Chapitre 17 : Jessica

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Dans les séries télévisées, les ascenseurs sont toujours des lieux propices à des rencontres improbables, des scènes surréalistes. 

Personnellement, jusqu'il y a quelques minutes, la chose la plus excitante qui m'était arrivée dans un ascenseur, c'était de discuter météo avec Madame Fletcher, ma voisine. Son arthrite est très fiable pour prévenir d'un jour de pluie. Bon, lorsque l'on vit en Angleterre après tout, ils sont assez nombreux.

Cependant, tout à l'heure la proximité d'Aaron dans l'ascenseur m'a chamboulée comme jamais. La pulpe de ses doigts caressant ma main m'a rendu folle. Ce simple contact m'a transformée en guimauve et j'ai du me contenir pour ne pas lui sauter au cou.
Je suis persuadée d'ailleurs, que si la cage de métal ne s'était pas ouverte, je n'aurais pas tenu beaucoup plus longtemps.

Je dois avoir un mauvais karma, car comment peut-on passer d'un tel état de félicité à une situation horriblement gênante et embarrassante en quelques minutes ?
La dernière personne que je m'attendais à croiser à Rio se trouve là, sur le pas de ma porte. Je prononce alors la première question qui me vient à l'esprit en le voyant :

- Dean qu'est ce que tu fais là ?

Ses yeux lancent des éclairs, mais ils sont surtout dirigés vers Aaron. Il n'a pas manqué de noter que celui-ci me tenait par la main il y a encore quelques secondes, avant que je ne le lâche dans un sursaut de culpabilité.

Les deux hommes se toisent, l'atmosphère est électrique alors qu'aucune parole n'a été prononcée. Dean n'a pas répondu à ma question et Aaron a les mâchoires tellement serrées qu'on pourrait penser que ses dents vont se briser.

- Est ce que l'on peut parler, seuls ?  demande Dean.
Il a insisté sur ce dernier mot.
Aaron répond avant que je n'ai pu le faire :
- Certainement pas.

Je suis étonnée et un peu irritée par sa réponse, je l'avoue. De quel droit décide-t-il à ma place ?

Je lui lance un regard interrogateur.
Il m'indique avec le plus grand sérieux :
- Hors de question que je te laisse seule avec ce connard.
J'apprécie qu'il veuille me protéger, mais une fois de plus Dean me précède avant que je n'ai pu émettre un son :
- De quel droit donne tu des ordres à ma copine ?
- Ta copine ? ricane Aaron. Je crois que tu as perdu le droit de l'appeler comme ça au moment même où tu t'es approché d'une autre.

En parlant ils se sont rapprochés et ne sont plus séparés que par quelques centimètres. Au combat de qui aura la carrure la plus imposante Aaron gagne largement. Dean n'est pas une demi portion mais le nageur est beaucoup plus musclé et intimidant que lui. 

Je sens que la situation ne va pas tarder à dégénérer, et que si je ne fais rien, cela ne va pas être beau à voir. Je m'interpose entre les deux, ma main sur le torse d'Aaron pour le faire légèrement reculer. Je réalise à cet instant que c'est la première fois que je le touche de cette façon, pourtant j'aurais aimé que ce soit dans d'autres circonstances.

- Aaron s'il te plait, l'imploré-je.

Il me toise d'un regard froid qui me fait tressaillir. Ce n'est pas le Aaron que j'ai l'habitude de voir. Cette lueur chaude et pétillante que j'apprécie tant a totalement disparue.

- Si c'est ce que tu veux, répond-il d'un ton monocorde en pivotant sur ses talons.

J'ai à peine le temps de réaliser qu'il est en train de prendre la fuite que déjà, il est au bout du couloir. Je voudrais lui courir après, lui expliquer que je dois parler avec Dean pour mettre un point définitif à notre histoire, afin de pouvoir commencer quelque chose avec lui. Lui avouer que j'ai follement envie de me perdre dans ses bras à lui, de goûter à ses lèvres, à sa peau. Mais avant même que j'ai pu effectuer le premier pas, Dean me retient par le bras.

- Fais nous entrer dans ton appartement, il faut qu'on parle.

Je hoche la tête complètement hébétée et fais tourner la clé dans la serrure.

Sur la ligne : une romance olympiqueWhere stories live. Discover now