Chapitre 6 : Jessica

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Quelle était la probabilité qu'un des athlètes les plus en vue des ces jeux, vienne m'adresser la parole, mis à part pour me demander le sel à la cafétéria ? Réponse : proche de zéro.
Quelles étaient les chances que cela arrive alors que je vivais un des moments les plus humiliants de ma vie, depuis que Jimmy Williams avait soulevé ma jupe en cours de récréation lorsque j'avais 10 ans ? Je vous le demande.

Et maintenant, je me retrouve dans l'appartement du fameux nageur aux 16 médailles, couverte des régurgitations d'une gymnaste bulgare qui n'a pas supporté son incartade alcoolique. Je ne comprends pas trop pourquoi il tient absolument à m'aider, surtout qu'il ne me connaît pas. Je suis furieuse contre Shirley qui m'a livrée comme un joli colis à mon sauveur improvisé.
Bon, je reconnais à sa décharge que je lui ai demandé de rester à la soirée et d'en profiter.

— La salle de bains est dans le couloir de gauche, m'apprend mon hôte. Je vais te trouver de quoi te changer, et une serviette pour que tu puisses prendre une douche. Les produits sont dans le placard au-dessus du lavabo.
— Ne t'embête pas, je vais aller chez moi me doucher, je suis dans l'immeuble d'à côté après tout.
— Hors de question que tu traverses le village dans cet état.
Son ton ne laisse pas place à la discussion. En temps normal, j'aurais envoyé balader n'importe quel homme me donnant des ordres. Mais il faut croire que mon cerveau a subi quelques courts-circuits et je reste donc sans voix.
Il s'éclipse quelques instants dans ce qui est, je suppose, sa chambre, et en ressort plus tard avec un t-shirt, un short et une serviette de toilette.
— Tiens, j'espère que cela ne sera pas trop grand, me dit-il en me tendant la pile de vêtements.
Je chuchote un merci et pars m'enfermer dans la salle de bains.
Sans attendre, je fais couler l'eau de la douche. Je me déshabille, heureuse de pouvoir me débarrasser de mes vêtements souillés, et je les mets dans le lavabo pour les rincer. La vapeur commence à envahir la petite pièce, et je rentre donc dans la cabine de douche. Les jets brûlants me débarrassent peu à peu de cette odeur âcre qui semblait s'être infiltrée jusque sous ma peau. Je lave également mon humiliation, et un sentiment de bien-être m'atteint doucement. Celui-ci est renforcé lorsque j'ouvre le gel douche d'Aaron. L'odeur masculine et suave qui s'en échappe me rappelle l'instant où il s'est effacé devant moi, quelques minutes auparavant, pour me laisser entrer chez lui.

Une fois correctement douchée, j'enfile le t-shirt qu'il m'a prêté. Celui-ci me tombe mi-cuisse, alors qu'il doit mouler parfaitement son torse. Le short me pose plus de problèmes. J'ai beau tirer à fond sur le cordon qui en resserre la taille, je flotte dedans. Je jette un coup d'œil dans la glace et ce que j'y vois me fait presque peur. On dirait une gamine s'étant déguisée avec les vêtements de son père. Mais je n'ai pas vraiment le choix, alors je sors de la salle de bains.


Sur la ligne : une romance olympiqueOnde histórias criam vida. Descubra agora