Chapitre 8 : Jessica

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Je soupire bruyamment. Je ne sais pas ce qui m'a pris de lui avouer cela. Je réalise tout à coup que je n'ai pas pensé à Dean depuis que je suis ici. Ni à lui ni à ma découverte d'il y a quelques jours.

— J'ai découvert que mon petit ami me trompait.

Aaron fronce les sourcils. Cette déclaration n'a pas l'air de l'enchanter.

— Nous étions ensemble depuis plus de deux ans, ajouté-je trouvant un certain intérêt à mes doigts que je triture nerveusement.

— Comment l'as-tu découvert ?

— De la façon la plus directe : je l'ai surpris avec elle alors que je venais chez lui pour lui faire une surprise.

Le visage d'Aaron est fermé. Un muscle tressaute dans sa mâchoire. Ce que je lui raconte ne lui plait évidemment pas.

— Le pire, c'est qu'apparemment ce n'était pas leur coup d'essai.

— Mais alors pourquoi dis-tu que tu es toujours « plus ou moins » avec lui ? Ce connard ne t'a pas démontré par ses actes qu'il n'est pas à la hauteur ?

— En fait, je ne lui ai pas parlé depuis ce jour-là, je suppose que pour être officiellement séparés il faudrait qu'on en discute. Je les ai surpris, je suis partie en courant, et depuis il n'a cessé de me harceler au téléphone ou en se pointant chez moi. Je n'ai jamais répondu à ses appels, ni ouvert la porte. Et avec les jeux qui approchaient, je préférais me concentrer sur mes courses. Je suppose qu'il faudra que je m'en occupe à mon retour.

Je ne sais pas pourquoi je lui raconte tout cela. Après tout, je le connais depuis moins de deux heures. Mais je me sens en confiance avec lui. En fait, lui en parler m'ôte un poids j'ai l'impression.

— Tu n'as pas à aller lui parler. Ce connard a perdu le droit de t'adresser la parole au moment où il a laissé une autre descendre sa braguette. Je ne le connais pas, mais c'est forcément un enfoiré doublé d'un abrutit.

— Tu as peut-être raison, dis-je songeuse. Tu n'aurais pas de petite sœur par hasard ? demandé-je sur un ton beaucoup plus léger.

— Oui pourquoi ?

— Ta réaction ressemble beaucoup à celle que pourrait avoir un grand frère.

— Crois-moi, la dernière chose dont j'ai envie est de te considérer comme ma petite sœur, répond-il en me faisant un clin d'œil.

Je me sens rougir jusqu'à la pointe de mes oreilles. Je suppose qu'il me dit cela simplement pour que je me sente mieux, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'effectivement je préfèrerai qu'il ne me considère pas comme sa petite sœur.

— Tu n'as pas de grand frère, je suppose ? demande-t-il ?

— Non, comment le sais-tu ?

— Car tout grand frère normalement constitué se serait chargé de rectifier le portrait à cet immonde salaud, et se serait assuré qu'il ne puisse pas t'approcher à moins de 200 mètres, je suppose.

Je ris à cette idée, et Aaron me décroche un sourire tout à fait charmeur. Je découvre qu'il a des fossettes, et ce petit détail le rend encore plus craquant à mes yeux. Ce seul sourire efface la contrariété provoquée par cette conversation que nous venons d'avoir et nous enchaînons sur le sujet de la famille. Il me pose des questions sur mes parents et je le fais rire avec les anecdotes sur ma mère et son sens de l'organisation bien à elle. Je découvre ensuite qu'il est l'avant dernier d'une fratrie dont il est le seul garçon : quatre sœurs rien que pour lui. À la fois une bénédiction et une malédiction d'après lui.

Les minutes puis les heures défilent, mais je ne vois pas le temps passer. Je suis captivée par ses yeux verts si expressifs. Il me fait rire, et j'oublie grâce à lui les enjeux qui m'attendent dans ces prochains jours, aussi bien que la débâcle de ma vie privée.

Tout à coup la porte d'entrée s'ouvre en grand, et celui qui accompagnait Aaron à la fête fait son entrée. Tom, je suppose. Si la carrure d'Aaron est impressionnante, celle de Tom l'est encore plus. Il est taillé comme un colosse. Et il semble passablement éméché.

Il se laisse tomber lourdement dans le canapé, et s'apercevant de notre présence m'adresse un sourire jusqu'aux oreilles.

— Salut toi, dit-il en tentant de se relever sans succès. Si j'avais su qu'une jolie fille était à l'appartement, je serais rentré plus tôt.

Aaron se tourne vers lui, et apparemment ils ont un échange silencieux puisque le sourire de Tom disparait soudainement.

— Je vais vous laisser, il se fait tard, annoncé-je en me levant de mon tabouret.

— Je vais te raccompagner, dit Aaron en se redressant à son tour.

— Ce n'est pas très loin, tu n'as pas besoin de venir avec moi.

Aaron me regarde un petit sourire au coin des lèvres.

— Si tu crois que je vais te laisser rentrer seule jusqu'à ton appartement tu te trompes au plus haut point. D'autant plus que si cela vient jusqu'aux oreilles de mes sœurs, je suis un homme mort, ajoute-t-il en me faisant un autre de ses clins d'œil qu'il semble affectionner.

Sur la ligne : une romance olympiqueWhere stories live. Discover now