut se soigner. Et ils ont aussi de bons médecins, alors ça ira. Et puis c'est quand j'étais chez mon père cet été quand on m'a diagnostiquée, alors comme ça j'irai dans le même hôpital.

— Mais... Tu peux pas partir comme ça...

— Oh que si. Il n'y a plus rien qui me retient, à part Emie je n'ai plus d'amis, et comme il s'est avéré que tu étais un connard, je serais très contente de m'éloigner de toi. Et puis rien qu'avec l'Inconnu et son carnet, ça m'en délivre complètement. Il ne pourra plus rien me faire, et il pourra dire n'importe quoi sur moi, ça n'aura plus aucune importance.

J'ai plus rien répondu après ça, j'étais sonné. J'avais fini par intégrer le cancer, mais là, elle partait. En France.

— Mais ce n'est toujours pas ça que je voulais te dire.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il pourrait avoir d'autre ? C'est toi l'inconnu, c'est ça ?

— Quoi ? Non, jamais de la vie ! Crois-moi, si j'étais l'Inconnu, jamais je ne serais sorti avec toi. Parce que devines quoi ? Tu n'es pas le seul à qui l'Inconnu envoie des petites infos par messages.

— Quelles petites infos, de quoi tu parles ?

— Un peu de bon sens Aaron. C'est plus la peine de me prendre pour une conne, je sais. Finalement ce n'est pas Colin le plus gros hypocrite d'entre nous, c'est toi ! J'arrive pas à croire que tu m'aies dit, droit dans les yeux, que t'avais pas de vrai secret, que c'était juste des conneries que t'avais faites ! À moins que tu considères ça comme une petite connerie comme les autres ? Moi pas en tout cas. Et je ne pourrais plus jamais te voir comme avant maintenant...

Et elle est partie. Cette fois elle n'a pas pleuré, même si j'ai bien vu qu'elle se retenait. Moi pas, c'est pas vraiment mon genre de pleurer pour une fille. Parce que je veux bien faire un peu d'efforts (avec les messages et tout), mais faut pas pousser non plus.

En même temps c'est vrai, j'ai été con, complètement con. Si tu m'avais envoyé le secret d'Avril, c'est évident que t'allais lui envoyer le mien... Et maintenant je suis mort. Je suis presque sûr qu'elle va le dire aux autres, vu comment elle est énervée contre moi. Et quelqu'un le répétera à d'autres gens et je serai fichu.

Mais bon, je ne vais pas non plus me griller d'avance, je ne l'écrirai pas ici, moi (pas comme Hannah, d'ailleurs quelle horreur des jumelles, deux mini Hannah en plus !). D'ailleurs même si tu m'avais ordonné de le faire, je ne l'aurais pas fait. De toute façon je finis toujours par arrêter de t'obéir (je suis vraiment incorrigible, c'est fou n'est-ce pas ?). Alors c'est pas la peine que je fasse semblant pendant une semaine. De toute façon tu ne me croirais pas.

Eh mais... En parlant de croire, ça vient de me faire penser à un truc... Un truc plutôt génial... à propos de toi !
Je sais ce que je vais faire. Je vais envoyer un message à chacun d'entre nous, pour qu'on se retrouve, hm, disons dans la maison hantée. Et là, je vérifierai ma théorie...





Aaron Walker, samedi 6 février 2016













***

Ne me frappez pas pour Aaron et Avril haha !

Et sinon je sais qu'il y a l'Obama Care aux US,
que Trump a échoué à le faire supprimer, mais de toute façon à l'époque,
Obama était encore président.
MAIS, il fallait que Avril parte,
et comme ça ça fait un peu la promo de la France
au lieu de dire "les USA c'est tellement génial omg !!!"
Ça ne peut pas faire de mal haha !

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